La meute du Griffon, maintenant sous les ordres de Un-Croc, atteint le temple des Faiseurs, les individus capables d’utiliser la magie et d’invoquer les esprits-fées. Ils espèrent ainsi apprendre à relancer le sortilège qui protège le mur. Mais, comme le dit le maître des lieux, « l’altruisme se marie assez mal à la politique ». S’ils souhaitent en apprendre d’avantage sur le sortilège de protection, les membres de la meute devront escorter le dernier héritier du trône des Trois Cités. Le jeune Voï-Fut Ju avait été laissé sous la protection du temple pour parfaire sa formation de Faiseur, la succession au trône étant assurée pas ses frères aînés. Mais un terrible complot menace la seigneurie des Trois Cités. Toute la famille a été assassinée, sans doute par un temple de Faiseurs concurrent souhaitant s’octroyer les faveurs du prochain seigneur. Pour le maître du temple, il est vital que le jeune Voï-Fut Ju atteigne la province des Trois-Cités, y soit couronner et renouvelle le traité avec son temple d’adoption. Ce n’est donc qu’à cette condition que le maître Su-Ku acceptera d’enseigner le moyen de renouveler le sortilège. La meute n’a pas le choix, elle accepte la mission.
De son côté, l’ancien chef de meute Kan-Um est toujours prisonnier des forces ténébreuses. Ses forces lui reviennent et sa volonté est mise à rude épreuve par la sorcière Dame-Murène qui souhaite l’enrôler. Arrivera-t-il à conserver sa loyauté pour son ancienne meute ?
Le scénario de ce deuxième tome est a priori assez classique. Mais Nicolas Jarry a su densifier la trame narrative grâce au développement de la psychologie de ses personnages. Les relations conflictuelles entre certains héros, comme la tueuse Danse-grise et la faiseuse Dame papillon, enrichissent le récit. L’aspect politique de l’histoire, avec son jeu de complots, d’accords bafoués et d’ambitions personnelles, donne également une nouvelle orientation au récit. Ce deuxième épisode nous propose donc un subtil équilibre entre les avancées de la trame principale, la connaissance des personnages et une aventure qui se suffit à elle-même.
Les graphismes sont toujours aussi magnifiques. Cet univers nippo-fantastique est un régal pour les pupilles. Les décors, souvent dessinés dans de grandes cases, sont détaillés. Les personnages sont bien modélisés et totalement crédibles. Voir des orcs en armure de samouraï ne choque personne.
Les deux gobelins expressifs sont un peu plus en retrait que dans le premier épisode. Il y a donc un peu moins d’humour dans cet épisode mais cela se ressent à peine, les nombreuses scènes d’actions interdisant l’ennui à la lecture. Le cadrage et le découpage des planches dynamisent également les scènes.
Cette histoire prépare, on le sent déjà, des évolutions importantes dans le récit. Ainsi, la meute, imperturbable, semble vouloir assurer sa mission, quel qu’en soit le prix à payer. Tout ce qui compte est le couronnement du jeune seigneur. Nos héros, sous les directives de l’Intendant, semblent prêts à tout pour atteindre cet objectif. Pourtant, cette décision ne peut pas être sans effet sur les autres protagonistes. Cet inévitable dommage collatéral perturbe certains membres de la meute, comme Pisteur et Héraut. Cela aura sans doute une incidence dans les épisodes à venir. De même, la loyauté relative de Dame Papillon aura sans doute des conséquences importantes dans l’avenir. Enfin, le fait que Kan-Um guérisse peu à peu de ses blessures nous laisse présager de scènes de combats mythiques dans les prochains albums.
Cependant, cette construction du récit sur le long terme à un prix. Ou plutôt un coût. En effet, le nombre d’albums qui constitueront cette série reste inconnu. Indéniablement, il sera important. Si vous souhaitez suivre cette saga, il faudra donc que votre porte-monnaie en accepte les conséquences. Pour le moment, les auteurs nous proposent un scénario à tiroir, dans lequel chaque révélation s’accompagne d’une quête à accomplir, d’un lieu à atteindre. Ce genre de trame narrative permet de construire un univers riche et florissant, mais nécessite de nombreux tomes.
Dans le prochain volume, “Ju-Œil-de-Dragon”, nos compagnons devront atteindre le palais d’un esprit-dieu et franchir ses quatre portes énigmatiques. Le secret de l’incantation du mur n’est pas prêt d’être révélé… pour notre plus grand plaisir.
(T2) Le Seigneur des Trois Cités : Série : Mercenaires
Direction de la série : Jean-Luc Istin
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Paolo Deplano
Couleurs : Silvia Fabris
Éditeur : Soleil Productions
Dépôt légal : 22 août 2012
Format : 234 x 323 mm
Pagination : 48 pages couleur
ISBN : 978-2-3020-2272-0
Prix Public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Mercenaires (T1) La Meute du Griffon
Illustrations © Deplano et Soleil Productions (2012)