Un vétéran américain de la guerre du Vietnam, à la santé mentale pour le moins un peu chancelante, et une terroriste palestinienne s’unissent pour commettre un attentat durant le sacro-saint match du Super Bowl, auquel le Président assistera parmi des milliers d’autres spectateurs. Le tout retransmis en direct à la télévision. Un agent secret israélien, aidé d’une équipe du FBI qu’il aura d’ailleurs bien du mal à convaincre du danger, essaiera de les contrer.
La première chose qui vient à l’esprit, très tôt dans le livre, c’est que rien n’a changé depuis trente ans, ce qui est plutôt déprimant en soi. Au moins, ça nous permet de bien ressentir l’atmosphère qui se dégage du livre. L’histoire a donc bien passé le test du temps. Même, les lecteurs des années 70 ont peut-être considéré ce livre comme une aimable fantaisie. Nous ne le pouvons plus, hélas.
Dans l’ensemble, le livre est bien écrit et les événements progressent à un rythme régulier. Thomas Harris a un style très visuel (d’ailleurs tous ses livres ont été adaptés au cinéma), ce qui rend la lecture facile. Mais la plus belle qualité du récit tient certainement dans l’élaboration des personnages que l’auteur fait entrer en scène. Pas de simplification du type : d’un côté les chapeaux blancs et de l’autre les chapeaux noirs, les bons et les méchants. Les trois personnages principaux (Américain, Palestinien et Israélien) sont tous des machines à tuer et (surprise ?) ils sont tous le produit d’une guerre. Guerres différentes, même résultat : une souffrance extrême qui se cherche un exutoire.
Sans pour autant négliger l’action et le suspense, moteur premier du livre, Harris laisse le lecteur s’approcher de ses personnages et tenter de les comprendre, sans parti pris, sans jugement. Il est si facile pour un auteur (pour le plus grand ennui du lecteur) de tracer au néon la direction qu’il veut nous faire prendre, les sentiments qu’il veut nous faire éprouver, les opinions qu’il veut nous voir partager. Ici Harris garde le chemin embrumé. Parce que la vie, telle qu’elle est, n’est pas si simple !
Titre : Black Sunday
Auteur : Thomas Harris
Traduction : Monique Lebailly
Nombre de pages : 332
Editeur : Pocket
Site Internet de l’auteur : Thomas Harris
(en anglais) Dépôt légal : août 2005
Format : poche (108 x 177 mm)
ISBN : 2-266-13484-1
Prix : 7.50 euros