Le début nous plonge dans la bataille de Crécy, prélude à la Guerre de Cent Ans. La mise en scène de ce fait d’armes s’avère d’une beauté vénéneuse, car elle dénonce sans complaisance l’horreur de la guerre. Les hommes se transforment en bêtes animées par le seul souci de survivre en tuant l’ennemi. La haine se dégage des visages, le sang gicle sous les coups d’épées ou de lances, les flèches sèment la mort... Le dessin hyper réaliste d’Escalada fait merveille, permettant d’autant mieux d’exposer l’abjection des combats.
La réalité autour de Juan change et c’est la mort qui en veut à sa vie. Il a fait son temps sur cette terre. Pourtant, un animal légendaire ne voit pas les choses sous cet angle et vient à son secours. En quelques cases, le scénariste Piatzszek apporte une touche de lumière au milieu de la noirceur. La licorne est très bien amenée et d’un récit purement guerrier, “Le chevalier à la licorne” devient une quête. Juan sait qu’il est un miraculé et s’estime désormais lié à la licorne. Il ne sait comment interpréter ce qui lui arrive, alors il se lance à la poursuite de l’animal qui se dérobe à lui.
Le récit nous permet de suivre l’évolution du personnage, les différentes phases par lesquelles il passe, perdant même son humanité durant un temps. Mais la licorne rôde toujours autour de lui, superbe dans son écrin blanc. Certains passages la magnifient. Intelligemment, le mystère plane toujours autour d’elle. Existe-t-elle seulement ou Juan a-t-il besoin de cette béquille pour expliquer son sursis et continuer à avancer ? Différents érudits donnent leur version de cet animal mythique devenu réalité pour Juan.
Le duo Piatzszek / Escalada fonctionne à plein. Le récit possède une envergure que le graphisme rend très bien. Rien qu’en feuilletant l’album, il fait sensation ! Une fois dans l’histoire, le lecteur se laisse porter, ne pouvant qu’apprécier la profondeur du scénario et la beauté des planches.
“Le chevalier à la licorne” nous transporte à la fin du Moyen Âge. Dans un contexte des plus difficiles (guerre, épidémie, misère), une touche de merveilleux est insufflée : la licorne apporte de l’espoir et annonce le changement.
Un superbe album chaudement recommandé !
Le chevalier à la licorne Scénario : Stéphane Piatzszek
Dessin et couleurs : Guillermo G. Escalada
Éditeur : Soleil
Collection : Quadrants
Dépôt légal : 16 septembre 2015
Format : 24 x 31,8 cm
Pagination : 56 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-3020-4757-0
Prix public : 14,95 €
Illustrations © Éditions Soleil, Piatzszek & Escalada - Tous droits réservés