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Absence selon Camille (L’)
Benjamin Fogel
Editions Rivages, Rivages/Noir, Anticipation, 400 pages, Mars 2024, 21€

Après « La Transparence selon Irina » et « Le Silence selon Manon », Benjamin Fogel clôt sa trilogie avec « L’Absence selon Camille », un roman noir mêlant anticipation sociale et politique à une intrigue polar plus classique. Si les trois volumes peuvent se lire indépendamment, la lecture seule de ce dernier tome ne m’a pas totalement convaincu.



France. 2060. Le jeune Léonard Parvel, 13 ans, décide de partir à la recherche de son père disparu 2 ans plutôt. Russel Jim Devoto n’a plus donné signe de vie depuis qu’il s’est coupé du réseau en arrachant sa puce sous-cutanée. Cette puce implantée à la naissance est pourtant imposée par le gouvernement et obligatoire pour tous les citoyens. On le savait très critique contre le système politique en place : la transparence. Ce concept est une idéologie imposant à la population ainsi qu’aux entreprises et aux institutions la disparition totale de l’espace privé. Le secret n’existe plus nulle part, toutes les informations doivent être disponibles sur le réseau. Pourtant, le revenu universel a mis fin aux inégalités, la lutte contre le réchauffement climatique est enfin prise au sérieux.
Alors, le père de Léonard est-il mort comme on le lui répète depuis 2 ans ?
Ou bien a-t-il rejoint les Obscuranets ? Ce groupe de dissidents opposés à la transparence qui luttent en menant des actions aussi bien en ligne que dans la rue.

Dans « L’Absence selon Camille », Benjamin Fogel développe une dystopie technocratique très subtile. En effet, le choix de la transparence tel qu’il est présenté ne décrit pas un monde totalitaire et sombre, et les nombreuses avancées sociales qui l’accompagnent semblent plutôt bénéfiques à la société. Et pourtant, au fil des pages, se dessine une anti-utopie qui vient de façon très intelligente titiller le lecteur afin de le pousser à se poser des questions sur des sujets actuels comme l’utilisation des réseaux sociaux, la disparition de la sphère privée ou encore le développement des systèmes de géolocalisation. De plus, la multiplication des points de vue au travers des différents personnages brouille encore un peu plus les pistes et laisse le lecteur se questionner sur les évolutions de ces technologies.

Pourtant, le roman pèche par quelques écueils qui viennent malgré tout refroidir notre enthousiasme. Tout d’abord, l’intrigue principale sur la disparition du père tient très peu de temps et on voit très vite où Benjamin Fogel veut emmener ses personnages, sacrifiant pour cela le suspense. L’autre gros problème du roman, ce sont les principaux protagonistes. Ils manquent d’épaisseur dans leurs interactions et dans les dialogues et nous laissent en dehors du livre.

Une lecture en demi-teinte donc, avec « L’Absence selon Camille », Benjamin Fogel propose un roman intéressant sur le plan des idées. L’anticipation est crédible, bien construite et comporte certains passages très forts (comme la prison de verre, dans laquelle les détenus sont visibles 24h/24 filmés par des caméras). Mais ne convainc pas complètement à cause de son manque de personnages incarnés et charismatiques, et d’une intrigue sans véritable enjeu ni suspense. Peut-être la lecture des deux premiers volumes apportait-elle l’épaisseur nécessaire pour pouvoir apprécier l’ensemble.


Titre : L’Absence selon Camille
Auteur : Benjamin Fogel
Couverture : François Fontaine / Agence VU’
Éditeur : Rivages
Collection : Rivages /Noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 360
Format (en cm) :15,5 x 22,5
Dépôt légal : mars 2024
ISBN : 978274366240-0
Prix : 24 €


Les éditions Rivages sur la Yozone :

- « Une bonne tasse de thé » par George Orwell
- « Hiérarchie, la société des anges » par Emanuele Coccia
- « Qui après nous vivrez » par Hervé Le Corre
- « L’Odyssée des étoiles » par Kim Bo-young
- « L’île de Silicium » de Chen Qiufan
- « Les Vagabonds » de Richard Lange
- « Mon cœur est une tronçonneuse » de Stephen Graham Jones
- « Un bon Indien est un Indien mort » de Stephen Graham Jones
- « Petites choses » de Bruno Coquil
- « L’Inventeur » de Miguel Bonnefoy
- « La Messagère » de Thomas Wharton



Jean-Marie Garniel
5 avril 2024


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