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Robert Picardo (Star Trek Voyager)
Constellation 3 : Phénix, la convention française des séries SF et Fantastiques
29/30 mai 2004 Hôtel Hyatt à Roissy

Robert Picardo surprend. On s’attend à trouver un personnage exubérant, très proche de ses rôles dans “Star Trek Voyager” ou dans “Stargate SG1” et l’on se retrouve face à un homme précis, sérieux et totalement concerné par son métier. Et pourtant... Sa moindre prestation scénique lors de cette convention fut un moment de grand spectacle. Un show permanent avec tour de chant et épouse comprise !
Homme protée qui semble éclore sur scène et s’ouvrir comme une fleur au soleil, l’homme et l’acteur sont pourtant indissociables. Rencontre avec l’ami de Joe Dante, passionné de musique, Docteur Holographique de nos rêves galactiques et comédien accompli.



Bonjour Robert Picardo, nous aimerions savoir comment vous avez embarqué sur Voyager ?

D’une manière tout à fait normale, via une audition classique. Ce qui n’a pas été habituel, c’est que cette audition s’est déroulée au mois de juin, si je me souviens bien, alors que les auditions pour la réalisation des pilotes de show TV aux USA se déroulent normalement entre décembre et février. Il est vrai que la première saison de Star Trek Voyager était déjà vendue avant son tournage. Ceci explique sans doute cela. Ce qui est vraiment étrange, c’est que j’avais déjà un contrat important à ce moment là car j’interprétais un docteur dans une pièce de théâtre à Los Angeles dans une assez grosse production. Qui plus est, c’était rétrospectivement un bon échauffement par rapport au rôle du Dr Holographique de Voyager car dans le premier acte de la pièce, ce docteur était un personnage comique à la Monthy Python, dans le deuxième acte, il devenait beaucoup plus sérieux et dans le troisième, la situation devenait franchement dramatique. Cette pièce était presque une version condensée de l’évolution de mon personnage dans Voyager. Le plus étonnant, c’est qu’en fait, j’auditionnais pour le rôle de Neelix en cachant au directeur du casting de Voyager ainsi qu’au metteur en scène de la pièce de théâtre que si j’étais pris, j’allais avoir un gros problème de planning, quasi impossible à régler....

Et... Comment tout cela s’est il terminé ?

Oh ! Quand il l’a su, le directeur du casting de Voyager était furieux de la situation mais il est quand même venu me voir jouer au théâtre. Et moi, je me disais quand ils vont savoir tout cela, c’est le metteur en scène de la pièce qui va être furieux ! Heureusement pour moi, ils sont tombés sur un acteur formidable pour interpréter Neelix (Ethan Phillips, ndlr). et du coup, je n’avais plus de problème de planning... mais plus de rôle dans Voyager non plus ! Ensuite, j’ai appris qu’ils avaient auditionné plus de 900 acteurs pour le rôle du Dr Holographique et j’ai tenté ma chance sans grand espoir. Tout ce que la production m’avait dit à propos du rôle était : “c’est un docteur virtuel, issu d’un programme d’ordinateur et qui n’éprouve aucun sentiment pour ses malades...”. Face à ce dilemme, je me suis dit, ma seule solution est d’en faire une interprétation comique. Ce n’était pas dans les usages des shows Star Trek mais je me suis souvenu de l’interprétation du Docteur McCoy (interprété par DeForrest Kelley, surnom Bones dans la série classique, ndlr) dans la série originelle. Lors de mon audition, les dernières lignes disait que l’on éteignait le programme et moi j’ai rajouté une réplique en disant “Hé, ça ne va pas ! Je suis un Docteur pas une lampe de chevet !”. Ils ont rigolé et ça a marché !.

Avant d’avoir le rôle, connaissiez-vous l’univers Star Trek ?

Et bien pas vraiment. Quelques épisodes de la série originale à la TV mais pour être franc, ma femme est une fan. Quand nous nous sommes connus, lors de nos premiers rendez-vous d’amoureux, j’ai eu droit au film Star Trek IV au cinéma. Puis, quand nous avons commencé à vivre ensemble, Star Trek II passait à la TV, donc vision familiale assurée ! C’étaient jusqu’à là mes seuls contacts sérieux avec Star Trek.

Aviez-vous au moins un intérêt particuliers pour la SF ou la Sci-Fi ?

Pas vraiment ! J’ai toujours aimé les films d’horreur et la Fantasy bien qu’enfant, je ne voulais pas être un acteur mais Docteur ! Je faisais juste l’acteur pour m’amuser. Jusqu’au collège, je n’avais aucune ambition particulière pour ce métier. Le révélateur a été une visite et une discussion à ce sujet avec le célèbre compositeur américain Leonard Bernstein. A partir de ce moment, j’ai vraiment commencé à y réfléchir sérieusement.

On vous a entendu lors de cette Convention exécuter un formidable tour de chant parodiant “I got you, babe” (“Je t’ai dans la peau, baby”, classique de Sonny and Cher, ndlr) en “I hate you Babe” (“Je te hais, baby” !, ndlr) avec votre compagne mais d’où vous vient ce talent pour chanter ?

J’ai toujours aimé chanter depuis que je suis tout petit même si je n’ai jamais suivi de formation classique ou professionnelle. C’est une sorte de petit don naturel, travaillé en chorale quand j’étais gamin et pour le plaisir ensuite. J’adore chanter, tout simplement !

Pour en revenir à “Voyager”, étiez-vous impliqué dans l’évolution du rôle du Docteur Holographique ?

Je suis le genre d’acteur qui adore discuter de son personnage avec les scénaristes. Savoir comment il peut évoluer, ce qu’ils veulent en faire, proposer des pistes, etc,. Dans une série TV, les personnages sont toujours un peu impersonnels lors de la première saison car une partie du matériel est déjà écrite avant de savoir qui va tenir le rôle. C’est après, et petit à petit, que les personnages évoluent. Dans la première saison de Voyager, il y avait déjà pas mal d’hommages (en français dans le texte, ndlr) à Bones (McCoy, ndlr). En fait, quel que soit le projet, j’ai toujours aimé profiter du moment où les scénaristes sortent pour fumer une cigarette afin de discuter avec eux de mon rôle ou d’idées que j’ai à ce sujet. Sur Star Trek, ces gars savent tout particulièrement ce qu’ils font mais ils sont attentifs à tout. Des fois, ils retiennent une piste, des fois non et d’autres fois, une idée suggérée resurgît deux ans plus tard dans un scénario. Celle d’exploiter ma passion pour le chant dans un épisode centré sur le Docteur Holographique et l’opéra en est un bon exemple. Au départ, je ne devais même pas chanter puisque personne ne savait que je pouvais le faire !

Le Docteur Holographique devient tout au long de la série un personnage de plus en plus complexe. Comment avez-vous pu aborder cette évolution dans votre façon d’interpréter ce personnage ?

Dès le début, je me suis dit, c’est un personnage trop simple ! Il va bien falloir le faire évoluer pour que le rôle devienne intéressant et que j’ai plus de scènes à jouer ! Si vous êtes un peu impliqué dans votre métier, vous avez obligatoirement ce type de préoccupation en tête. En réfléchissant un peu, on comprend vite que ce Docteur est assez arrogant, qu’il paraît très sur de lui mais que c’est en fait un aveu de faiblesse car il déteste qu’on l’éteigne comme une vulgaire lumière. Au fond, il rêve d’être humain mais ne veut surtout pas que ça se sache car il sait qu’il n’a pas été construit pour une utilisation quasi permanente. Il vit donc avec la peur perpétuelle de tomber en panne ! A partir de là, on peut commencer à travailler avec les scénaristes afin d’étoffer correctement le personnage.

Quelle a été votre réaction quand vous avez compris que vous en aviez pour plusieurs années ? N’avez-vous pas eu peur que le rôle vous dévore ?

Être assimilé à un rôle n’est pas dangereux en soit. J’avais déjà pas mal bourlingué dans le milieu du cinéma et de la TV, j’avais une bonne carrière et un certain succès à Broadway donc je ne m’inquiétais pas. Il est vrai que quand on se lance dans l’aventure Star Trek, on sait que pendant plusieurs années, au gré des diffusions ou des rediffusions, on va être connu dans de nombreux pays. Et alors ? Ce n’est pas désagréable d’avoir des fans dans le monde entier et moi, j’ai plutôt vécu ce phénomène comme une bénédiction et pas comme une malédiction. Ce qui aurait été fâcheux, professionnellement parlant, c’est d’être étiquetté acteur de séries SF. Ne plus avoir que des propositions de ce type, là ça m’aurait ennuyé. Être un acteur Star Trek ne me pose donc aucun problème...

Il s’en suit alors un assez long aparté, inrésumable ici car ce cher Robert Picardo ne comprend pas pourquoi la série “Stargate SG1” est plus connue en France que “Star Trek”. Et nous voici donc, sous un feu roulant de questions précises à disserter sur le choix des programmes de la TV française, de la peur des décideurs à propos des séries de SF, du fait que Canal Plus était co producteur du film “Stargate” et cie. Bref, quand l’homme veut une réponse précise, il vaut mieux s’y préparer et connaître son sujet ! Petit à petit, nous arrivons quand même à ramener l’homme vers la fin de l’interview.

Vous avez réalisé deux épisodes de Voyager. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?

Un réel plaisir mais honnêtement, je ne tiens pas à en faire mon métier. J’ai beaucoup appris lors de la réalisation de ces deux épisodes ((saison 3, épisode 14, “ Alter Ego" et saison 6, épisode 8, “ One Small Step ”, ndlr) mais c’est beaucoup trop de pression. Il faut gérer l’équipe, les techniciens, respecter le budget et on a assez peu d’influence sur le script. C’est finalement assez frustrant car la ligne directrice du show est à respecter à la lettre. Pas de place pour l’expérimentation ! Devenir réalisateur de séries TV n’est donc pas une ambition personnelle. Je suis avant tout un acteur.

Professionnel jusqu’au bout des ongles, Robert Picardo ne nous quittera qu’après avoir bien compris ce que nous étions, pour qui nous travaillions. Il nous avouera aussi aimer par dessus tout le chanteur irlandais Van Morrison et son album “ Astral Weeks ” (un excellent choix que la Yozone confirme !), nous parlera de l’amitié qu’il entretient avec Joe Dante puis partira se reposer dans sa chambre avant d’attaquer son dernier passage sur scène.
Nous le quitterons en étant persuadé d’avoir rencontré un grand professionnel, extrêmement compétent et sympathique.

Propos recueillis par Bruno Paul et Stéphane Pons
Rapport de mission de Stéphane Pons pour le Vaisseau d’exploration Yozone


Bruno Paul
Stéphane Pons
17 novembre 2004



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Robert Picardo en dédicace



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Robert Picardo en dédicace



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Robert Picardo



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Bruno Paul / Robert Picardo



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Stéphane Pons / Robert Picardo



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Robert Picardo / Bruno Paul



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Retour en dédicace



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Robert Picardo et sa femme (I hate you babe)



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le tour de chant de Robert Picardo



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