La mode des « Commencements » ou « Origines » ayant le vent en poupe, quoi de plus normal de retrouver ce phénomène en BD. Après son triptyque « Je suis Légion » (paru chez les Humanos), Fabien Nury nous dévoile les fameuses « origines » de ces entités. Et quel meilleur point de départ que la mort du mythique Vlad Dracula Tepes et l’agonie de son frère Radu.
Dracula l’immortel meurt, mais son sang vit toujours et l’entité, qu’il contient, prendra possession de tous les corps qu’elle rencontrera. Une sorte de virus, qui va traverser l’éternité.
Les deux entités vont être séparées dès le début de ce tome et on devine rapidement que les quatre tomes, qui devraient constituer cette série, vont avoir pour fil rouge (sang !) la volonté inéluctable de se retrouver.
Un scénario violent et choc, rempli d’effets grand spectacle, lui donnant une ampleur cinématographique, sert de fondation à une histoire aux multiples facettes. Pour l’instant, Fabien Nury reste suffisamment clair et concis pour nous garder à ses côtés durant ses nombreux changements de corps et d’époques. Bien aidé en cela par l’originalité du visuel.
Ce premier opus ne voit pas moins de quatre artistes s’atteler aux pinceaux. Chacun ayant une époque ou un lieu différent à traiter.
Je ne suis pas vraiment pour ce genre de traitement, je l’ai même haï à l’époque, pas si lointaine que ça, où j’étais fan de comics et où je hurlais ma colère lorsque le dessinateur attitré quittait la série et que le remplaçant donnait une autre dimension (souvent beaucoup moins intéressante) au héros principal. Ici, ce n’est pas vraiment le cas puisque l’identité de l’acteur change avec le dessin. Mais avec une telle méthode, on s’expose facilement au risque de se retrouver face à un visuel déséquilibré sur l’ensemble du tome. Piège évitable si seul le traitement des couleurs varie en fonction des étapes.
Avouons que pour cet opus, le problème a toutefois été contourné par une belle maîtrise des intervenants, qui ont fourni un travail assez régulier.
Mathieu Lauffray (auteur de la somptueuse couverture) débute l’aventure à une époque barbare avec un résultat plus que convaincant, où la puissance et les cadrages millimétrés font mouche.
Il donne un point de départ de haut niveau que Mario Alberti fait perdurer avec tout de même une légère chute de précision du trait.
Zhang Xiaoyu, qui s’occupe de l’époque napoléonienne, livre un visuel dynamique, mais beaucoup moins précis et affublé d’une teinte pastel, qui contraste énormément avec le reste de l’œuvre.
Pour finir, Tirso renoue avec la finesse du trait et son traitement plus soft et classique colle parfaitement à l’esprit de la vie Londonienne qu’il illustre.
Un « commencement » qui démarre fort avec une intrigue basée sur une course-poursuite à travers le temps et qui est mis en images par un visuel convaincant dans son ensemble.
Affaire à suivre.
Les chroniques de Légion (T1) Scénario : Fabien Nury
Dessin : Mario Alberti , Tirso, Mathieu Lauffray, Zhang Xiaoyu
Couleur : Mario Alberti , Tirso, Mathieu Lauffray, Zhang Xiaoyu
Éditeur : Glénat
Collection : Grafica
Dépôt légal : 4 mai 2011
Pagination : 56 pages couleurs
ISBN : 9782723476232
Prix public : 13,50 €
Illustrations © Collectif et Glénat (2011).