Et bien mes amis, voilà une série qui m’a, passez-moi l’expression, « laissé sur le cul ». Et je peux vous garantir que c’était mal parti !
Lorsque j’ai eu ces BD en ma possession, j’ai d’abord été séduit par les deux splendides couvertures d’Alice Alex puis, après les avoir feuilletées, ma déception fut immense. Le graphisme de Robin Recht est, en effet, très surprenant : le trait est très imprécis, sur certaines planches les personnages ne sont pas vraiment dessinés mais plutôt esquissés, les couleurs sont très sombres dans des tons noir, gris et rouge et il est même parfois difficile de discerner les acteurs liés aux bulles de dialogue tant les jeux d’ombres sont poussés. Les paysages sont de meilleure qualité et nous plongent dans un univers très dur et mystérieux.
La lecture des résumés, proposés par la maison d’édition, m’a laissé entrevoir un scénario très classique d’aventure moyenâgeuse avec son lot de mysticisme, de trahisons, d’amours impossibles, de grandes batailles, de violence et de cruauté. Au total, rien de bien affriolant et j’ai donc logiquement mis ce titre de côté, pour plus tard.
Et puis un soir où je n’avais pas sommeil et où le programme télévisuel n’avait rien d’alléchant, je me suis décidé à entamer cette lecture. Il était tard, la maison était silencieuse, la pièce obscure avec pour seul éclairage une lampe d’appoint juste suffisante pour lire. Une fois installé dans mon fauteuil, la lecture pouvait commençer. Et 45 minutes plus tard, je me retrouve en crise de manque : « mais où ai-je foutu le tome 3 ? »... En fait, il n’est pas encore paru...
Le questionnement est apparu dans mon esprit le lendemain : comment moi, un fan absolu de graphisme précis accompagné de couleurs vives, ai-je pu adorer cette série ?
- Un opéra graphique d’amour et de sang, de ténèbres et de fureur.
Pris indépendamment, le dessin, le texte et le scénario sont plutôt moyens. En effet, comme prévu le scénario est très classique, les dialogues sonnent creux et, associés à des parties narratives philosophiques et mystérieuses, rendent le tout un peu surfait. Les couleurs sont très sombres et le graphisme impressionniste. Pourtant, par je ne sais quel miracle, les trois réunis vous font pénétrer dans un monde de sensations multiples d’où il est difficile de sortir. Tous les défauts préalablement cités disparaissent comme par magie tant il est facile d’éprouver un flux émotionnel intense en pénétrant dans l’univers de Delmas et Recht.
Les Humanoïdes Associés définissent cette œuvre (et c‘est le bon terme) comme un opéra graphique d’amour et de sang, de ténèbres et de fureur. Je pense sincèrement que c’est exactement ça. Comme pour un opéra lyrique, on n’a pas vraiment envie d’y aller, mais une fois qu’on y est, on trouve le spectacle magistral.
Dans tous les cas, c’est une série qui aura le mérite de ne laisser personne indifférant : « On aime, ou on n’aime pas ». Mais il ne faut pas hésiter à y goûter.
Totendom Acte 1 et Acte 2 Scénario : Gabriel Delmas
Dessin : Robin Recht
Couleur : Robin Recht
Édition : Les Humanoïdes Associés
Dépôt Légal : mai 2005 et février 2007
Format : 32 x 24 cm
Pagination : 54 et 56 pages couleur
ISBN : 2-7316-1627-X et 978-2-7316-1680-4
Prix Public : 12,90 €
© Illustrations : Les Humanoïdes Associés, Gabriel Delmas et Robin Recht (2005 et 2007)
Critique : Bison 13
Mise en scène : Fabrice Leduc