Genre : horreur (contaminés contagieux) et métaphore sociale
Durée : 1h21
Interdit au moins de 12 ans
Avec Nick Damici (Clutch), Antone Pagan (Peter Pace), Tim House (Ross), Larry Fleischman (Charlie), Bo Corre (Kay), Ron Brice (Coco), John Hoyt (Big Vic), Kim Blair (Casey), Lou Torres (Larry le patron du bar), Sarah Dickinson (la petite fille), Jim Heater (le prêtre), etc.
Alors que la canicule s’est installée au-dessus de la ville de New-York, plusieurs usagers du métro sont attaqués par des rats particulièrement agressifs. Pour une raison inconnue, les victimes développent une très étrange maladie qui les transforme très vite en rats mutants sanguinaires et très contagieux.
Mal contenue, l’épidémie s’étend dans tout Manhattant, très vite déclarée zone interdite. Les résidents d’un immeuble situé dans Mulberry Street tentent de survivre en attendant que les autorités s’intéressent à eux. Mais tout le monde s’en fout un peu. Le maire est en vacances, la police débordée, et après tout, ce sont les pauvres qui morflent les premiers !
C’est la crise et la grande misère ! Et comme à l’habitude, à situation de crise, les films de zombies (ou apparentés) se ramassent à la pelle.
Bien que le projet ait été lancé en 2006 par une bande d’apprentis cinéastes sans grands moyens, on comprend dès les premières images de ce « Mulberry Street » que Jim Mickle (réalisateur et scénariste) savait exactement ce qu’il voulait faire de son film.
La séquence d’ouverture, hommage évident au premier « Rocky », est une ôde à l’Amérique prolétarienne, ces petites gens qui font la richesse de la première puissance économique mondiale mais souffrent, triment et survivent dans la rue au quotidien.
Dès la seconde scène, on croise aussi, très brièvement, un prêtre au look d’illuminé qui n’est pas sans rappeler un personnage digne de John Carpenter.
Ensuite, la contamination provoquée par des rats particulièrement agressifs va lancer le scénario sur un canevas directement inspiré par « La Nuit des Morts Vivants » de George A. Romero.
À savoir, un immeuble anonyme qui va servir de Fort Alamo dans la tourmente horrifique. Là, un ancien boxeur, veuf et très solidaire de ses voisins, attend le retour de sa fille, engagée dans l’armée pour une guerre lointaine contre le terrorisme. Il y a aussi une mère célibataire d’origine européenne, barmaid la nuit, dont le fils commence à flirter avec la petite délinquence, deux vieux amis qui se partagent un appart histoire de limiter les frais (le plus âgée est un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale en train de crever à petit feu de ses poumons malades, l’autre est quasi sourd), un copain homo et son ami, ainsi que d’autres anonymes.
Tous s’entraident plus ou moins et tentent de sauver leur immeuble de la ruine et des pannes à répétition, mais aussi des visées d’un groupe immobilier à qui la justice a donné le droit de récupérer la zone pour tout y raser afin d’édifier des lendemains qui chantent.
Évidemment, comme si cette débacle collective et sociale ne suffisait pas, les résidents de l’immeuble vont aussi devoir survivre face à une menace implacable qui prendra la forme d’une maladie transformant chaque être humain mordu en rat humanoïde contagieux
Tout bon film d’horreur sérieusement fait, traîne avec lui une critique polique ou sociale, souvent métaphorique, de la société dont il cause.
Jim Mickle respecte cette règle à la lettre et boucle parfaitement son challenge. Des échos de moteurs d’avions ou des turbines d’hélicoptères qui foncent mystérieusement vers les buildings de la Big Apple à la détresse d’une population totalement abandonnée par les autorités, on pense évidemment aux événements du 11 septembre tout autant qu’aux innondations ayant touché Saint-Louis en Louisiane. Et toujours en fond sonore cette critique des années « Dabeulle iou Bouche » avec sa misère sociale prégnante et la détresse des individus abandonnés par un système sans pitié.
Tourné dans l’urgence, sans grands moyens, avec une débrouille évidente dans les cadrages, le film tient surtout par son scénario et ses acteurs -tout particulièrement le cabossé Nick Damici (Clutch) et la belle Kim Blair (Casey) dont on devrait très vite reparler sur grands ou petits écrans).
Les dialogues sont aboutis et crédibles, les situations réelles parfaitement interprétées et bien senties.
Malheureusement, car il y a un malheureusement, si les maquillages et les effets spéciaux de la partie horrifique de ce « Mulberry Street » tiennent la route, la répétion du fil conducteur des séquences à suspense plombent un peu l’ambiance.
Shématiquement, le principe est identique. Réfugiés dans leurs appartements, les survivants finissent toujours par commettre la bourde (maladroite et ridicule) qui fera qu’ils passeront globalement tous à la casserole. Décevant, on s’attendait à mieux dans un film qui ne manque pas d’intelligence.
Néanmoins, ne soyons pas trop négatifs, sur un principe similaire à la claque « REC » (débrouille des moyens, lieux de tournages réduits, acteurs inconnus, petites gens confrontées à l’horreur) ce « Mulberry Street » remplit son contrat et fait office d’œuvre originale et intéressante à ne pas rater.
Un film de “contaminés” qui revisite finalement l’exercice de style « zombies » en utilisant habilement la métaphore sociale et politique.
Très (trop ?) sérieusement pensé, sauf dans ses imperfections horrifiques, il s’agit d’un bon exemple de cinéma indépendant que l’on aime forcément défendre et encourager malgré ses défauts.
Sélections et récompenses en Festivals : sélectionné dans de nombreux festivals : Tribecca Film Festival 2007, Stockholm Film Festival 2007, Fant-Asia Film Festival 2007 (Meilleur film), Amsterdam Fantastic Film Festival 2007 (Black Tulip du meilleur film), Toronto After Dark Film Festival 2007 (Meilleur film indépendant).
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Mulberry Street (2006)
Réalisation : Jim Mickle
Scénario : Nick Damici, Jim Mickle
Producteurs : Adam Folk, Linda Moran
Producteur exécutif : Victor Assante, Tim House
Co producteur : Rene Bastian
Musique originale : Andreas Kapsalis
Photographie : Ryan Samul
Montage : Jim Mickle
Décors : Beth Mickle, Danny Perez
Costumes : Vonia Arslanian
Maquillages : Lisa Garr
Son : Jim Mickle
Effets spéciaux : Adam Morrow
Effets visuels par : Jim Mickle
Cascadeurs : Steve Bodi, Maurice Davis, Adam Morrow, Marek Trochan
Production : Belladonna Productions, Mulberry Street Films LLC (USA)
Distribution : After Dark Films (USA, ciné), Ascot Elite Home Entertainment (Allemange, DVD), G2 Pictures (Grande-Bretagne, ciné & DVD), Lions Gate Films Home Entertainment (USA, DVD)
Édition DVD : Opening (France)
Distribution DVD : SPHE (France)
Presse DVD : Dark Star (France)
Critique sortie DVD « Mulberry Street » (6 mai 2009) sur la Yozone
SITE INTERNET
Site officiel : http://www.mulberrystreetmovie.com/ (en anglais)