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Galaxies n°7 (Nouvelle Série)
Pierre Gévart (Rédacteur en chef)
Revue, n°7, SF - nouvelles - études - critiques - entretiens, hiver 2010, 192 pages, 11€

La science-fiction d’Amérique Latine est plus ou moins une inconnue par chez nous. Rivière Blanche rattrape un peu cette anomalie avec l’anthologie « Dimension Latino » et « Interférences » du Cubain Yoss. Le site de Jean-Pierre Planque nous permet aussi de lire en ligne de nombreuses nouvelles traduites. Mais sinon, à part quelques publications éparses, c’est plutôt le désert, alors que le dossier Amérique Latine de ce Galaxies nous démontre qu’il y a de belles découvertes à faire.



C’est Jacques Fuentealba (« Tout Feu Tout Flamme ») qui a monté le dossier Latino de ce numéro. Deux articles, une présentation d’Angela Gorodischer et des entretiens croisés de quelques auteurs du genre nous éclairent sur ce milieu. Des pistes de lectures sont aussi données, que l’on aurait tort de négliger, et surtout trois textes du cru nous sont présentés.

La sémiotique des loups” de Vladimir Hernández nous montre que le courant cyberpunk a pris à Cuba. Cette plongée dans la ville est d’une belle esthétique. Même si on se doute un peu de la conclusion, elle nous prend tout de même par surprise. Très beau texte !

Le voyageur” de José Luis Zárate, auteur mexicain, ne souffre pas du tout la comparaison avec “L’affaire des vingt-quatre merles” de Neil Gaiman. Écrites à peu près en même temps, les nouvelles traitent toutes deux d’un privé à qui l’on confie une enquête peu banale. Paradoxe temporel pour Zárate et reprise de comptines pour Gaiman, mais le même plaisir à les lire.

Avec “Bondisseur dans le jardin des mondes”, Luis Saavedra (Chili) nous livre un bloc de trois pages, si denses qu’il n’est pas facile de saisir le propos. L’auteur imagine un troupeau de sauterelles, ne se déplaçant pas de champ en champ, mais entre les planètes. Un autre aperçu de la SF latino, mais la moins bonne nouvelle des trois du dossier.

Martin Winckler est l’invité de ce « Galaxies numéro 7 », ce qui se traduit par un texte, une interview et les critiques de ses quatre derniers romans (La Trilogie Twain : « Un pour Deux », « L’Un ou l’Autre » et « Deux pour Tous » ; « Le Chœur des Femmes »).
Alice in Wonderland”, ou comment retarder la mort par le biais de la musique, est plutôt confus. Déstructuré dans le temps, on se perd entre réalité et rêve. L’idée n’est pas mauvaise, mais il est difficile de conserver le fil jusqu’à la fin et on l’oubliera très vite.

La palme de la meilleure nouvelle revient à “Éternité.com” de Ian Watson et Roberto Quaglia. Quand votre amour meurt et que vous ne voulez pas que son corps pourrisse en terre, il reste la solution d’une sépulture virtuelle. Mais mieux vaut avoir les moyens de ses ambitions… Cruelle, cynique, elle nous convie au cauchemar du personnage, à qui rien ne sera épargné. Superbe !

Fabien Clavel fait dans l’absurde avec “Le Printemps des Murailles”. La société cherche à préserver les personnes en les séparant des autres au moyen de murs. On a l’impression que l’auteur n’est pas allé assez loin dans son raisonnement, qu’il aurait pu pousser son propos plus loin pour une vraie critique de notre société. Au final, ce printemps laisse un goût d’inachevé.

Petit tour par la Finlande dans cette septième livraison. Cette rubrique “SF européenne” est intéressante comme d’habitude. Puis Denis Labbé (« Marelle d’Ombres ») nous parle de Sorokine, écrivain russe, qui fustige ouvertement l’oligarchie dans ses livres.

La partie “Critiques” change à nouveau de présentation, sans que les fiches techniques soient homogénéisées pour autant. Une section BD s’y rajoute, sautée pour ma part, car en tant qu’abonné, ce n’est vraiment pas ce que je cherche dans une telle revue. Par exemple, Bifrost a depuis longtemps abandonné les critiques de bandes dessinées, car ne correspondant pas à l’esprit général. Une volonté de se démarquer ?

Ce numéro sept s’avère surtout satisfaisant par son ouverture sur la SF Latino et par “Éternité.com”, texte immoral en diable. Servi par la couverture la plus réussie de cette nouvelle série, ce Galaxies laissera un bon souvenir à ses lecteurs qui y reviendront souvent pour compulser les pistes de lecture indiquées.

Là où il lui reste à s’améliorer c’est dans la partie Rubriques qui semble encore se chercher et laisse l’impression d’un fourre-tout.

Pour plus de détails (abonnement, achat au numéro, couvertures à venir...), aller sur le site de Galaxies est vivement conseillé.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 7 (49 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Guillermo Romano
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : site officiel (page perso éditeur)
Période : Hiver 2010
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€

Abonnement (un an pour 4 numéros, plus un hors-série) : 45 €



François Schnebelen
19 avril 2010


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Illustration de Guillermo Romano



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