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Trilogie des Joyaux (La), tome 2 : Le Chevalier de Rubis
David Eddings
Pocket, Fantasy, roman (USA), fantasy, 539 pages, avril 2022, 12,40€

Désormais en possession des connaissances nécessaires pour sauver la reine, Emouchet et ses compagnons partent à la recherche d’une joyau perdu depuis des siècles, avec à leurs trousses les sbires du primat usurpateur et les séides zombifiés de Zémoch.



Dirais-je que mes craintes étaient justifiées ? Tout le volume central de cette trilogie est donc consacré à la quête d’un artefact perdu, que tout le monde cherche depuis des siècles. Pas le Graal, mais tout comme.

En quittant la capitale élène, le primat essaie encore de leur faire des misères, et ils sont un temps obligés de se séparer pour s’assurer qu’Annias ne tentera pas un coup de force politique en l’absence des ordres combattants. Mais ensuite, les voilà partis sur les routes, le nez en l’air, à la recherche d’un champ de bataille mal localisé en croisant les doigts que les légendes et les chroniques ne racontent pas n’importe quoi. Leur méthode est originale : interroger les vieux en espérant que leurs propres grands-parents leur aient transmis les souvenirs de la bataille... J’en suis venu à soupçonner une influence pour le Perceval d’Alexandre Astier, dans cette propension aux vieux, souvent, comme dans « Kaamelott », des pénibles tous moisis qui vous renvoient vers d’autres plus vieux et plus moisis (bon, à la fin, parfois on tombe sur le saint-suaire et les clous de la sainte croix).
Ils font quand même appel à un noble local, féru d’Histoire et à la méthodologie un peu plus empirique, et en profitent pour exorciser sa femme tombée sous le charme d’Azash, le dieu maléfique. À leurs trousses, ils ont un démon insectoïde, qui leur cause quelques soucis, à zombifier les populations locales, et ils finiront par l’affronter. Ils relèveront d’antiques morts sur le champ de bataille pour les questionner (un truc repris avec plus d’humour dans le récent « Donjons et dragons : l’Honneur des Voleurs »)
Un dernier adversaire apparaîtra : le troll Ghwerig, façonneur du Bhelliom, rendu fou par son absence comme Gollum par le vol de l’Anneau.

Tandis que notre petit groupe poursuit sa quête, on voit la tension politique monter, les forces du mal commencent à faire pression aux frontières. Émouchet et les siens se font un temps enrôler de force par un roi voisin, et il faut toute leur ruse et un peu de discrétion pour leur fausser compagnie.

On retrouve bien sûr dans « Le Chevalier de Rubis » tout ce qui avait pu nous plaire dans le premier tome : des réparties pleine d’humour noir, des personnages gouailleurs et un peu cyniques, une tension politique de fond...
Mais on retrouve aussi tout ce qui faisait (pour ma part) l’ennui de « la Belgariade » : ce tome est une errance d’une info à l’autre, une quête à rallonges un peu artificielle, d’autant plus que leur succès laisse présumer de l’incompétence des tentatives des siècles précédents. On finit aussi par se lasser des doubles pages, pour ne pas dire des chapitres entiers de dialogues purement factuels, de transmissions de consignes... si quelques-uns font ressentir les liens qui les unissent, la montée en tension ou le caractère de chacun, 80% bénéficieraient d’une simple phrase narrative.

La nouveauté vient de Flûte, qui sort de son mutisme, à leur grande surprise, et révèle ce dont on se doute depuis les premiers commentaires de Séphrénia après son « adoption » : elle est bien plus qu’une petite fille. Redoutable magicienne, plus que la Styrique qui a formé les chevaliers, elle prend la direction de la quête, sans doute lassée elle aussi que cela traîne et risque d’échouer. Et pas un adulte ne moufte, même après avoir exprimé leur stupéfaction les uns après les autres. De même, on sourit toujours aux larcins de Talen, à ses relations qui se normalisent avec son père.

On a la satisfaction d’une bagarre finale à la hauteur de nos espoirs, dramatique et tragique au possible, et la confirmation que le brave et stoïque Émouchet n’a pas été choisi par hasard.

Sans perdre de vue qu’il s’agit d’un ouvrage vieux de 30 ans, et en le comparant à d’autres productions contemporaines, il faut convenir qu’Eddings gonfle ses histoires (peut-être une demande éditoriale ?) et que ce second tome, comme le précédent, n’aurait pas perdu tant de saveur à maigrir d’une bonne centaine de pages.

J’appréhende un peu le troisième et dernier volume, encore plus épais, qui devrait en toute logique voir le Bien l’emporter sur le Mal à l’issue de péripéties qu’on espère un peu moins artificielles. Au risque de lire en diagonale.


Titre : Le chevalier de rubis (the ruby knight, 1991)
Série : La trilogie des joyaux, 2/3
Auteur : David (et Leigh) Eddings
Traduction de l’anglais (USA) : E.C.L. Meistermann
Couverture : Nicolas Galkowski
Éditeur : Pocket
Collection : SF/Fantasy
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 5577
Pages : 539
Format (en cm) : 18 x 11 x 2,5
Dépôt légal : avril 2022
ISBN : 9782266170673
Prix : 12,40 €


La trilogie des Joyaux :
Le trône de diamant
Le chevalier de rubis
La rose de saphir


Nicolas Soffray
5 juillet 2023


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