Ouais ! Chic ! Content je suis ! J’ai reçu en service de presse L’Immortalité Moins Six Minutes, de Catherine Dufour, Nestiveqnen, 2007, 255 pages, et c’est un très bon livre, bien que ce soit de la fantasy de chez Nesti et donc pas vraiment, a priori, my cup of tea. (Tirlititi, chapeau pointi !)
[Le grand manitou de la Yozone, le ô respecté Bruno, me l’a envoyé à ses frais par la poste, parce que, j’imagine, l’ordinateur de l’attaché de presse de Nestiveqnen n’a qu’une adresse en tête et que s’il en change, il plante. Peu importe, les voies des SP, des ordinateurs, de La Poste et du reste sont impénétrables. L’essentiel est que le bouquin soit arrivé chez moi.]
J’avais lu et grandement apprécié « Le Goût de l’Immortalité » (D&D 40) : une écriture frisant le sublime au service d’un propos intelligent mais triste. Ce que je viens de lire n’est certes pas du même tonneau sur le fond et la forme mais est toujours d’une immense qualité d’écriture.
Une première partie pose le décor et l’ambiance de ce monde du temps 0 : des nains, des ogres et leurs hybrides débiles, les humains, des korrigans et des elfes noirs, c’est-à-dire plutôt méchants, et des fées. En l’occurrence des fées des arbres, les héroïnes de cette histoire. L’étudiante Babine-Babine laisse tomber Moudubas, un elfe noir, pour un korrigan mieux monté. Le noir se venge en lui collant dans ses affaires un miroir magique. La fée en devient accro et méchante. Ses copines Petrol’Kiwi et Pimprenouche s’en inquiètent et vont essayer de la sauver.
Deuxième partie : la quête. Pimpin et Pétrol sont obligées de se rendre dans la Terre du Mitan pour détruire ce miroir. Aidées par un jeune croque elles vont suivre des nains et leurs amis (les hobbits du Seigneur des Anneaux et leurs alliés) et finir leur parcours questuel avec l’explosion du volcan.
Troisième partie : par inadvertance le miroir magique et malsain se retrouve cuillère de tambouille chez les hybrides qui deviennent conscients et... humains, ressentent l’envie, la haine, inventent la guerre et c’est ainsi que tout commence.
Même si la fin n’est pas d’une gaité folle, l’ouvrage est jubilatoire. Les nestis appellent ça une parodie mais, amtocha, ce n’en est pas. C’est une vision distanciée et gentiment critique des codes et des poncifs de la fantasy. Les remarques et réflexions de nos deux héroïnes fées (Pimprenouche qui aime les dames et Pétrol’Kiwi qui aime la castagne) sont très loin d’être bêtes et les deux sont parfaitement conscientes de tout ce qui se passe autour d’elles. On ne peut que les trouver sympathiques et partager leurs analyses sur la quête, la fantasy et la vie en général.
L’écriture est parfaite, légère et drôle, intelligente et aérée, subtile et cultivée. Par exemple, les nounours deviennent des nyarlatotheps et tout smouales sont les borogoves.
Vive Catherine Dufour, bien partie pour l’immortalité, avec du goût ou moins six minutes.
Mais, parce qu’il en faut pour tenir ma réputation et justifier mon pseudo, j’émets des réserves appuyées sur l’utilisation d’une police cursive aux majuscules limite du lisible pour les dialogues, et sur l’illustration de couverture, genre chacun ses goûts mais c’est pas le mien. Voir ci-contre.
Que ça ne vous empêche pas de lire le bouquin, vous ne serez pas déçus. C’est du très très bon.