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69
Charlotte Volper (dir.)
Actu SF, Les 3 Souhaits, anthologie, science-fiction érotique, 166 pages, octobre 2009, 10€

69 est un titre assez explicite pour qu’il n’y ait pas besoin de longues explications. On s’imagine des choses, notre esprit s’envole vers des pensées peu avouables.
La mention Anthologie SFQ enfonce encore le clou. La connotation sexe ne passe donc pas inaperçue et le lecteur sait à quoi s’attendre avant l’achat. Il ne pourra pas dire : Je ne savais pas !
Par contre, il reste à se montrer à la hauteur de ses ambitions…



Et c’est là que le bât blesse…
Pourtant, la plupart des noms au sommaire présagent du bon, voire du très bon.

Eddy Merckx n’est jamais allé à Vérone” de Stéphane Beauverger (« Le Déchronologue ») ne relève pas de la SF. C’est un beau texte effleurant juste le thème, mais hors-sujet.

Saturnales” de Maïa Mazaurette (« Rien ne Nous Survivra, Le Pire Est Avenir »), aborde de face science-fiction et érotisme, avec une lune de miel dans une station orbitale. Tout est fait pour rendre la première nuit inoubliable, à grand renfort d’artifices. Le garçon n’en veut pas, il souhaite du vrai. Comme la conclusion est à la hauteur de l’histoire, “Saturnales” s’avère un des meilleurs moments de cette anthologie.

Dans la foulée, Daylon et “Misvirginity” ne déçoivent pas en nous conviant à la confession d’une synthétique prévue pour le plaisir. Pas toujours facile à suivre et soulevant quelques questions, il répond à nos attentes.

Miroir de porcelaine” de Mélanie Fazi (« Serpentine » & « Notre Dame aux Écailles ») a remporté le Prix Masterton. L’auteure biaise et aborde davantage la sensualité que la sexualité. C’est bien écrit, ressemble à un exercice de style, mais ça reste froid.

Francis Berthelot (« Hadès Palace ») nous la joue péplum. Un spectateur de cinéma interactif oriente le film “LXIX” (69 en chiffres romains) selon ses désirs. Il y a de l’originalité, mais la fin fait vraiment bâclée. Un texte que l’on verrait bien dans un fanzine, mais pas ici.

Sylvie Lainé (“Toi que j’ai bue en quatre fois”) nous plonge dans l’amour chimique et virtuel. Pas grand-chose à en dire, c’est assez plat, un peu simpliste et pas bien passionnant.

Louise ionisée” de Nobert Merjagnan (« Les Tours de Samarante ») nous présente les expérimentations d’un scientifique sur une confrère. Texte drôlement abordé avec un personnage dont le rôle est assez confus. L’écriture est recherchée, a un petit côté désuet et au final, on en garde un bon souvenir.

En dehors de sa brièveté, “Sabbat” de Gudule (« Le Club des Petites Filles Mortes ») n’offre aucun intérêt.

Charlotte Bousquet (« Arachnae ») oublie la science-fiction dans “Les métamorphoses d’une martyre”. De facture fantastique et classique, on n’en voudra pas à l’anthologiste, car l’incursion est somme toute agréable.

Jean-Marc Ligny (« Aqua TM ») n’innove pas. “Vestiges de l’amour” aborde le thème du succube, donc ne relève pas davantage de la science-fiction. Se lit très bien (Ligny a du métier), mais on a l’impression d’avoir déjà souvent lu la même chose.

Virginie Bétruger, voilà le seul nom du sommaire qui m’était inconnu auparavant. Pourtant “Descente” est un de mes textes préférés. Lors d’un retour difficile sur une Terre dévastée, le seul moyen de garder à l’astronaute blessé sa lucidité revient à lui parler de cul. Bien traité, même si le background n’est pas forcément convaincant, Virginie Bétruger emporte l’adhésion.

Joëlle Wintrebert (« La Chambre de Sable ») conclut avec “Camélions”. Dans la lignée des « Amants Étrangers » de P.J. Farmer, elle est finalement la seule à aborder les relations entre espèces étrangères. L’ambiance est moite, les rapports ambigus et les idées reçues difficiles à oublier. Une des réussites de « 69 ».

Plusieurs mois après que l’anthologie « 69 » aura été lue, seuls “Saturnales” de Maïa Mazaurette, “Descente” de Virginie Bétrugère et “Camélions” de Joëlle Wintrebert resteront sûrement en mémoire. Trois femmes, dont aucune n’a éludé le thème, les deux premières faisant preuve d’humour et Joëlle Wintrebert abordant un cadre plus complexe et plus ambitieux.
À chaud, cette liste s’enrichit de “Misvirginity” de Daylon et du bizarroïde “Louise ionisée” de Norbert Merjagnan, d’ailleurs nominé pour le Grand Prix de l’Imaginaire.

Après, il reste les hors-sujets et les déceptions, soient plus de la moitié des textes. Quelques auteurs ne sont malheureusement pas à la hauteur de leur notoriété. Peu se sont saisis du thème à bras-le-corps, restant souvent timorés, alors qu’on aurait aimé qu’ils se lâchent. Bien sûr, tout le monde ne sera pas de cet avis !

« 69 » se voulait choc, mais le contenu n’a pas suivi. Dommage…


Titre : 69
Auteurs au sommaire (par ordre d’apparition) : Stéphane Beauverger, Maïa Mazaurette, Daylon, Mélanie Fazi, Francis Berthelot, Sylvie Lainé, Norbert Merjagnan, Gudule, Charlotte Bousquet, Jean-Marc Ligny, Virginie Bétruger et Joëlle Wintrebert
Anthologie dirigée par : Charlotte Volper, avec la collaboration d’Éric Holstein et de Jérôme Vincent
Couverture : Diego Tripodi
Éditeur : Actu SF
Collection : Les 3 Souhaits
Directeur de collection : Jérôme Vincent
Site Internet : Anthologie (site éditeur)
Pages : 166
Format (en cm) : 14,8 x 21
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-917689-15-8
Prix : 10 €



François Schnebelen
18 avril 2010


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Illustration de Diego Tripodi



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