Pour Uther, le respect ne peut être gagné que par la victoire sur le champ de bataille. Et pourtant, Merlin va lui imposer une condition pour qu’il puisse brandir Excalibur : de penser à son pays avant lui-même. Pour Uther, c’est une toute nouvelle conception du combat et il n’est peut être pas aussi bien préparé qu’il ne le pense. Toutefois, Uther va parvenir à prouver à tous qu’il est le roi que la Grande Bretagne attend. De son côté, Merlin est hanté par un rêve et pour le comprendre, il part demander conseil à la sage Viviane, une des dames d’Avalon. Pour elle, il n’y a pas de doute, Uther engendrera le roi digne d’Excalibur avec une femme d’Avalon, mais il ne sera pas ce roi. Pourtant, tous le respectent et même l’admirent, jusqu’à Gorloix, seigneur de Tintagel, qui cherche toutefois autre chose : le convertir au christianisme.
Jean-Luc Istin est un habitué de la collection Celtic des éditions Soleil, avec les séries « Les Druides » ou « Ys La Légende ». Il était même déjà entré dans le mythe arthurien à travers ses séries « Lancelot » ou « Merlin ». Mais avec « Excalibur Chroniques », le scénariste colle réellement au mythique « Le morte Darthur », qui est la base actuelle de la légende du roi Arthur et de son épée Excalibur. Le ton de ce premier tome est proche de la chanson de geste et destiné à un public adulte. Le récit n’hésite pas à jouer sur les ellipses, sautant d’une scène à une autre, parfois sans la moindre transition. Nous sommes loin de la BD classique à travers laquelle Istin s’est fait connaitre. Il attaque son récit plus en historien ou en conteur des temps anciens, où les légendes se véhiculaient par le parlé et non l’écrit. Istin se montre très sérieux dans sa retranscription du mythe Arthurien et nous expose clairement le passage des peuples anglais du paganisme au christianisme.
Le personnage central de ce récit est Merlin, l’enchanteur, l’intermédiaire entre le monde des mortels et celui d’Avalon où vivent les éternelles Dames du lac. C’est principalement à travers lui que se déroule l’histoire, même si Uther sera plus présent en fin de tome. « Pendragon » nous raconte l’avènement du premier roi devant unifier la Grande Bretagne et sa chute. Ne vous attendez pas un scénario avec des idées rocambolesques ou inédites sur le mythe d’Arthur, mais plus à une BD très sérieuse, mettant peut-être des aspects moins connus de la légende, la vie d’Uther n’étant pas celle qui est mise en avant dans les films ou les romans.
A scénario sérieux, dessinateur sérieux et Alain Brion n’a pas pris son rôle à la légère. Pour une fois, la couverture illustre parfaitement ce qui attend le lecteur en ouvrant ce tome : un dessin hyper réaliste, très adulte et surtout très beau. Certains pourront trouver ce dessin trop froid, proche de l’illustration. Mais en étant autant au crayon qu’on pinceau, Alain Brion parvient à jouer sur la chaleur naturelle des couleurs pour faire ressortir les émotions de ses personnages. Si le design de Merlin est classique, celui d’Uther est plus étonnant, mais surtout, Brion a fait l’excellent choix de coller ses armures avec l’époque où se déroule l’histoire. L’influence romaine et celte est criante, oubliez les armures moyenâgeuses issues de « La morte Darthur », l’histoire se déroule à la chute de l’empire romain, il est donc logique d’avoir une ambiance tenant à cette époque. Brion n’oublie pas la beauté féminine, ses dames du lac étant d’une plastique parfaite, presque divine.
« Excalibur Chroniques » oscille entre la BD et le beau livre, mais surtout est l’adaptation la plus fidèle depuis bien longtemps du mythe arthurien.
(Chant 1) Pendragon Série : Excalibur Chroniques
Scénario : Jean-Luc Istin
Dessin et couleurs : Alain Brion
Éditeur : Soleil
Collection : Soleil Celtic
Dépôt légal : 22 aout 2012
Format : 234x323 mm
Pagination : 64 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782302018907
Prix public : 14,95 €
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