A l’instar de nombreuses personnes, les livres de la Comtesse de Ségur, et plus particulièrement « Les Malheurs de Sophie », ont été les livres de chevet de mon enfance. C’est donc avec curiosité et enthousiasme que j’ai abordé cette adaptation en bande-dessinée... Ou plutôt en manga.
Évidemment, cet album n’en est pas un à proprement parler, mais le style de Manboou en est si clairement influencé qu’il semble plus adapté de le définir comme tel. N’étant pas forcément friante de ce genre de dessin, et surtout des personnages, je me garderai de donner mon avis sur le style en lui-même car il manquerait vraiment d’objectivité.
Propres et bien exécutées, on peut cependant reprocher aux planches leurs décors trop minimalistes et dépourvus de détails. Cette impression est renforcée par une colorisation aux teintes pastels manquant de force et de contrastes. La dessinatrice a clairement mis l’accent sur les personnages, dont elle a particulièrement soigné les tenues. Si les traits des visages peuvent sembler un peu durs et les parents manquer de maturité et être davantage de jeunes gens que des adultes, les expressions de chacun sont variées et leurs attitudes réalisées avec justesse.
Quant aux histoires, il faut avouer qu’elles perdent beaucoup de leur charme et de leur impact ainsi adaptées. En effet, les chapitres des « Malheurs de Sophie » ne reposent pas sur une chute finale, mais doivent beaucoup à la narration. Les caprices, crises de colère et bêtises imaginées par Sophie, la bienveillance et la juste sévérité de sa mère, la trop grande indulgence de sa bonne et même la grande politesse et maîtrise de soi de Camille et Madeleine passent un peu à la trappe. On le sait parce que c’est dit, mais on ne le sent pas comme on a pu le faire dans le livre d’origine. De plus, les conclusions tombent un peu à plat, car elles n’ont rien de spectaculaire. Punition et repentir sont encore une fois plus percutants lorsqu’ils sont rédigés. Là, réduits à l’essentiel, ils prennent trop souvent l’aspect de leçons de morale brutes et pas vraiment convaincantes. Cela n’est vraisemblablement pas dû au travail d’adaptation de l’auteur, qui a su rester fidèle aux histoires et au caractère de chacun, mais plus à l’essence même du livre qu’une adaptation résumée ne suffit pas à retranscrire. Enfin, on notera l’absence de certains chapitres, à l’instar de celui de l’âne de la couverture...
Soigné mais manquant de détails, tant dans le texte que dans l’image, c’est un bilan moyennement convainquant pour ce tome des « Malheurs de Sophie »...
Les Malheurs de Sophie Scénario : Maxe L’Hermenier
Dessin et couleurs : Manboou
Éditeur : Vents d’Ouest
Dépôt légal : 6 juin 2012
Format : 215x293mm
Pagination :48 pages couleurs
ISBN : 978-2-7493-0673-5
Prix public : 10,45 €
© Editions Glénat / Vents d’Ouest (2012)