En échange d’un Sceau, réceptacle de magie indispensable, Rune fait une promesse à l’Arcane déchue. Las, il découvre un peu tard que le voilà avec Matthias, 17 ans, sur les bras jusqu’à sa majorité. Une épine dans le duo efficace qu’il compose avec Brand, son Acolyte, lié à lui depuis ses premiers jours.
Ensemble, les voilà engagés par le toujours mystérieux seigneur Tour pour retrouver son filleul, Addam, fils cadet de Dame Justice. Très vite, une puissante magie se dresse sur leur chemin : une gargouille est invoquée dans l’atrium des bureaux où travaillait Addam, puis ce sont des récarnés - des zombies - dotés d’armes à feu - strictement interdites en Nouvelle-Atlantide - qui leur barrent la route. À leur tête, une créature qui n’est pas censée exister : une liche, redoutable magicien capable de rivaliser avec les plus puissants Arcanes.
Rune a, en tout et pour tout, huit Sceaux, un sabre de feu magique, un Acolyte renfrogné mais tout dévoué... et peut-être, au fond de lui, un petit quelque chose en plus qu’il devrait faire sortir.
K.D. Edwards signe avec ce premier volume de sa trilogie Tarot une histoire assez classique mais aux décors et à l’ambiance flamboyants.
Classique parce qu’on est surpris de rien : notre héros est un héritier déchu qui forcément devra reconquérir la place qui lui revient, il a un side-kick avec qui il forme la paire -deux potes de 35 ans qui se connaissent par cœur et se chamaillent-, son enquête va lui apporter de nouveaux alliés, réveiller ses pouvoirs, (nous) révéler quelques secrets d’un monde que nous allons découvrir au fur et à mesure d’une enquête assez basique, l’ennemi se dévoilant lorsqu’on approche du but pour une baston finale à cramer le budget d’effets spéciaux.
La Nouvelle-Atlantide est à la fusion des influences de comics : l’auteur l’appelle même Gotham. Fabriquée ex nihilo en téléportant des bâtiments plus ou moins abandonnés achetés aux humains, la ville est un patchwork de styles architecturaux tape-à-l’œil au possible, imaginée pour l’image, sur papier ou écran. Des quartiers résidentiels plus ou moins minables pour le commun, pour une ville figée, puisque rares sont les ascensions sociales. Et une zone, la Terrouest, contaminée par la magie sauvage, où bizarrement les Arcanes ont leur résidence secondaire.
Rune est un grand ado, célibataire (forcé, puisque déchu), en binôme fusionnel avec son Acolyte, ami / garde du corps / nounou / conscience Brand, toujours bardé d’armes et à l’affût, toujours sur son dos car garant de sa vie. J’ai vite eu Diego / Numéro 2 d’« Umbrella Academy » en tête : sur-protecteur et toujours à râler. Rune est aussi traumatisé, parce que la nuit du raid contre sa maison, on le découvre vite, il a été agressé. Salement. Ce qui nuit un peu à ses relations.
Relations qui sont, en Nouvelle-Atlantide, très libres et sans tabou. Après son sauvetage, Addam, grand, beau, riche et gentil, se rapproche de Rune et l’aidera à surmonter son traumatisme, on est les deux pieds dans l’homo-romance qui rajoute du piquant à toutes les relations entre les personnages, masculin pour la quasi-totalité. Brand est jaloux et sur-protecteur, Rune timide et à fleur de peau, dragué par Matthias à qui il fait forte impression...
Il y a un dernier personnage très important, c’est Quinn, le cadet d’Addam, ado comme Matthias, et devin très puissant. Il s’efforcera de guider Rune parmi tous les possibles qu’il voit. Les prophéties s’avèrent toujours justes, mais souvent floues, et Rune apprendra à composer avec.
Voilà tous les ingrédients pour, à défaut de réinventer quelque chose, produire un page-turner haletant, souvent drôle, bourré d’action, de bastons magiques, de secrets enfouis et de révélations cryptiques. Le tout saupoudré d’une pincée d’audace et de malice, puisque Rune compense son faible arsenal magique par de la débrouillardise et un sens du sacrifice digne de son rang perdu. Une vraie gourmandise, entre « Les salauds gentilshommes » de Scott Lynch et « l’Arme Fatale », avec des demi-dieux inspirés des arcanes du tarot en guise de super-héros. Un cocktail à la fois original et familier, parfaitement dans l’air du temps. Une fois qu’on y a goûté, difficile de ne pas en reprendre. Bragelonne a fait le choix de publier les 3 tomes à juste un mois d’intervalle, et on les en remercie, car l’attente aurait été insoutenable.
Saluons enfin le magnifique travail éditorial : couvertures de Xavier Collette rehaussées de dorures, et jaspage à motif sur la tranche. De sacrés beaux objets qu’on a envie de montrer.
La Liche ne vous a pas suffi ? (Non !)
Dans le second volume, Rune affronte un autre Arcane, Le Pendu, qui réclame Matthias comme consort...
Titre : Le Dernier Soleil (the last Sun, 2018)
Série : Tarot, tome 1/3
Auteur : K.D. Edwards
Traduction de l’anglais (USA) : Alix Dewez
Couverture : Xavier Collette
Éditeur : Braglonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 413
Format (en cm) : 21,5 x 14 x 3
Dépôt légal : août 2023
ISBN : 9791028112431
Prix : 19,95 €
Tarot :
1 : Le Dernier Soleil
2 : Le Pendu
3 : Le Trône de Sablier
