Luke et Brad Burns sont fils d’émigrants irlandais. Mais dans une Amérique protestante, il est très difficile pour des catholiques de trouver du travail. Et si le plus jeune, Luke, est parvenu à trouver un boulot mal payé sur les docks, Brad ne semble pas pressé de trouver un emploi. Seulement, ce qu’ignore le petit Luke, est que, la nuit venue, Brad revêt la tenue de l’assassin du clan des Grave Diggers : le Grim Reaper. Reconnaissable par son imperméable et son pistolet muni d’une lame, il sème la terreur dans tout le sixième district, tuant les cibles que lui indique son employeur : Gene McDowell. Clan rival, flics, peu importe qui est désigné, le Grim Reaper accomplit sa tache, avec toutefois un seul homme qu’il tuera gratuitement avec plaisir : son propre père.
Après « Rainbow » et le one shot horrifique « Hideout », Masasumi Kakizaki revient, cette fois, avec un western largement inspiré par le film de « Gangs of New York » de Martin Scorcese. On se retrouve en 1865, soit vingt ans après la période où se déroule le film de Scorcese, exactement au même endroit : Five Points. Le quartier n’a guère évolué et subi toujours la tyrannie des gangs. L’atmosphère créée par Masasumi Kakizaki est aussi noire et pessimiste que celle émanant de « Gangs of New York ». A New York, le crime paie et surtout, la vie humaine se monnaie comme n’importe quelle marchandise. C’est dans ce quartier proche du bidonville que nous suivons deux frères très différents : Luke, le jeune idéaliste, capable de risquer sa vie pour sauver celle des autres, et son frère Brad, fainéant le jour et assassin sans pitié la nuit.
Brad est donc l’incarnation du beau ténébreux au passé encore mystérieux, qui ne vit que pour se venger de son père. Brad est l’archétype de l’assassin sans remords ni sentiments, mais qui cherche à rester juste. Finalement, il ne tue que des pourris, même si cela reste pour le compte d’autres pourris. Il ne fallait pas s’attendre à se retrouver au pays des bisounours avec Masasumi Kakizaki. Son univers est assez immoral, même si un crime ne restera jamais vraiment impuni. Nous sommes loin d’un zorro, se rapprochant des Vigilants américains.
Le style graphique de Masasumi Kakizaki est toujours aussi impressionnant, avec ces pleines pages qui n’attendent que la couleur pour définitivement prendre vie. Son style est très réaliste, les personnages ont de vraies gueules de seinen et expressifs parfois jusqu’à la caricature. En tout cas, c’est un plaisir visuel garanti, l’ambiance western est parfaitement rendue par des décors très présents pour permettre l’immersion et des tenues dignes des films du genre. « Green Blood » se regarde comme un western moderne où le héros aurait tendance à prendre comme exemple le cowboy sans nom incarné par Clint Eastwood dans « L’Homme des Hautes Plaines ».
« Green Blood » frappe fort avec ce premier tome et n’aurait qu’un seul défaut : ne durer que cinq tomes.
Green Blood (T1)
Auteur : Masasumi Kakizaki
Traducteur : David Le Quéré
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 198 pages
Date de parution : 4 juillet 2013
Numéro ISBN : 978-2-35592-549-8
Prix : 7,65 €
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GREEN BLOOD © Masasumi Kakizaki / Kodansha Ltd.
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