L’affaire Matisse. La mort d’un bijoutier ayant pignon sur rue. Mais quand on creuse la croûte, ce n’est vraiment pas joli ce que l’on découvre dessous. Derrière son commerce de gros bourgeois, se cache un trafic de drogue. Matisse était en lien avec un gros bonnet retrouvé lui aussi mort. Et deux cadavres liés par des activités illégales à peu de temps d’intervalles, Revel ne peut croire à une coincidence. Il va commencer à fouiller dans le passé des employés, cherchant un psychopathe potentiel. Mais en remuant la merde du trafic de drogue parisien, le flic va faire émerger la partie immergée d’un iceberg qu’il n’aurait jamais voulu voir apparaître à l’air libre. Et si toute cette affaire tournait tout simplement autour de lui et de son propre passé...
Les frères Bonneau sont des nouveaux venus dans le monde de la bande dessinée. C’est grâce au dessinateur Marc Moreno (“Le Régulateur”) que les deux frères vont se lancer dans cette aventure du “Metropolitan”. Ce triptyque est un polar pur jus, bien français, mais moderne et surtout efficace. Julien Bonneau nous offre une pelotte de vies entremêlées les unes aux autres, et il va peu à peu nous révéler la vérité sur chacun des personnages en tirant doucement sur chaque fil. Les parisiens (et surtout les habitants du XIIIe arrondissement comme votre serviteur) se sentiront d’autant plus immergés dans cette affaire policière que les noms de lieux et les dessins de certains sites feront d’innombrables échos dans leur souvenirs. Julien Bonneau crédibilise parfaitement son récit et ne tombe à aucun moment dans la facilité, surfant intelligemment comme son méchant, sur la peur de l’attentat terroriste.
Laurent Bonneau a opté pour un dessin tranchant, avec des crayonnés minimalistes, au point que certaines coiffures ont tendance à ressembler à des perruques de playmobil. Mais ce trait colle parfaitement avec l’atmosphère créée par le récit de son frère. Et cette atmosphère oppressante, glauque est accentuée par l’utilisation de couleurs blafardes, avec des planches souvent monochromes. Laurent Bonneau a lui-même colorisé ses dessins, ce qui ne laisse donc aucun doute sur la volonté de ce dernier de générer parfois un certain malaise chez le lecteur. Toutefois, la réalisation finale sonne vraiment juste et illustre à merveille cette sombre histoire de vengeance.
“Metropolitan” est un très bon polar, dosant son suspense même si le lecteur aguéri trouvera rapidement certains éléments clé en lisant attentivement ces deux tomes. En tout cas, si le dernier tome reste sur le même ton que les deux premiers, le jeune duo d’auteur aura réussi son entrée dans le monde de la BD.
(T1) Borderline
(T2) Cocaïne Série : Metropolitan
Scénario : Julien Bonneau
Dessin et couleur : Laurent Bonneau
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 25 juin et 3 septembre 2010
Pagination : 48 (T1) et 56 (T2) pages couleurs
Prix public : 13,50 €
Numéro ISBN : 2-5050-0799-9 ; 2-5050-0936-8
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