Notre futur proche, notre présent : la terre va de mal en pis, les réseaux sociaux conditionnent de plus en plus les masses. Focalisée sur les désastres écologiques en cours, une enfant nommée Adame, sur un équivalent de « Tik Tok », se taille un succès planétaire. Sorte de Greta Thunberg d’un futur très proche, elle emporte l’adhésion et pourrait bien réveiller les consciences. Et changer la donne. Et changer l’avenir de l’humanité. Mais elle disparaît, enlevée. La police se trouve rapidement en difficulté. Trouver une piste se révèle presque impossible : Adame gênait trop de monde pour que l’on puisse identifier un seul suspect. La police échoue, lamentablement.
C’est dans ce contexte qu’Armelle Argentier, employée du gouvernement, va tour à tour solliciter l’aide de cinq jeunes mutants. Car, dans ce monde de demain, il y a aussi de véritables mutants qui pour la plupart font la fortune de leurs parents, eux aussi, tout comme Adame, sur les réseaux sociaux ou dans les émissions télévisées – monstres consentants d’une foire devenue planétaire. Leur mission : reprendre l’enquête dès le départ, retrouver Adame. Leurs pouvoirs – le lecteur en conviendra – ne semblent guère les destiner à réussir. Il y a Judith, qui voit les morts (merci M. Night Shyamalan et son fameux long métrage « Sixième sens ») alors qu’il n’y a pas de morts. Il y a Quincy, capable de déplacer les objets à distance, capacité dont on voit mal ce qu’elle pourrait apporter à l’enquête. Roman et Yohan, les jumeaux télépathes. Et enfin Wael, qui parfois voit l’avenir.
L’astuce du roman est donc de combiner ces dons de manière à en faire les outils permettant d’avancer dans l’enquête, ce qui ne semblait pas gagné au départ. Mais il faut d’abord réussir à créer une équipe, ce qui n’est pas gagné non plus tant les adolescents sont différents et peu attirés par la collaboration. Les épreuves et péripéties tour à tour les éloigneront et les rapprocheront – et finiront par les rapprocher d’Adame. On a donc une sorte de « Club des Cinq » remis au goût du jour, dans un monde moderne, technologique, et agrémenté de pouvoirs paranormaux.
Brossés à grands traits, les caractères sont sans surprises – les ados sont vraiment des ados et les méchants sont vraiment des méchants – mais finissent par se nuancer dans la dernière partie. On trouvera dans ce « Psi » une bribe de réflexion sur les réseaux sociaux, une autre sur l’état de la planète, une autre encore sur les manipulations des multinationales qui pourront peut-être éveiller ses plus jeunes lecteurs, ainsi que sur le fossé des générations qui ne se creuse parfois plus comme auparavant en termes de décennies, mais en l’espace de quelques années, avec des références de plus en plus éphémères qui deviennent rapidement incompréhensibles (dans ce registre, une note de confusion puisque Grichka Bogdanoff est faussement nommé Grinchka, à moins qu’un jeu de mots ne nous ait échappé). Mais le propos du roman n’est pas de faire dans le constat culturel, politique ou social : il est formaté pour accumuler les péripéties et les retournements de situation, avec quelques surprises attendues et d’autres qui le sont moins. Rythmé mais au final assez linéaire, plus visuel que littéraire, ce « Psi » ressemble avant tout à un film ou à un feuilleton – de type efficace et sans prétention.
Quarante-six chapitres courts, narration au présent, écriture simple, purement fonctionnelle, lexique basique, beaucoup de dialogues, très peu de descriptions : « Psi » est beaucoup plus un roman destiné aux enfants et adolescents qu’un thriller pour adultes. S’il n’est pas publié ouvertement sous un label jeunesse (on le trouve référencé en Hugo Roman, sans plus de précisions), le texte d’accompagnement sur le site des éditions Hugo, la quatrième de couverture et l’illustration ci-contre, au-dessous de laquelle nous faisons figurer une des couvertures provisoires, ne laissaient pas planer grand doute sur le type de lectorat ciblé.
Titre : Psi
Auteur : Corbeyran
Couverture : Brahim Azizi
Éditeur : Hugo Publishing
Collection : Hugo Thriller
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 284
Format (en cm) :14 x 21
Dépôt légal : septembre 2023
ISBN : 9782755671346
Prix : 19.95 €
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