Après le très prenant « 13 Balles dans la Peau », on passe donc au cran supérieur avec ce « 99 Cercueils ». Ce n’est plus une petite poignée de vampires plus ou moins jeunes que Caxton et Arkeley doivent affronter, mais un seul, qui risque de réveiller les 99 autres. Et quand on voit les dégâts qu’une seule de ces créatures est capable de causer, on imagine les USA radiés de la carte en quelques semaines. Pour mémoire, les vampires de David Wellington, s’ils sont fluets à jeun (et ceux-là sortent de 140 ans de sommeil), une fois nourris des quelques litres de sang d’un humain (en une gorgée !), sont quasi immortels, encaissant les balles sans broncher, la chair se ressoudant en quelques instants. On ne plaisante pas : ce sont des prédateurs ultimes, pas des ados timorés. Ils ne vous font pas deux trous au cou, ils arrachent directement un membre avant de vous siroter jusqu’à la lie.
Je ne reviendrai pas longtemps sur le style de l’auteur, très commercial. 99 chapitres, forcément ; pas mal de répétitions pour ceux qui arriveraient à décrocher au cours des 450 pages ; une plume que la traduction française n’améliore pas, avec des expressions à la justesse très approximative : j’ai en mémoire un « surmonter une colline » où « monter sur » (je ne dis même pas « gravir ») aurait été cent fois mieux. Je n’accable pas la traductrice (traduire, est-ce trahir ?), même si quelque effort aurait pu être fait pour ne pas faire saigner la langue française.
Au chapitre des reproches, signalons également que cette 2e édition par Milady, avec nouvelle couverture (à mon goût bien moins accrocheuse que la précédente) contient encore une douzaine de belles coquilles (dont un magnifique « coup » pour « cou »).
Donc, stylistiquement, nous ne sommes pas dans de la haute littérature. Mais ce n’est, à mon avis, pas le but. Si on aurait sans doute pu faire mincir ce tome de quelques dizaines de pages, le rythme soutenu de l’action, le côté terriblement visuel (y compris dans les termes parfois incorrects comme l’exemple ci-dessus), nous entrainera dans ces dangereuses nuits sans rechigner. On reste scotché, ne serait-ce que parce que cette histoire ne s’étale pas sur plus de quelques jours, nous laissant haletant à la fin d’un chapitre sur deux.
Un sur deux, car « 99 Cercueils » est en partie un roman historique. Les chapitres alternent entre la traque contemporaine du vampire et les récits, journaux, notes, de deux soldats à la veille de Gettysburg. On découvre ainsi, sous une plume bien plus travaillée (avec un soin particulier apporté au niveau de langue), les origines de la crypte aux 99 cercueils. Du moins, au bout des 45 courts chapitres qui y sont dévolus. Car si on voit peu à peu se dessiner le final, il faut reconnaître à Wellington le talent non pas de nous mener en bateau, mais de distiller lentement les informations. En découvrant en même temps que le soldat Alva Griest la demeure de Chess, un vampire courtisé par les confédérés, on échafaude quelques hypothèses sur l’ennemi de Caxton et Arkeley. Hypothèses qui écrouleront comme un château de cartes tandis qu’on approchera de la fin et de l’horrible vérité.
Car on en viendra presque à considérer les 100 vampires comme des victimes en découvrant leur sort, tandis que les chapitres contemporains nous font vivre à 100 à l’heure leur assaut de Gettysburg contre les renforts rassemblés autour de Caxton. Une bataille très inégale, vampires contre fusils d’assaut.
On découvrira également que la source du mal est la même que dans « 13 Balles dans la Peau », et que le remède va cette fois être bien plus chers pour nos deux héros : la suite, « Vampire Zéro », dont on trouvera le premier chapitre en fin de tome, dévoile la traque d’Arkeley, qui s’est volontairement changé en vampire, par son élève appliquée.
À suivre donc très bientôt sur la Yozone.
Titre : 99 Cercueils (99 coffins, a vampire tale, 2007)
Série : Vampire Story, tome 2/4
Auteur : David Wellington
Traduction de l’anglais (USA) : Marie-Aude Matignon
Couverture : Noémie Chevalier
Éditeur : Milady (2e édition)
Collection : Terreur
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 471
Format (en cm) : 11 x 18 x 3
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 978-2-8112-0701-4
Prix : 8,20 €
À lire sur la Yozone : « 13 Balles dans la Peau », 2 chroniques : première et seconde édition