Jeune mariée de 26 ans, elle a commencé son journal pour rendre sa vie moins sombre. Six mois après son mariage, elle se renferme, n’a plus d’envie, mais surtout devient amnésique devant ses appareils électro-ménagers, ne sachant plus les faire fonctionner. Il n’en faut pas plus pour que Louis s’empare de ce fait divers pour en faire le sujet de son prochain roman. Quelques jours plus tard, il rencontre Xavier Auger, le mari de Léa, finissant son déménagement. Demandant de leurs nouvelles, il lui apprend qu’ils sont séparés et qu’il n’a plus de nouvelles d’elle.
Eric Corbeyran nous gratifie d’un superbe scénario, incorporant des sujets graves (dépression, femme battue, solitude). Il nous montre qu’utiliser la vie des autres, impunément, peut aussi avoir des conséquences directes pour eux. Léa a eu son intimité violée, une première fois, physiquement humiliée par son mari et une seconde fois, mentalement, par le biais du livre de Louis. Le journal prend toute son importance, n’étant qu’un rempart contre la folie de cette détresse. On s’interroge aussi sur le fait de bien connaître les gens, l’actualité le démontre, il peut se passer des choses terribles autour de nous sans que l’on s’en apercoive. Autarcie de la vie moderne, autisme de la société ou individualisme protectionniste, à qui la faute ?
Si le livre m’a attiré, c’est bien d’abord par sa couverture et son titre déconcertant. Bien qu’il soit dans un format inhabituel, il est totalement adapté à cette histoire. Le joli visage de Léa, la finesse du trait ou l’utilisation du papier froissé comme support donnent vraiment du relief à la couverture. Le visage de trois quart, en partie caché par les cheveux, rend encore plus mystérieuse cette femme.
Que dire du graphisme, sinon qu’il est époustouflant, dans un style réaliste presque académique. Il n’y a pas un objet, un animal une expression que ce dessinateur ne sache pas faire ! Ne reniant pas le côté « manga », le dessinateur laisse apparaître discrètement quelques visages stylisés qui apportent une touche humoristique. Gwangjo est vraiment un virtuose du crayon. Ce coréen inconnu en France devrait rapidement se faire un nom.
Attention, ce livre est un chef-d’œuvre ! Un excellent roman graphique qui aurait dû figurer dans la sélection d’Angoulême.
Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur Scénario :Eric Corbeyran
Dessin : Gwanjo
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 02 juillet 2010
Format : 170x240
Pagination : 128 pages N & B
ISBN :978-2-5050-0861-3
Prix public : 19 €uros
Public : Adultes
© Corbeyran, Gwangjo - Dargaud