Dans cette novella d’une petite centaine de pages, Jean-Pierre Favard pioche de-ci de-là, entre « Le Nom de la Rose » d’Umberto Eco et le « Bâtard de Kosigan » de Fabien Cerutti, pour nous proposer un édifiant et terrifiant récit. S’ouvrant sur les préparatifs et l’exécution d’un bûcher de sorcières, laissant un orphelin avide de vengeance, il se poursuit une décennie plus tard en plein climat pré-apocalyptique. Les édiles tremblent pour leur pouvoir temporel comme leur vie éternelle, et chez les petites gens ça gronde et ça frémit. Tout cela à cause de rumeurs, de signes de la bête (ou de la Bête). Dans un quotidien balisé par les écrits bibliques, tout fait signe et sens, et n’annonce pas du beau.
Favard ne nous épargne pas la pluie, la boue, ni les odeurs, celles des bûchers comme des charognes pourries et du sang plus ou moins séché. Son Moyen-âge est sombre et criant de réalisme malgré quelques incursions de fantastique qui ne sont pas sans rappeler le « Solomon Kane » d’Howard ou les « Hussites » de Sapkowski. Son personnage, le tremblotant Bonneur, inquiet pour sa femme enceinte, se voit récupéré par des hommes en noir, à la solde de l’alchimiste local, rien de plus ou de moins qu’un juif érudit et initié à ce que des esprits étroits et ecclésiastiques auront vite fait de qualifier de magie noire.
En parallèle d’une histoire fantastique de vengeance, l’auteur nous montre également cet emballement aveugle de la machine judiciaire de l’Église. Même le maire s’inquiète un moment que le remède requis ne soit pire que le mal... et prie pour ne pas devenir un dommage collatéral de la campagne de purification inquisitoriale.
Le finale offre une bataille sanglante, un climax à la hauteur des indices semés jusque-là, durant lequel justice et bon droit côtoient coups bas et violence, un gâchis de vies terriblement typique des sociétés humaines.
C’est court, dense et sombre, idéal pour une soirée de frisson ou pour convertir vos proches au genre et à l’écriture de Jean-Pierre Favard.
Titre : J’ai vu la Bête...
Auteur : Jean-Pierre Favard
Couverture : Léo Gontier
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : FiKhThOn
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 8
Pages : 94
Format (en cm) : 17,5 x 11 x 1
Dépôt légal : février 2025
ISBN : 9791090662759
Prix : 9 €