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Crow
Roy Braverman
Hugo et Cie, collection Hugo Thrillers, thriller, 351 pages, mars 2019, 19,95€

Un nouvel auteur, mais pas tout à fait un inconnu. Roy Braverman n’est en effet autre que le fameux Ian Manook, auteur de la trilogie « Yeruldegger » et de « Mato Grosso ». Après l’Asie Centrale, après le Brésil, c’est à l’Amérique du Nord que s’est attaqué l’auteur sous ce nouveau pseudonyme avec « Hunter », puis avec « Crow ». Bienvenue dans l’Amérique sauvage, très sauvage, avec ses grands espaces et ses fous furieux.



« Le shérif leur fait signe de la main, se lève à nouveau et, d’un pas un peu plus rapide que la première fois, retourne aux toilettes vomir le reste de sa quiche et toute la bile de son foie révulsé.  »

Une jeune fille en robe de mariée retrouvée éventrée, entre les griffes d’un ours, c’est possible. Que ce soit l’ours qui lui ait glissé un corbeau mort dans les entrailles, voilà qui est déjà moins vraisemblable. Et ce n’est certainement pas l’ours qui a crucifié un homme à l’arbalète contre un sapin non loin de là. Un double crime qui rappelle ceux de Crow, un serial-killer resté introuvable après avoir échappé à la police lors d’un fiasco sanglant. Mais des éléments ne collent pas. Crow lui-même ou plutôt un imitateur, un de ces « copycats » à peine moins dangereux que leurs modèles ? Dans les Brook Mountains, dans l’état D’Alaska, la chasse est lancée.

« Les mômes adorent. Et ils peuvent signer leur exploit en trempant la main dans le sang des crotales pour laisser leur empreinte et leur nom sur le mur. C’est génial. »

Un chasseur de primes qui remonte du Montana aux trousses d’une victime d’un casse sanglant qui pourrait bien en être l’instigatrice. Un individu prêt à tout, y compris au crime, pour retrouver Crow. Des planques en forêt. Des bêtes sauvages, ours, loups, orignaux, bœufs musqués, qui semblent vous guetter derrière chaque tronc d’arbre. Des endroits isolés que seul peut desservir une minuscule compagnie aérienne répondant au nom bien trouvé de Jefferson Airplanes. Quelques centaines de milliers de dollars en balade pour pimenter le tout. Les dés sont jetés, le bal peut commencer.

« – Ca ne déclenche aucune connexion neuronale dans vos synapses ?
– Aucune quoi ?
– Dans nos quoi ?
 »

Si « Crow  » séduit, c’est par ses péripéties et par ses retournements de situation, mais aussi par ses personnages. On passera rapidement sur l’inévitable couple homo et le non moins inévitable couplet anti-homophobes, le tout inséré sans subtilité excessive, pour s’arrêter plus longuement sur les femmes, plus finement louées à travers toute une série de femmes fortes : les flics Malkovitch et Delesteros, Sally la ranger, et même l’épouse de Jefferson « Airplanes », qui n’hésite pas à sortir la pétoire face à des clients indélicats. Car les indélicats, dans ces régions sauvages, ne manquent pas vraiment, depuis les flics particulièrement bornés jusqu’aux chasseurs rednecks complètement dégénérés façon « Délivrance  » (John Boorman, 1972). Mais un peu de subtilité ne fait pas de mal : mention spéciale au chasseur de primes arménien, âgé, chétif, élégant, presque british, littéralement increvable, qui parle de lui à la troisième personne et a bien plus d’un tour dans son sac.

Si Roy Braverman utilise les codes américains du genre, s’il use ici et là des clichés – les scènes de flics s’affrontant entre eux apparaissent un peu caricaturales et répétitives, avec toutefois des dialogues savoureux – il s’attache néanmoins, tout comme dans « Hunter », à souligner ici et là la manière dont l’Amérique fabrique ses criminels : faire porter le chapeau de ses échecs à des lampistes n’est pas toujours une bonne idée, condamner de manière expéditive des innocents non plus. À travers ce roman, l’auteur dresse donc le tableau d’une Amérique bien souvent capable du pire, d’une société qui, bien plus que d’endiguer une violence endémique, la secrète et l’entretient. Empruntant au polar, au thriller et au récit d’aventures, « Crow  » apparaît aussi, avec sa belle idée de captivité libre et de rédemption dans les grands espaces, avec les destins dramatiques et immérités de certains de ses protagonistes, comme un roman plus ample et plus tragique qu’un simple récit de genre. On attend donc le meilleur pour « Freeman  », troisième volume à venir de cette trilogie américaine


Titre : Crow
Auteur : Roy Braverman
Couverture : R. Pépin / Stephan Carroll / Arcangel
Éditeur : Hugo et Cie
Collection : Hugo Thrillers
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 364
Format (en cm) : 14 x 21
Dépôt légal : mars 2019
ISBN : 9782755640380
Prix : 19,95 €


Les thrillers Hugo et Cie sur la Yozone :
- « Hunter » de Roy Braverman
- « Les Sages de Sion » de Hervé Gagnon
- « La Terre promise » de Hervé Gagnon
- « Âmes soeurs » de John Marrs
- « Le Tricycle rouge » de Vincent Hauuy



Hilaire Alrune
25 mars 2019


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