Chroniques de Durdane (Les), l’intégrale

Le Bélial’, Kvasar, traduit de l’anglais (États-Unis), science-fiction, 576 pages, février 2025, 26,90€

Chroniques de Durdane (Les), l’intégrale

Jack Vance

lundi 5 mai 2025, par

Publiée dans la très belle collection Kvasar du Bélial, cette intégrale des « Chroniques de Durdane » de Jack Vance regroupe : les trois romans dans une traduction révisée, une postface de Russel Letson restituant l’œuvre dans son contexte, des cartes inédites et une bibliographie mise à jour par Alain Sprauel.

Comme le rappelle Russel Letson dans la postface, les trois récits qui composent le cycle des « Chroniques de Durdane » sont un seul et même roman qui sera publié en feuilleton entre 1971 et 1974 aux États-Unis, puis traduit en France au début des années 80. Des trois parties, intitulées respectivement« L’Homme Sans Visage », « Les Paladins de la liberté » et « Asutra ! » la première est la meilleure. On y découvre Durdane à travers le Shant, une île à l’est de la planète. Le Shant est divisé en plusieurs cantons, chacun avec ses propres règles et lois. Mais tous sont sous le joug de l’Homme Sans Visage, figure tutélaire et mystérieuse qui décide de la vie ou de la mort de tous, grâce à un collier explosif posé autour du cou de chaque habitant à partir de l’adolescence. Le petit Mur vit avec sa mère dans le canton des Chilites une secte religieuse ultra rigoriste. “Si quelqu’un enfreint la loi des Chilites, les Ecclésiarques le punissent. Si cette personne s’enfuit, l’Homme Sans Visage lui prend la tête". Le père de Mur est un musicien inconnu qui a quitté le Shant depuis longtemps. Poussé par une injustice faite à sa mère, Mur va s’enfuir pour tenter de retrouver son père. Dans son voyage, il changera de nom pour devenir Gastel Etzwane, celui qui découvrira la véritable identité de l’Homme Sans Visage.

On retrouve dans « Les Chroniques de Durdane » tout le talent de Jack Vance pour les civilisations baroques et les univers colorés. Chez Vance, on mange souvent, on boit, on joue de la musique avec des instruments incroyables, les soleils sont plus flamboyants qu’ailleurs et le parfum des fleurs vient nous chatouiller les narines. Certaines technologies peuvent nous paraître anachroniques et nous faire sourire, mais d’autres sont tellement poétiques et astucieuses qu’elles nous transportent et nous font rêver. À l’instar de ces montgolfières que l’auteur nomme « les chemins des airs » qui sont des sortes de ballons fixés à des rails au sol pour ne pas dévier de leur route. Jack Vance est un conteur hors pair qui a inspiré et fait rêver toute une génération. Ses œuvres les plus connues restent à ce jour le « Cycle de Tchaï », « La geste des Princes-Démons » et « Lyonesse » pour la fantasy. Cependant, « Les Chroniques de Durdane » peuvent être une bonne porte d’entrée dans l’œuvre de Vance tant on y retrouve les aspects les plus plaisants de son écriture, tournée vers les ambiances et les paysages plus que vers l’action ou le sense of wonder.

On l’a dit plus haut, « L’Homme Sans Visage », le premier récit, est le meilleur. Il y a le plaisir de découvrir un nouvel univers et une nouvelle planète de Vance. Mais il y a aussi un questionnement sur la justice et le libre arbitre, sur le pouvoir et ceux qui l’exercent, des thématiques et des questionnements indémodables que Jack Vance distille dans le récit. Dans le second roman, « Les Paladins de la liberté », on peut dire, sans trop dévoiler l’intrigue, que l’auteur s’amuse à confronter Gastel Etzwane son héros, aux responsabilités du pouvoir et aux dérives que peuvent engendrer le besoin de vengeance. Certes plus lent que « L’Homme sans Visage », « Les Paladins de la liberté » m’a quand même beaucoup plu par son effet miroir et les nouvelles problématiques qui en découlent. « Asutra ! » qui clôt le livre est plus décevant, mais reste un bon space opera qui apporte des réponses aux questions laissées en suspens dans les deux premiers récits.

En conclusion, « Les Chroniques de Durdane » sont un formidable voyage dans l’œuvre de Jack Vance. Même si l’intensité ressentie à la lecture de « L’Homme Sans Visage » s’étiole dans les deux autres récits, l’ensemble présente un magnifique panel du talent de conteur de l’auteur. Plus de 50 ans après leur première publication, ces chroniques se lisent encore avec beaucoup de plaisir. Voilà une œuvre de science-fiction qui a bien vieilli. Notons aussi le travail éditorial du Bélial qui offre à cette oeuvre l’écrin qu’elle méritait.


Titre : Les chroniques de Durdane
(Titres originaux), The Anome ( 1971-1973) The Brave Free Men ( 1973-1974) The Asustra ! (1973-1974)
Auteur : Jack Vance
Traduction de l’anglais (États-Unis) Patrick Dusoulier & Arlette Rosenblum
Couverture : Pascal Blanché
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Kvasar
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 576
Format (en cm) : 15,00 x 21,9 x 4,3 cm
Dépôt légal : Février 2025
ISBN : 9782381631653
Prix : 26,90 €


Jack Vance sur la Yozone :
« Les chroniques de Durdane » (Première intégrale)
« Un Monde d’azur »
« Le dernier château et autres crimes »
« Les vandales de vide »
« Baroudeur »
« Emphyrio »
« Monstre sur orbite »
« Les langages de Pao »
« Lurulu »

Voir en ligne : 2381631658



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