Bien loin de son registre de romans historiques ésotériques, Hervé Gagnon présente là un court roman qui parlera à tout un chacun. En effet, chaque rentrée revenait à retrouver les copains, les copines, mais aussi à plonger dans une part d’inconnu. Comment, le temps des vacances, ceux que nous pensions connaître avaient-ils évolué ? Chacun revivra ces périodes charnières, non avares en surprises, parfois accompagnées de regrets quant à notre façon de les gérer. Pas moyen de revenir en arrière, de changer les choses pour modifier notre présent.
Hervé Gagnon offre justement à Frédéric cette possibilité. Le titre « Les jours où j’ai tué Emma » suppose qu’elle ne meurt pas qu’une fois et aussi que Frédéric est coupable. Comment est-ce possible alors qu’il en est raide amoureux ? Voilà le cœur du problème, il ne sait pas comment réagir face à cette nouvelle Emma, plus femme, avec qui il est ami depuis son plus jeune âge. Finalement elle meurt dans un accident et Frédéric se sent coupable, car il aurait dû réagir différemment avec elle. Dans une espèce de « Jour sans fin », Frédéric est condamné à revivre cette rentrée, mais sans qu’il se souvienne au début de la fois précédente. Même s’il n’a pas toujours la même réaction, l’issue est la même, Emma meurt et il le prend personnellement.
Après plusieurs rentrées, il appréhende le problème, essaie de sauver Emma, mais est-ce seulement possible ?
Hervé Gagnon s’empare ici du multivers, cette infinité d’avenirs engendrés par chacun de nos choix. Frédéric parvient à en arpenter les différents bras, revenant sans cesse au début de tout : ses retrouvailles avec Emma. La multitude de portes de l’hôtel infini n’est pas sans faire penser à la machine du roman « Dark Matter » de Blake Crouch. Mais comment Frédéric est-il parvenu à y pénétrer ? Il y a bien sûr un événement fondateur, le fameux point de bascule que certains auront deviné, mais qui est bien vu et donne un autre relief à l’ensemble.
Au fil des événements, le lecteur s’attache à Frédéric et Emma, espérant qu’un avenir heureux soit possible. La forme avec des noms de chapitres évocateurs et l’insistance autour de cette première fois que Frédéric revoit Emma participent à l’immersion dans ce récit touchant. En postface, l’auteur reconnaît qu’il a vécu un épisode qui le hante toujours et qui a inspiré ce court roman. Lui aussi aurait aimé changer les choses, mais seule l’imagination lui permet de le faire.
Une fois commencé, impossible de reposer « Les jours où j’ai tué Emma », tant ce livre se révèle prenant. Cette histoire d’amour tragique est profondément touchante et bien mise en scène. Dans un registre différent, Hervé Gagnon séduit aussi bien les adolescents que les adultes qui n’ont pas oublié leurs jeunes années et les événements qui les ont façonnés.
Une belle curiosité !
Titre : Les jours où j’ai tué Emma
Auteur : Hervé Gagnon
Couverture : © Kinos
Éditeur : Hugo
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 150
Format (en cm) : 13 x 20,5
Dépôt légal : avril 2025
ISBN : 9782925386438
Prix : 9,95 €
Hervé Gagnon sur la Yozone :
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