Ne cherchez pas Mertvecgorod sur une carte. Cette mégapole post-soviétique est un territoire imaginaire situé entre l’Ukraine et la Russie. Mertvecgorod est une sorte de « Portrait de Dorian Gray » maléfique dans le quel Christophe Siébert transpose les dérives de notre monde. « Une vie de saint » est le quatrième livre du cycle.
“Je suis le pope des putes, des tarés et des junkies. Le Svatoj se présente souvent ainsi”
« Une vie de saint » retrace le parcours de Nikolaï le Svatoj gourou et prophète mystique de sa jeunesse jusqu’à ses nombreuses morts. Tout commence le jour où Nikolaï manque de se noyer. Il est secouru par son frère qui y laissera la vie. Nikolaï dira par la suite que le sacrifice de son frère est une épreuve, un sacerdoce imposé par la Belle Dame. Elle le guidera ensuite de ces premières guérisons miraculeuses jusqu’à son Jihad des crevards. Son aura grandissante, le Svatoj arpentera les routes et chemin de la République Indépendante de Mertvecgorod entraînant dans son sillon une foule de parias et de sociopathes jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir.
“Je n’ai pas besoin d’amour. J’ai besoin que des ombres m’entourent en permanence, invisibles et silencieuses, et se manifestent pour me baiser chaque fois que je le désire, et se manifestent pour me prendre dans leurs bras chaque fois que j’en ai besoin et retournent aux ténèbres sitôt mon désir rassasié, mon besoin assouvi."
« Une vie de saint » est, pourrait-on dire, un joyeux bordel organisé tant l’auteur mélange récit polyphonique, extraits de romans, d’articles et même une autobiographie de Nokolaï le Svatoj himself, entraînant le lecteur dans un circle pit littéraire effréné. C’est parfois violent, parfois drôle, souvent choquant. Christophe Siébert manie la plume comme le faisait Bukowski à une autre époque : avec finesse et outrance. Autant être clair, ce n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains, tant l’auteur nous plonge le nez dans les délires et les fantasmes d’une oligarchie sans limite dans la violence sexuelle et la torture. « Une vie de saint » est un récit organique où les fluides corporels coulent à flots. Faut-il avoir lu les autres livres du cycle pour apprécier pleinement celui-là ? La réponse est non, pas vraiment. « Une vie de saint » est un récit totalement indépendant, même si on retrouve des personnages des précédents livres. Cependant, il faut avoir le cœur bien accroché et une sacrée envie d’être secoué. Si vous cherchez une lecture pépère, passez votre chemin. Si vous voulez mettre un peu de mescaline dans votre tisane du soir. Foncez !
Titre : Une vie de saint
Auteur : Christophe Siébert
Couverture : Olivier Fontvieille/offgraphisme.paris
Éditeur : Au diable Vauvert
Collection : Littérature française
Site Internet : Page roman (site éditeur)
Pages : 496
Format (en cm) : 13 x 3.6 x 19.7
Dépôt légal : février 2025
ISBN : 979-1030707205
Prix : 24,5 €
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Images de la fin du monde : Chroniques de Mertvecgorod