Jack Ketchum nous livre là un roman particulièrement éprouvant. En postface, il explique que l’histoire lui est venue d’un fait réel, ce qui rajoute encore une dose d’horreur à l’ensemble.
Toutefois, comme il s’est inspiré d’une histoire vraie, il est difficile de faire la part des choses, de distinguer la part du réel de la part inventée, ce qui peut faire penser que Jack Ketchum en rajoute sûrement, notamment sur l’enfance de Lydia, alors que cela ne sert pas vraiment le récit. Il greffe aussi une intrigue parallèle sur une série de meurtres affreux, comme s’il fallait en rajouter dans l’horreur.
Contrairement à elle, le lecteur sait d’emblée qu’Arthur est un mauvais homme, même si l’auteur reste assez vague sur ses actes de jeunesse. Lydia met un moment à le comprendre et, si elle le quitte, c’est suite à la violence qu’il lui a manifestée une fois, révélant alors son vrai visage. Jusqu’ici elle n’avait rien à lui reprocher vis à vis de leur fils, comme si c’était trop horrible de seulement envisager une telle solution au comportement de Robert.
Même en évitant de trop en dire, chacun aura compris qu’il s’agit de maltraitance, mais c’est pire que ce que l’on peut imaginer. Arrivé à ce stade du roman, quand chacun saisit l’horreur de la situation, l’écœurement survient, car c’est particulièrement malsain. Il faut prendre sur soi pour poursuivre la lecture qui nous entraîne vers le tribunal pour traiter de l’accusation de Lydia envers Arthur, le père de Robert.
La lecture s’avère éprouvante, car Robert est déchiré par ce qui arrive. La justice ne va pas forcément dans la direction souhaitée, elle est parfois injuste. Lydia ne peut accepter que du mal soit fait à son fils et elle se transforme en tigresse prête à tout. Arthur, bien sûr, montre quel homme abject se cache en lui. Comment cela peut-il finir ? Peut-il seulement y avoir une fin à une telle histoire ?
C’est dur, désespérant sur la nature humaine qui peut se révéler si malsaine. Rapidement, l’espoir a déserté les pages de ce roman qu’il vaut mieux éviter de lire si l’on est déprimé ou trop sensible. Impossible de rester indifférent, de lire sans que les méninges tournent à plein.
Quasi tout du long, l’histoire distille le malaise dans l’esprit des lecteurs. Un fait réel a inspiré « Fils unique » à Jack Ketchum, ce qui le rend d’autant plus éprouvant. Même sans vraiment rentrer dans les détails, préférant souvent la suggestion, l’auteur frappe fort et il est difficile de se remettre. La dernière page achevée, le soulagement nous gagne, mais pas l’oubli. Oh non !
Il est à noter que « Fils unique » couvre en réalité 346 pages, les 26 dernières présentant le début de « Comme un chien », le dernier roman de Jack Ketchum écrit en collaboration avec Lucky McKee et bien plus accessible.
Titre : Fils unique (Only Child, 1985)
Auteur : Jack Ketchum
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Benoît Domis
Couverture : Photographie © Hollandse Hoogte et Richard Brocken / plainpicture
Éditeur : Milady (édition originale : Bragelonne, 2009)
Collection : Thriller
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 382
Format (en cm) : 11 x 17,7
Dépôt légal : octobre 2017
ISBN : 9782811234676
Prix : 7,90 €
Autre roman de Jack Ketchum sur la Yozone : « Comme un chien » en collaboration avec Lucky McKee
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