La vie de Teehu n’était pas un long fleuve tranquille, elle la métisse d’Australie. Très jeune, elle était assaillie par des visions de personnes dont elle ignorait l’identité. Il lui suffisait de toucher quelqu’un, quelque chose possédée par une personne pour voir affluer ces images. Ses parents se moquaient un peu d’elle mais sa vie était alors paisible. Malheureusement, le destin allait faire s’écrouler son quotidien. Les problèmes d’argent firent sombrer son père dans l’alcoolisme et la violence conjugale. Dans un ultime moment d’ébriété, il faillit tuer sa famille mais ce sera Teehu qui le fit passer sous les roues de leur pick-up. Sa révélation viendra de Camille car grâce à elle, Teehu découvrit que les images qui la hantaient étaient en réalité celles des alter ego des personnes qu’elles touchaient. Alors c’est tout logiquement qu’elle fit partie des pionniers. Tout semblait être créé pour ceux comme elle, mais son don fut aussi sa malédiction car peu à peu, Teehu découvrit ce que cachait réellement le Ridvan Garden’s...

La première saison de « Alter Ego » s’était achevée sur une scène pleine de suspense avec l’ultime rencontre de tous les protagonistes. Surtout, l’existence des Alter Ego étant devenue publique, il était certain que le monde allait changer. Toutefois, Renders et Lapière ne pouvaient nous laisser sur ce final, avec trop de questions en suspend. Il fallait donc une seconde saison pour nous en dire plus, sur nombre de personnages plus ou moins attachants que nous avions rencontré au cours de nos lectures. Pourtant, l’héroïne de ce premier nouveau tome est une parfaite inconnue : Teehu. Celle-ci possède la capacité des médiums capables de voir les liens entre alter ego. Un don ou une malédiction ? La question restera sous-jacente durant tout ce tome qui lui est dédié. Ce nouveau personnage est une vie gâchée, qui pense trouver un moyen de reprendre goût à la vie en intégrant une secte... Oui, cela peut paraître incohérent, mais le parcours de Teehu est malheureusement symbolique de celui de nombre de personnes qui sont embrigadées dans toute sorte de sectes. Ce qui semblait être une oeuvre humaniste est détourné de ses valeurs pour ne devenir qu’un immonde marchandage d’êtres humains.

Doit-on alors s’étonner de retrouver au cœur de ce trafic Noah, le « méchant » de la première saison qui voyait ses espoirs d’immortalité et de richesse partir en flamme à la fin d’« Ultimatum » ? Ce qui est plus surprenant est de le voir marié à Zelia, son alter ego qu’il viola et fit son esclave sexuel. Est-ce encore une forme de syndrome de Stockohlm ? En fait, la psychologie de la jeune femme est ou très complexe ou trop simpliste, en tout cas, elle nous expliquera son geste par le besoin de pardonner à ses bourreaux. Bon, l’épouser et élever l’enfant de son viol peut paraître un rien extrême dans le pardon. Mais cela en fait un personnage tragique car cette amour et cette confiance dans Noah va en réalité l’aveugler sur les véritables activités de ce dernier. Ce premier tome nous montre donc la première catégorie de personnes de l’après-révélation : celles qui vont exploiter le filon et utiliser cette connaissance pour se faire de l’argent. Ce sera évidemment ici une arnaque.

Encore une fois, je n’adhère pas au style graphique de Efa que je trouve trop enfantin, ce qui ne permet pas au scénario de voir son intensité parfaitement mis en images. On peut aussi regretter des erreurs grossières de colorisation, avec des T-shirt changeant de couleurs en passant d’une vue de loin à un gros plan, le genre d’imprécision qui gâche le plaisir de la lecture. La colorisation n’est décidément pas le point fort de ce tome, les teintes par ordinateur étant trop uniformes et ne permettent pas ici le dégradé attendu pour le rendu des ombres.

Dommage donc que le dessin ne suive pas la qualité du scénario de Renders et Lapière qui s’avère plutôt intéressant, pour lancer cette seconde saison d’« Alter Ego ».

Saison 2 : Teehu
 Série : Alter Ego
 Concept : Pierre-Paul Renders
 Scénario : Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
 Dessin des personnages et storyboard : Efa
 Dessin des décors : Luca Erbetta
 Couleurs : Benoit Beckaert, Christian Lerolle
 Couverture : Efa
 Éditeur : Dupuis
 Dépôt légal : 22 novembre 2013
 Pagination : 64 pages couleurs
 ISBN : 9782800157740
 Prix public : 12 €

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Illustrations © Mathieu Reynès, Benjamin Benéteau et Dupuis (2011)