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Pont sur la brume (Un)
Kij Johnson
Le Bélial’, Une Heure-Lumière, n°5, court roman traduit de l’anglais (États-Unis), science-fiction, 126 pages, Août 2016, 9,90€

Un fleuve de brume scinde l’empire en deux. La traversée ne s’effectue qu’à bord de bacs, mais elle s’avère dangereuse et possible uniquement si les conditions s’y prêtent.
Kit Meinem D’Atyar est chargé d’ériger un pont en travers de ce fleuve qui abrite bien des mystères et est regardé avec respect et crainte.
L’architecte rencontre notamment Rasali Bac de Loinville qui assure ses passages entre les deux rives et lui permet de découvrir un monde inconnu pour lui.



« Un pont sur la brume » est couronné d’une flopée de prix catégorie novella : celui des lecteurs de la revue Asimov’s, le Nebula et le Hugo 2012. Autant dire que la barre est placée haut !

L’élément imaginaire de ce livre est indiqué dans le titre, le pont n’est pas au-dessus d’un fleuve normal mais au-dessus de la brume. Une brume sur laquelle la navigation est possible, mais à ses risques et périls. La surface n’est quasiment jamais plane, mais parsemée de trous plus ou moins importants. Il faut être en symbiose avec cet élément pour l’apprivoiser, mais les passeurs ne font pas de vieux os. La brume alimente aussi les imaginations, des Géants y vivraient et il ne faut surtout pas les mettre en colère. Tous ceux tombés dans la brume n’en sont jamais revenus.
Kit est chargé de faire fi de cette barrière dangereuse en construisant un pont l’enjambant. « Un pont sur la brume » repose entre autres sur la construction de cet ouvrage d’ingénierie avec tous les problèmes allant de pair, mais aussi sur la fin d’une époque, celle des passeurs qui ont un rapport privilégié avec la brume.

À travailler ensemble, Kit et Rasali, symbolisant les deux mondes, apprennent à s’apprécier. Chacun est attiré par l’autre et cherche à comprendre ses motivations. Kit, l’ambassadeur du progrès et d’une civilisation n’acceptant pas l’inconnu, est en train de détruire ce qu’a toujours connu Rasali. Si elle n’ignore pas les risques énormes pris à chaque traversée, elle n’en savoure pas moins le frisson.
Kit est d’une lignée de bâtisseurs. Un projet chasse l’autre. Le pont est son plus grand défi, mais une fois achevé, un autre l’attend.
À se côtoyer, leur avenir peut-il être révisé ? Peuvent-ils sortir d’un chemin déjà balisé ? Leur relation évolue au fil de la construction du pont, les deux avancent de concert et alimentent l’intérêt de ce court roman.

Si l’on peut juger l’élément fictif mince et abordé en arrière-plan, il participe pleinement à l’atmosphère de l’histoire. Naviguer à sa surface nous plonge dans l’irréel, les habitants du coin vivent avec la menace dans l’esprit, car chaque action peut entraîner une réaction des Géants.
Le décalage s’avère assez subtil, l’ambiance étrange prenant le pas sur la normalité. Effectivement, il est facile de se laisser abuser et de penser à un vulgaire pont jeté au travers d’un fleuve. Tout l’art de l’auteure réside dans cette propension à nous projeter dans sa création légèrement détournée.

« Un pont sur la brume » se lit d’une traite. Il transporte les lecteurs vers un ailleurs proche et éloigné à la fois. La brume avec ses mystères et ses deux personnages principaux sont rapidement adoptés. L’élément humain se situe au centre des préoccupations de Kij Johnson qui montre que rien n’est figé, car l’homme doit s’adapter au progrès. Il n’a pas le choix, il doit vivre avec, même s’il remet en question son univers.
Un roman envoûtant qui peut, sans problème, plaire au plus grand nombre.


Titre : Un pont sur la brume (The Man Who Bridged the Mist, 2011)
Auteur : Kij Johnson
Couverture et conception graphique : Aurélien Police
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Sylvie Denis
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Une Heure-Lumière
Numérotation dans la collection : 5
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 126
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : août 2016
ISBN : 9782843449086
Prix : 9,90 €


Autres titres de la collection
- 1. « Dragon » de Thomas Day
- 2. « Le nexus du Docteur Erdmann » de Nancy Kress
- 3. « Cookie Monster » de Vernor Vinge
- 4. « Le choix » de Paul J. McAuley


Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
23 septembre 2016


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