C’est qu’elle a déjà dénombré 7 623 victimes et les appels de familles ne cessent d’affluer. La Fédération voit sans doute là l’occasion d’aller fouiner dans le domaine d’un illuminé qu’elle considère comme un névropathe en costume de lapin blanc.
Pendant ce temps, Zach est écarté de l’enquête officielle, pour ne pas avoir obéi à l’ordre qui intimait d’abattre Ronald, le magicien, coupable idéal du meurtre du petit Niels. Le meurtre du jeune Niels Colton l’a marqué et il veut en savoir plus. Et si ce n’était pas un dommage collatéral, mais bien la cible prioritaire de cet attentat ? Assigné à résidence, coupé de toute information sur l’attentat, il réussit néanmoins à aller fouiner dans le passé de Monplaisir puisque seuls les éléments du présent lui sont interdits. Alice, du coup, sera très coopérative et beaucoup d’éléments de l’âme tourmentée de Springy Fool vont émerger, ainsi que quelques secrets inavouables qui sont au cœur de la dramatique présente.
C’est toute l’histoire de la fondation et de l’émergence de Monplaisr et de son dirigeant mégalo que Zach découvre ainsi, dans un récit alternant deux époques, entre flashbacks et enquête sur l’attentat, entre désir de découvrir les affres du passé et volonté farouche de trouver, à n’importe quel prix, des boucs-émissaires à sacrifier pour calme la foule des plaisanciers.
Un homme, enquête, immobile dans sa chambre. Un autre gesticule férocement, torture et s’enfonce dans ses mensonges sur son terrain de jeu favori : la manipulation de masse.
Sur deux époques très distinctes, entre 2046 et 2059, Luc Brunschwig fait avancer sa mécanique parfaite, nourrissant pas à pas nos questionnements, ouvrant les vieux dossiers sur la personnalité de Springy Fool, ce génie de la robotique qui inventa un monde mais se trouvait incapable d’avoir une relation charnelle avec une femme. Intelligent, complexe, manipulateur, dominateur, complexé, l’homme est infiniment dangereux. Luc Brunschwig nous le livre dans toute sa démence et sa violence, se permettant par cette fiction de mettre en perspective nombre des dangers de notre modernité !
Les révélations se multiplient, sous le dessin une fois de plus époustouflant de Roberto Ricci, peu avare d’effets, de détails, habile à construire sur un scénario qui saute sans arrêt d’un temps à un autre, il joue finement de l’ellipse, et donne à la leçon narrative donnée par Brunschwig l’éclat futuriste et sombre qu’elle exige.
Sexe, torture, sadisme, scènes de fin de monde, attentat... rien ne lui est épargné et il s’en tire à merveille dans ce Monplaisir où on ne rigole plus et où la tension monte à l’extrême. Donnant à cet album une lisibilté optimale dans cet univers où il ne joue pourtant pas de l’économie de moyens.
“Urban” est une série d’anticipation majeure, accord parfait entre un scénariste à l’aise sur la distance et un dessinateur qui se révèle chaque fois encore meilleur.
Ne boudez pas votre plaisir et montez dans le train qui mène à Monplaisir, même s’il est en passe de dérailler avant un tome 5 annoncé comme le dernier. Ce serait presque un regret tant cette série est bonne...
(T5) Enquête immobile Série : Urban
Scénario : Luc Brunschwig Roberto Ricci
Dessin : Roberto Ricci
Couleurs : Roberto Ricci et Manolo Linares
Éditeur : Futuropolis
Pagination : 64 pages couleurs
Format : 23 x 32,5 cm
Dépôt légal : 22 juin 2017
Numéro ISBN : 978-2-7548-1170-5
Prix public : 16 €
À lire sur la Yozone :
Fin de monde selon Roberto Ricci
Les âmes d’Helios : Entretien avec Roberto Ricci
Liens utiles :
Page Facebook d’Urban
Page Facebook de Luc Brunschwig
Page Facebook de Roberto Ricci
Illustrations © Roberto Ricci et Éditions Futuropolis (2017)