« Grands Anciens » s’ouvre sur un premier tome convainquant. Le récit emballe vite, et si on peut craindre le côté froid d’un récit conté par un protagoniste extérieur à l’affaire, tout doute est rapidement ôté. Comme l’incrédule Ishmaël, on se laisse prendre au jeu et on suit avec avidité l’histoire étrange qui mêle superstitions et occulte.
Tout est bien dosé : les situations sont posés, les personnages présentés et on avance suffisamment dans l’intrigue pour être hameçonné. Les mystères intriguent, les réponses se font attendre, bref, le divertissement opère.
Les tons un peu sépia des couleurs confèrent au scénario un côté magique qui lui sied bien, même si ce point n’est pas le plus réussi de l’album. En effet, après la superbe couverture, la colorisation de l’intérieur déçoit quelque peu. Il est vrai que ce procédé est en voie de devenir un spécialité dans les BD actuelles : une couverture magistrale pour un contenu qui l’est moins. Cependant, si cette manière de faire frôle parfois le révoltant lorsque la couverture est trop éloignée du dessin interne, ici les apparences sont sauves : c’est toujours le même dessinateur aux commandes, ce n’est simplement pas le même coloriste. De fait, on retombe dans l’un des travers souvent observé dans les éditions Soleil : une colorisation numérique moyennement convaincante. Mais qu’importe, le dessin est de qualité, et comme le scénario suit, on passe outre.
Il est intéressant de noter dans le titre des références à H.P. Lovecraft. En effet, dans le monde du « mythe du Cthulhu », les Grands Anciens sont des « puissances astrales sans âme » (Wikipédia) qui ont dominé la Terre en des temps reculés. Difficile de ne pas faire le lien entre cette définition et la version du kraken que propose Jean-Marc Lainé. L’usage scénaristique du Necronomicon, grimoire démoniaque inventé par l’auteur américain, confirme ces références. Il sera intéressant de voir si et comment l’auteur utilisera de nouvelles allusions à l’univers de Lovecraft dans les prochains tomes.
Cependant, ce point n’est pas celui qui nous fait principalement attendre la suite et fin de cette histoire. Non. Davantage que cette petite curiosité, c’est la qualité du scénario et du dessin qui ont su nous emporter avec eux qui fait guetter la suite.
(T1) La baleine blanche Série : Grands Anciens
Scénario : Jean-Marc Lainé
Dessin : Bojan Vukic
Couleur : Anouk Perusse-Bell
Editeur : [Soleil—http://www.soleilprod.com/serie%7C726%7CGRANDS_ANCIENS]
Collection : 1800
Parution : août 2010
Format : 234 x 323 mm
Prix : 13,50 €
ISBN : 978-2-30201-268-4
Soleil Prod © 2008