Karoo a pour mission de remanier le dernier film d’Arthur Houseman (un vrai nanar selon son producteur), géant du cinéma de plus de 80 ans. Il doit faire des découpes, le transformer pour en faire un chef d’oeuvre... Mais il a du mal à s’y mettre, accaparé par la présence de Billy, son fils, avec qui il a de gros problèmes relationnels. L’inspiration lui revient quand il reconnait dans un café une actrice de second rôle.
Frédéric Bézian nous offre sa propre adaptation du roman de Steve Tesich, « Karoo » et nous plonge dans le royaume des scripts doctors, spécialistes de la réécriture de films. « Karoo », c’est aussi et surtout la lente descente aux enfers de cet homme qui voudrait réécrire sa vie, pour vivre une vie dite normale avec femme et enfant. N’ayant pas lu ce roman réputé comme étant un des plus innovants de la littérature américaine, je ne peux malheureusement pas faire de parallèle.
Karoo est un personnage détestable et pourtant, au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire, il en devient presque touchant. Ce piètre héros complexe nous embarque dans sa tranche de vie tragique dont le lecteur a beaucoup de mal à sortir indemne, mais je n’en dirai pas plus.
Le graphisme de Bézian est déroutant, on peut ne pas aimer et pourtant, c’est toute la force de ce roman graphique puissant. Il faut quelques pages pour s’habituer à ce style moderne à l’ambiance froide, le temps de se plonger dans l’univers vacillant de Karoo. La magnifique couverture en dit long sur la déchéance de ce personnage. Son trait particulier, nerveux et cassant, auquel se rajoute une bichromie changeante est une merveille.
“Karoo” est un vrai chef d’oeuvre de la BD, un grand coup de cœur à découvrir.
Karoo Scénario et dessins : Frédéric Bézian d’après le roman de Steve Tesich
Éditeur : Delcourt
Collection : Hors Collection
Pagination : 128 pages couleurs
Format : 240 x 320 mm
Date de parution : 4 septembre 2019
Numéro IBSN : 9782756076348
Prix public : 23,95 €
Illustrations © Frédéric Bézian et Éditions Delcourt (2019)