Nous terroriser avec son Paris dévasté dans « L’Évangile Cannibale » n’a pas suffi à Fabien Clavel : il récidive dans ce « Métro Z », excellent thriller pour ados. Grands, de préférence, parce que tous les bons ingrédients de l’horreur sont là.
L’intrigue est très ancrée dans le réel : dans un Paris légèrement futuriste (du genre l’année prochaine), un attentat terroriste dans le métro noie les rames accidentées dans le gaz sarin, un puissant neurotoxique. Emma, l’héroïne, ne doit son immunité qu’aux effets secondaires de son médicament contre le mal des transports. Dehors, ainsi qu’elle va le découvrir, la réaction des forces de police et du gouvernement a été rapide : le métro est mis en quarantaine, on enferme les survivants pour les empêcher de contaminer l’extérieur, ou simplement pour étouffer l’affaire. Grâce à un poste de radio, Emma apprendra ce qui se passe à la surface, grâce au reportage de Lana Blum, au passage un personnage récurrent de Fabien Clavel, également au cœur de l’information dans « L’Évangile Cannibale ».
Si ces zombies n’en sont pas au sens strict du terme, ainsi que le petit dossier en fin de volume nous l’explique, ils en ont les caractéristiques : une sorte d’apathie collective, un déplacement lent et en groupe, des codes à eux (ils sont incapables de « franchir une frontière », une ligne blanche au sol peut les obliger à un détour). Mais ainsi qu’Emma en sera témoin, un simple changement dans leur routine de déplacement oscillant suffit à les changer en créatures violentes et cannibales. Comme les crises de son frère autiste (enfin, sauf le cannibalisme).
Errant à la recherche de son frère, fuyant les monstres, Emma va s’enfoncer dans les couloirs sombres du métro parisien. Elle va y rencontrer C-Byl, une rebelle graffeuse qui ignore tout de la catastrophe. Complémentaires, elles vont à elles deux parvenir à sauver Natan des zombies, mais surtout à regagner la surface où un danger plus grand encore les attend.
Fabien Clavel n’épargne pas grand-monde dans « Métro Z » : si Emma est imparfaite, maudissant son petit frère (et sa maladie) d’accaparer l’attention de leurs parents, ce sont les adultes qui en prennent pour leur grade : le père de C-Byl, dont elle brosse un portrait peu reluisant l’alcoolique violent ; Méléard, un adulte survivant qui va cumuler tous les défauts du mâle blanc riche, pensant que son argent peut tout acheter, y compris sa survie au détriment des autres ; et enfin les entités au pouvoir, gouvernement, police, etc. Seule la presse, avec Lana Blum, s’en sort mieux, mais on comprend vite qu’elle est une des rares à oser enquêter et ne pas se laisser museler.
Prenant, haletant, terrifiant, ce nouvel opus de la collection Thriller de Rageot, où l’auteur a déjà signé « Nuit Blanche au Lycée » et « Décollage immédiat » est encore une fois excellent, sur la forme comme le fond, propre à divertir les jeunes (et les autres) tant qu’à les faire réfléchir sur le monde d’aujourd’hui et de demain.
Titre : Métro Z
Auteur : Fabien Clavel
Couverture : Tim Robinson / Archangel Images
Éditeur : Rageot
Collection : Thriller
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 214
Format (en cm) : 14 x 21,5 x 2
Dépôt légal : juin 2014
ISBN : 9782700243192
Prix : 9,90 €