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American Elsewhere
Robert Jackson Bennett
Albin Michel Imaginaire, roman traduit de l’anglais (États-Unis), Science-Fiction/Fantastique, 784 pages, octobre 2018, 29€

À la mort de son père, Mona apprend que sa mère décédée voilà longtemps possédait une maison à Wink. Cette localité n’apparaît sur aucune carte et c’est avec la plus grande difficulté que Mona parvient à s’y rendre avant que l’héritage ne touche à sa fin.
Le jour de son arrivée se déroule un enterrement et l’étonnement se lit sur les visages, car il est très rare de voir de nouvelles têtes ici.
Wink ressemble à une ville hors du temps, recluse sur elle-même et restée dans les années soixante-dix. Mona cherche à savoir qui était sa mère lorsqu’elle habitait à Wink, et la découvre bien différente de celle qu’elle a connue.
Wink possède bien des secrets, bien des choses s’y cachent, et Mona n’est pas n’importe qui, mais la fille d’une des scientifiques du labo où tout a commencé.



Mona Bright est une ex-flic qui un jour a tout plaqué. Elle était mariée, aurait dû avoir une enfant, mais les aléas de la vie ont tout brisé et depuis elle fuit, se détruisant à petit feu. Elle erre comme une âme sans accroches, ne se trouvant bien nulle part ; la découverte d’une facette inconnue de cette mère qu’elle a peu connue la sort de cette léthargie et la pousse à un pèlerinage à Wink. Elle y débarque à bord d’une rutilante Charger rouge bien visible.
Wink est une ville champignon érigée aux abords d’un laboratoire. Ce dernier n’a jamais atteint ses objectifs, il n’en reste que des ruines suite à une explosion, sûrement due à une expérience ratée, mais la cité a perduré, demeurant à l’abri de la civilisation.
Le décor est planté, Robert Jackson Bennett peut développer son histoire qui s’apparente à du fantastique au début, avant que Mona ne trouve des papiers dans les restes du labo, expliquant le déroulement des événements et installant ce roman dans la science-fiction. Toutefois le lecteur ne peut se départir de l’impression première.
L’auteur joue bien de ce registre et heureusement, car « American Elsewhere » flirte avec les 800 pages. Mona se situe au cœur du récit alimenté par de nombreux personnages secondaires, renforçant la bizarrerie de l’ensemble.
Trop en dire reviendrait à déflorer l’intrigue, ce qui serait dommage, car l’élément de surprise joue à plein. Au fil des pages, des influences se dégagent et suivant l’expérience de chacun, elles risquent d’être multiples. Par exemple, cette ville hors du temps avec ses habitants qui ne sont pas forcément ce qu’ils semblent m’a fait penser aux « Femmes de Stepford » d’Ira Levin. Des apparitions évoquent aussi Lovecraft, mais Stephen King est le premier à venir à l’esprit.

L’atmosphère d’« American Elsewhere » s’avère pesante, Mona avance en milieu inconnu qu’il est difficile d’appréhender dans son ensemble. Wink cache bien des lourds secrets et ce n’est pas pour rien qu’il vaut mieux ne pas sortir la nuit et baisser la tête quand quelque choses sort de l’ordinaire. On ne quitte pas Wink et c’est d’autant plus étonnant que Mona ait pu y rentrer. Pourquoi ? Qu’est-ce qui la lie à ce lieu ? Qu’y faisait sa mère ? Mona voit parfois la réalité se fissurer et aperçoit autre chose dans les interstices. Comment est-ce possible ?

Lire « American Elsewhere » revient à s’immerger dans l’étrange, dans l’inconnu qui se révèle pluriel et se dérobe sans cesse. Robert Jackson Bennett attrape d’emblée le lecteur pour le coller aux basques de Mona, une femme qui ne fait pas son âge et cherche à découvrir qui était sa mère et, par voie de conséquence, ce qui cloche chez elle. Sortir indemne de Wink n’est pas une option, l’emprise des lieux est totale et ce roman vire à l’obsession dans l’esprit de celui qui en ouvre les pages. Fantastique et science-fiction font bon ménage dans ce Thriller, ce cocktail permet bien des développements pour le moins étonnants jusqu’au final dantesque.
Un roman impressionnant récompensé par le Prix Shirley Jackson.

De plus, Albin Michel Imaginaire a déjà acquis les droits pour les deux premiers tomes de la trilogie « Founders ». Ce coup-ci, Robert Jackson Bennett verse dans la fantasy.


Titre : American Elsewhere (American Elsewhere, 2013)
Auteur : Robert Jackson Bennett
Illustration de couverture : Aurélien Police
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Laurent Philibert-Caillat
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 784
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : octobre 2018
ISBN : 9782226436641
Prix : 29 €


Autres livres de la collection sur la Yozone :
- « Mage de bataille, tome 1 » de Peter A. Flannery
- « Les étoiles sont légion » de Kameron Hurley

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François Schnebelen
9 décembre 2018


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