La fin de ce bref aperçu évoque immanquablement le film « Ocean’s Eleven » par son côté arnaque et l’équipe dont les membres sont cherchés à droite à gauche. Le roman commence par un premier coup de Belisarius permettant de découvrir le personnage, avant de comprendre toute sa complexité au fil du récit.
Faire passer une flotte de guerre composée de 12 vaisseaux à la propulsion révolutionnaire par un trou de ver dont le passage lui est refusé et un paiement à la hauteur de l’enjeu, voilà qui ne peut qu’éveiller son intérêt et le pousser à se surpasser, surtout qu’il va de surprise en surprise avec cette étrange flotte. Un généticien, deux hommes ayant été modifiés selon d’autres critères que lui (pressions écrasantes, petites tailles, adoration béate...), une experte en explosifs, son ancien mentor prêt à se sacrifier, une Intelligence Artificielle et Cassandra, une autre Homo quantus, celle que Belisarius a quitté la mort dans l’âme et qui va affronter le vrai monde, hors de la Mansarde, l’enclave protégée de son espèce, autant de pièces entrant dans son vaste plan qu’il est le seul à connaître dans sa globalité.
Même le lecteur ne peut suivre son cheminement, tenant compte de nombreux paramètres sans cesse réévalués. Le Canadien Derek Künsken habille son roman de passages aux forts relents quantiques avec le jargon qui va bien, sans que cela nuise à l’histoire. Étonnamment, cet habillage passe sans problème et donne un léger cachet hard-science à ce space-opera, dont le rythme s’accélère considérablement au moment où la mécanique se met en branle.
L’auteur jongle entre les protagonistes, chacun devant accomplir sa part de travail. La construction donne du nerf à l’ensemble, la pression monte et les militaires de la flotte ne sont pas en reste, ne reculant pas devant le danger. Partir de la mécanique quantique pour arriver à des combats spatiaux, il fallait oser et Derek Künsken l’a fait avec brio.
Même au plus fort de l’action, alors que ça défouraille sec, les deux Homo quantus se mettent en mode savant ou en fugue, profitant de l’expérience vécue pour théoriser. L’audacieux dosage action - réflexion fonctionne et donne une tonalité sympathique à l’ensemble.
« Le magicien quantique » surprend par la largeur de son champ d’intérêt, Derek Künsken concilie avec bonheur sciences théoriques et combats spatiaux. Avec son lot de personnages si différents, il donne incontestablement du relief à son histoire à la mécanique bien huilée, comme une arnaque se déroulant à la perfection.
Un roman surprenant et passionnant !
Titre : Le magicien quantique (The Quantum Magician, 2018)
Auteur : Derek Künsken
Illustration de couverture : Luc Doligez
Traduction de l’anglais (Canada) : Gilles Goullet
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 492
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : mars 2020
ISBN : 9782226439079
Prix : 22,90 €
Autres livres de la collection sur la Yozone : « Mage de bataille, tome 1 » de Peter A. Flannery
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« Terminus » de Tom Sweterlitsch
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