La mission du trio est simple : au cœur de la forêt, sur une route au tracé si ancien que même les arbres n’osent la recouvrir, un village contrôlé par la Ligue ne donne plus de nouvelles. Les communications psychiques étant impossibles dans le Vert Océan, le groupe doit se rendre sur place afin d’apprendre ce dont il retourne et agir en conséquence.
Car on n’attaque pas un village de la guilde impunément. Si le hameau a subi une agression, alors le sang sera payé par le sang. Ainsi est la loi de la Ligue.
Mais sur le chemin, Ara, Muluk et Senn tombent sur une scène inattendue : les gardiens de la forêt mettent à mort un énorme ours semblant devenu fou. Seulement, quelque chose ne va pas.
Un esprit semble s’extraire de l’animal après son exécution, et prend possession d’un des gardiens de la forêt. Ce dernier essaie bien de se suicider en se tranchant la tête... Mais son corps, lui, ne meurt pas !
Il devient alors la cible de ses anciens congénères... La chasse est lancée.
Cependant, comme le dit Muluk, tout ceci ne les regarde pas... Du moins le pense-il... Ou bien... Peut-être ce qui est arrivé au village et l’étrange spectacle morbide des esprits seraient-ils liés ? Que cherchent exactement à faire les sorcières, en envoyant leurs agents au cœur du Vert Océan, où ils ne sont pas les bienvenus ? Qui est ce Rêveur dont la rencontre avec Ara déterminera le destin de cette dernière, sa vie ou sa mort ?
Tim Mcburnie est un jeune dessinateur australien, déjà connu en France pour son travail sur la série « 7 Pirates ». Pour ce premier volume de la série « Ara », il signe dessin, couleurs et scénario, le tout chapeauté par David Chauvel ( « Arthur », série des « 7 »).
Tim passe donc d’un univers de flibustier à celui - tout aussi attrayant - de la fantasy. Et l’exercice est globalement réussi.
Le personnage central, Ara, est une forte tête : guerrière indépendante, elle est pourtant liée à ses maîtres de manière inextricable, mais ne manque pas pour autant de fougue. C’est une insolente insubordonnée et connue comme telle.
Les dialogues et passages narratifs sont distillés avec parcimonie sur la centaine de pages qui composent la bande dessinée : les planches laissent libre champ au Vert Océan et à l’action qui s’y déroule. En effet, la quasi totalité de ce premier volume a pour contexte l’immense forêt.
Le côté « nature consciente » de cette dernière, ainsi que le look des gardiens, m’a largement fait penser à différentes œuvres du maestro Hayao Myazaki : « Princesse Mononoke », « Nausicaä de la vallée du vent », « Mon voisin Totoro »... En effet, le Vert Océan fait preuve ici d’une volonté propre, exprimée par ses Gardiens à l’allure plus que végétale.
Tout ce petit monde nous laisse une impression de « fantastique / merveilleux » plus que de « fantasy » classique, qui a plutôt tendance à sonner comme un enchevêtrement de nains, d’elfes et toutes sortes de bêtes à la bave visqueuse.
Même si Ara a les oreilles pointues et que Muluk a une sale trogne d’orc (ou de phacochère humanoïde, au choix), point de quête épique de l’ultime épée légendaire ou d’une énième relique maudite. Iil est plutôt question ici de destin, de magie élémentaire (dans le sens proche de la nature) et de manipulation par des forces obscures (comme toujours).
Malgré un début un peu mou et un scénario qui peut paraître nébuleux, ou même léger au premier abord, on se laisse agréablement porter par les combats et l’avancée du groupe dans la forêt. Les personnages sont clairement distingués des fonds par un trait net et appuyé, alors que l’arrière plan, lui, ressemble à des aquarelles arborées (ce qui m’a un peu rappelé les vieux dessins-animés de Disney où les personnages tranchaient complètement sur les fonds).
Étant peu nombreux, il est facile de distinguer les différents protagonistes les uns des autres, même si Senn et Ara présentent un petit air de ressemblance. Reste à savoir si la suite se maintiendra ou présentera un style qui confond trop le design des personnages (comme ça peut-être le cas sur « Sept Pirates »).
Ce premier volume étant une histoire à part entière, nous savons que l’action du prochain ne se déroulera pas dans le Vert Océan. Reste donc à savoir si Tim Mcburnie s’en sortira aussi bien qu’avec les décors arborés de ce tome. Son style et la colorisation rendent une ambiance sombre qui colle parfaitement à la morale de l’histoire : chacun fait comme il le souhaite (surtout Ara), en dépit des ordres ou des risques encourus et des dommages collatéraux possibles.
A la fin de la lecture, on reste en suspend du devenir d’Ara et des manigances de la Ligue des Sorcières : dans quel but ? Pourquoi ?
On passe donc un bon moment dans un univers dépaysant et c’est volontiers qu’on lira la suite des aventures d’Ara, la belle guerrière cornue, en espérant peut-être juste un scénario un peu plus fourni.
(T1) Le Cercle de Pierre Série : Ara
Scénario, Dessin & Couleur : Tim Mcburnie
Traduction & Adaptation : Eric Chauvel
Éditeur : Ankama
Collection : Kraken
Dépôt légal : 25 août 2011
Format : 197 x 285 mm
Pagination : 112 pages
Prix : 14,90€
ISBN : 9782359101881
Illustrations & BD © Ankama Editions, Tim McBurnie & Eric Chauvel (2011)