Pour son premier roman « adulte » depuis quelques années, Dounovetz offre un récit décalé, qui plaira aux amateurs de road-movie, de Lynch et d’ambiances moites…
En fait, l’auteur revisite tout l’univers du roman noir traditionnel : tueur à gage, femme fatale, bagnoles, mafia, lieux interlopes dans des friches industrielles (on pense parfois au trop sous-estimé film « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » de Samuel Bencherit, noir et blanc compris), rien ne manque à l’appel.
L’ensemble pourrait virer à l’inventaire fastidieux si Dounovetz ne savait pas construire une intrigue tirée au cordeau avec, justement, cet élément fantastique (expliqué ? Le lecteur tranchera…) qui réhausse toute l’histoire, transformant en archétype ce qui pourrait relever du cliché.
Dans un tel contexte, on peut regretter de tomber sur un énième méchant frontiste chargé à mort qui semble sorti tout droit d’un Poulpe… De même, on peut regretter une écriture un poil relâchée par moments… Et on est également en droit de penser que ces éternels fantasmes à l’iconographie un rien passéiste venant systématiquement de l’autre côté du Pacifique et traités rigoureusement au premier degré font un brin daté de nos jours.
N’empêche, voilà un roman qui assume fièrement son décalage, voire son intemporalité, à la conclusion à la fois très noire et d’une logique implacable. En ces temps de thrillers usinés à la chaîne, c’est déjà beaucoup.
Un pari courageux pour un très jeune éditeur à qui, selon la formule consacrée, on ne peut que souhaiter un bel avenir.
P.S. À signaler, la très belle photo de couverture est signée Romain Slocombe, photographe et lui-même auteur de haut vol !
Titre : Un Ange sans Elle
Auteur : Serguei Dounovetz
Couverture : Romain Slocombe
Éditeur : Alvik Éditions
Collection : Moisson Rouge
Site Internet : le Blog
Pages : 243
Dépôt légal : 22 Octobre 2008
ISBN : 978-2-914833-81-3
Prix : 15€