Sophie Marsault, star adorée des Français, interprète légendaire de La Bombe (la réalité n’est pas loin, nous sommes donc dans un monde à peine parallèle, et l’avertissement en début de volume “ Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages et les situations décrits dans ce livre sont purement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnages ou des évènement existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence ” est bien évidemment à prendre avec humour) est retrouvée égorgée à son domicile. Comme elle avait pour projet d’adapter les « Versets sataniques » de Salman Rushdie en comédie musicale, la piste islamique est toute trouvée. Mais, dans le monde vu par Lionel Abbo et Yohan Perez, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. Et puis, il y a les girafes.
« Parmi elles, un objet l’attirait comme un aimant : la boîte de Pandore. Noire. Mystérieuse. Fermée. Trente ans plus tard, elle vient de l’ouvrir. »
La commandante divisionnaire Victoire Miller, qui a déjà eu son lot de malheurs, hérite de l’affaire. On lui adjoint un jeune inspecteur du nom de Gabriel Goldman, juif orthodoxe quelque peu atypique qui va chercher des indices dans des éléments parfaitement extérieurs à l’enquête, par exemple les textes du Talmud, et semble plus attiré par les raisonnements façon numérologie ou interprétation des lettres de l’alphabet que par la véritable science criminelle. Le secret de l’instruction n’est hélas pas maintenu très longtemps : rapidement, les éléments sur le meurtre fuitent, la France entière s’empare de l’affaire, l’échelon politique exige des résultats. Mais, en attendant, il se trouve que d’autres crimes similaires peuvent être rattachés à l’affaire.
« Le monde est divisé en deux : il y a les inconnus qui font la queue dans les lieux publics et les anonymes dont le nom figure sur des listes secrètes. »
On trouve donc dans cette « Affaire Sophie M. » bien des clichés du polar, bien des éléments mille fois vus. Une flic cabossée par la vie, un jeune inspecteur qui semble trop naïf et inexpérimenté pour être autre chose qu’un boulet mais se révélera déterminant dans l’enquête, une scène d’autopsie, un légiste sarcastique, la pression venant des hautes sphères, ou encore la fausse piste trop évidente. Sans compter le serial-killer qui s’obstine à laisser toujours les mêmes indices cryptiques, manie bien compréhensible des tueurs en série (du moins ceux de la fiction) sans laquelle la dynamique du jeu de piste ne pourrait ni démarrer ni jouer à plein.
S’il marche donc sur des sentiers battus, ce petit roman destiné à un large public – la couverture, judicieusement choisie, s’éloigne fortement des codes du polar – prend vite la tangente pour s’éloigner des schémas trop classiques et promène le lecteur sur des chemins de traverse. Un cuisinier mafieux spécialiste de la joue de girafe qui meurt d’une fléchette empoisonnée, un macaque faisant un selfie, une entreprise de fabrication de « Sophie la Girafe », fameux jouet vendu à des millions d’exemplaires, des sociétés de protection animale, des meurtres dans divers pays, l’histoire de la première girafe que la France ait jamais connue, offerte à Charles X en 1827, et de la girafomania qui dans la foulée s’empara du pays, l’étrange employée d’un bureau des objets trouvés qui donne des noms de tueurs en série à ses girafes miniatures, l’artiste réelle Yayoi Kusama, qui vit dans un hôpital psychiatrique au sein duquel, rassurée par le rythme millimétré de ses journées et y disposant d’un atelier, elle a volontairement choisi d’être internée, telles sont quelques-unes des surprises réservées au lecteur dans cette enquête plus dense qu’il n’y paraît.
« – Le chef de l’État aimerait que le meurtrier soit retrouvé avant les obsèques de Sophie Marsault.
– Pourquoi, il compte l’inviter ? »
Style simple, chapitres courts, dialogues affûtés, narration au présent, formatage tout juste au-dessus de deux cents pages, tout est fait pour une lecture sans peine. Idéal pour l’été, pour un trajet en train ou une paire d’heures de cuisson sur le sable chaud. Plaisant et vite lu. Vite oublié ? Pas si sûr, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que les polars à base de girafes ne courent pas les rues. Ensuite parce qu’il reste un mystère parallèle et non résolu, celui d’un tatouage mystérieusement apparu sur l’omoplate de l’inspecteur Gabriel, nouvelle histoire dont le lecteur voudrait bien connaître le fin mot. Pour cela, il faudra attendre la rentrée de septembre et la parution du second opus de Lionel Abbo et Johan Perez, « Une marque indélébile », avec les mêmes personnages (du moins ceux qui ne se sont pas encore fait trucider), et – espérons-le – le même humour et la même fantaisie.
Titre : L’Affaire Sophie M.
Auteur : Lionel Abbo et Yohan Perez
Éditeur : Hugo Publishing
Collection : Hugo Roman
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 229
Format (en cm) : 15 x 22
Dépôt légal : juin 2023
ISBN : 9782755669763
Prix : 19,95 €
Les Thrillers Hugo sur la Yozone :
« Le Premier fils » par Roy Braverman
« Hunter » de Roy Braverman
« Crow » de Roy Braverman
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« Manhattan Sunset » de Roy Braverman
« Pasakukoo » de Roy Braverman
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« Le dossier iO » par Roy Braverman (sous le pseudonyme de Hugo Tosi)
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« Sanctuaire, tome 2 : Nova Ecclesia » par Hervé Gagnon
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