Le premier épisode étant paru en 2007, “Le Grand Mort” est une série particulièrement attendue par ses fans, comme toutes les créations de Loisel d’ailleurs. Pourtant, cette saga n’est pas exsangue de tout défaut. Le tome 3, jugé trop lent, avait particulièrement déçu de nombreux inconditionnels du fameux scénariste. Ce quatrième opus se devait de redresser la barre. Et il le fait avec brio.
Cet épisode reprend les fondamentaux de la saga : des personnages intrigants, voire torturés, évoluant dans un univers chaotique. Les ponts entre le monde réel et son homologue fantastique se font de plus en plus présents. Le mystère s’éclaircit (un peu) enfin. Les pièces du puzzle semblent se mettre en place. Lentement.
La mystérieuse prêtresse hermaphrodite a réalisé son plan. Grâce à Pauline et Erwan, elle a pu poster deux enfants, frère et sœur, dans chacun des deux mondes. La connexion est maintenant possible en Blanche et son demi-frère, Sombre, resté auprès de la prêtresse. Mais l’intrigue n’a pas révélé tous ses secrets. Loin de là. Quel est le véritable dessin de la Macare Hermaphrodite ? Pourquoi évoque-t-elle la destruction du monde des hommes ?
Ce qui me plaît dans cette série est le subtil mélange entre l’aventure onirique et les temps morts accordés à la psychologie des personnages. Il est rare qu’une telle BD prenne le temps d’évoquer la jalousie régnant entre deux protagonistes. D’un autre côté, ce rythme tranquille pourra en refréner certains. Il faut se laisser immerger dans cet univers pour pleinement l’apprécier.
L’environnement de cet opus est une ode à la campagne. A la lecture de ce livre, tous les parisiens voudront rejoindre la Bretagne. Les plus critiques pourraient même regretter l’ambiance carte postale de certaines planches : un village paisible, une 2 CV omniprésente, une bicyclette, un bistro, une rue pavée… sont autant d’éléments bucoliques si chers aux touristes étrangers. L’éditeur miserait-il sur un succès à l’export ?
Les graphismes de Vincent Mallié sont magnifiques. Ses décors sont fins et détaillés. Mention spéciale à la scène de destruction de Paris. Les habitants de l’autre monde sont crédibles et fascinants. Le dessinateur avait déjà collaboré avec Loisel sur le septième tome de “La Quête de l’Oiseau du temps”. La filiation aux traits de ce mentor est évidente, mais cette ressemblance ne peut pas nous déplaire.
Les palette de couleurs de François Lapierre est magistrale et sert parfaitement le dessin de Vincent Mallié.
“Le Grand Mort” est une Grande Réussite. Incontestablement. Certains regretteront peut-être la longueur de certaines scènes qui nous font craindre d’une série aux multiples épisodes. Au vu des précédents albums, gageons qu’il faudra attendre au moins trois autres tomes avant d’apercevoir une éventuelle conclusion. Et au rythme d’un volume tous les deux ans environ, on n’est pas arrivé ! Mais ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement de chaque planche concoctées par ces auteurs de renom.
(T4) Sombre Série : Le Grand Mort
Scenario : Régis Loisel et Jean-Blaise Djian
Dessin : Vincent Mallié
Couleurs : François Lapierre
Éditeur : Vents d’Ouest
Dépôt légal : 17 octobre 2012
Format : 240 x 320 mm
Pagination : 64 pages couleurs
ISBN : 978-2-7493-0689-6
Prix Public : 14,95 €
Illustrations © Mallié et Vents d’Ouest (2012)