L’histoire ne précise pas où l’on se situe dans le temps, mais on sait que c’est assez loin pour qu’un vieil homme écoute du punk comme ceux d’aujourd’hui écoutent du Sinatra. “Crevaisons” suit également la tendance qui veut qu’au contact des morts, on devienne philosophe. Pour exemple, cette réplique d’Ebenezer Raidart au Soldat Inconnu : « Qu’est ce que c’est que ce mort qui vient me donner des leçons de vie ? »
Les paroles des musiques punk qui ponctuent le récit ajoutent un niveau supplémentaire à la narration, tout en faisant cohabiter deux concepts résolument antinomiques : le punk et le cimetière.
Au-delà de l’humour, le récit est profondément pessimiste. Le monde du futur ne sera-t-il qu’un gigantesque cimetière que personne ne vient visiter ? Le portrait brossé de l’humanité est sans appel. La rencontre d’un vieil homme pacifiste avec le Soldat Inconnu témoignera de la stupidité des belligérants et des atrocités commises en temps de guerre.
Le dessin, quant à lui, est crayonné et dans un style très franco-belge, la colorisation faite de zones d’à-plat. Les planches restent classiques, très peu dynamiques, ce qui est plutôt logique pour un récit qui se déroule dans la dernière demeure.
Les grandes réussites graphiques de l’ouvrage sont les plongées gigantesques sur le cimetière sans fin, qui sonne comme une métaphore de l’avenir de l’humanité.
Ce tome 5 de “Crevaisons” est donc plaisant sans être transcendant. On appréciera les débats métaphysiques entre deux interlocuteurs improbables mais, au-delà de cette idée de base, rien ne vient réellement élever l’ouvrage.
Notons que l’absence de cliffhanger ne donne pas spécialement envie de lire la suite.
Crevaisons (T5) Série : Une Aventure Rocambolesque du Soldat Inconnu
Scénario : Manu Larcenet
Dessin : Daniel Casanave
Couleurs : Patrice Larcenet
Editeur : Dargaud
Parution : 20 mars 2009
Prix : 10.40 €
ISBN : 2-2050-6260-1
© Editions Dargaud - Tous droits réservés