Pendant que Ronald Nierdermann creuse un terrifiant sillon de morts tout au long de sa cavale, Blomkvist prépare la sortie du numéro spécial de Millénium, consacré au trafic de femmes en Suède. Il dérange ce poil à gratter de la presse indépendante suédoise et beaucoup ont peur qu’il n’exhume quelques cadavres planqués dans les affaires passées et présentes des mouvements fascistes qui s’agitent dans les couloirs du pouvoir.
A l’abri du secret défense, certains s’inquiètent de ces nuisibles qui bourdonnent trop près de leurs nauséabondes affaires. Blomkvist, Salander sont en plein cœur de la cible. Les cadavres vont continuer de s’amonceler et Lisbeth attend de se reconstituer pour être prête au dernier assaut. Peter Talaborian, le fameux psychiatre, doit craindre la piqûre mortelle de la guêpe ! Cette dernière, pour atteindre son but, devra accepter l’aide des rares personnes en Suède qui la croient innocente.
Après avoir animé le premier diptyque de “Millénium”, “Les hommes qui n’aimaient pas les femmes”, Runberg et Homs font un retour fracassant sur le premier tome du troisième diptyque, “La reine dans le palais des courants d’air”.
Suivant les romans, la série TV, le film, “Millénium” resurgit avec une force inouïe dans leur adaptation de l’œuvre de Stieg Larsson. Runberg impose une écriture limpide et incisive, un découpage très rythmé, instaurant une dynamique forte sur chaque action, qu’elle soit violente, dramatique ou dans une zone explicative, plus dialoguée. Le jeu de caméra est fluide, le découpage est redoutable - chaque action pratiquement se jouant en doubles pages, recto-verso -, les cadrages sont précis, avec un travail poussé sur les expressions des visages...
Tout ou presque est bon dans la partition de Runberg, superbement jouée par José Homs qui arrive, avec son dessin semi-réaliste très pêchu, à nous faire replonger avec envie dans ce sulfureux polar. Oui, j’ai trouvé une ou deux cases manquant un peu de relief ou de profondeur (p. 43), mais c’est vraiment histoire de pétouiller ! La couverture est particulièrement réussie, splendide écho graphique du travail de José Homs et de Vernay aux couleurs.
La course de Lisbeth Salander pour gagner son effroyable guerre contre l’horreur a repris avec un magnifique élan dans cette adaptation BD très réussie. Le sixième et dernier album de “Millénium”, dessiné cette fois par Manolo Carot, est déjà disponible (depuis le 25 septembre). Je regrette un peu cette coupure dans l’unité graphique sur le même diptyque, sans doute parce que j’apprécie particulièrement le dessin de Homs.
(T5) La Reine dans le palais des courants d’air (première partie) Série : Millénium
Scénario : Sylvain Runberg
Dessins : José Homs
Couleurs : Homs et Vernay
Éditeur : Dupuis
Collection : Grand Public
Pagination : 64 pages couleurs
Dépôt légal : 27 mars 2015
Numéro ISBN : 9782800163222
Prix public : 14,50 €
À lire sur la Yozone :
Millénium le Film
Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Millénium 2 - La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette
Illustrations © José Homs et Éditions Dupuis (2015)