Qu’y a-t-il de mal à parler dans un café ? Bon, quand vous êtes le seul à voir la personne en face de vous, peut-être cela peut paraître étrange. Mais Hiroshi a de sérieux problèmes depuis son retour du front. La guerre l’a totalement changé, il vit avec sa mère et sa petite amie, une nymphomane qui prend son pied à se faire baiser devant la vieille. Mais Hiroshi n’est plus vraiment là alors quand on lui propose de passer le concours d’exécuteur, les réponses en mains, pourquoi pas ? Mizoguchi est un lion qui prend plaisir à chasser ces zèbres qui pullulent dans le monde. Et n’est-ce pas le rôle des exécuteurs que de purger le Japon de ces merdes de zèbres ? Tout semblait bien clair dans sa tête de psychopathe de base, mais le jour où lui sont assignés deux bleusailles, son univers va subir un sacré choc car si Yamada est un pauvre crétin, le nez plongé dans les livres, Kano lui fait peur car ce mec est encore plus fou que lui.

Précisons tout de suite que ce manga n’est pas à mettre entre toutes les mains et spécialement les plus jeunes. Car l’univers créé par Jiro Matsumoto est malsain à souhait. Un pays sous la menace d’une guerre invisible pour le moment mais dont les séquelles vont faire des ravages dans la population. Première conséquence, une loi apparemment aberrante car allant même contre la notion de justice : celle de la vengeance. Œil pour œil devient un acte légal. Invraisemblance pour tout bon démocrate car même une personne ayant réalisé une peine de prison pour son crime peut subir cette vengeance. Alors où est réellement la notion de justice ? Il s’agit plus d’une loi afin de mobiliser tout militaire et policier sur le front. Toujours cette guerre invisible.

Et parmi les victimes anonymes du conflit, Hiroshi Kano. Le garçon a subi un traumatisme sur le front, qui lui permet d’entrer en mimétisme avec quelqu’un. Mais surtout, il a perdu toute sensibilité et a la mauvaise habitude de parler avec les morts. Est-ce tous des victimes de Kano ? Le futur nous le dira peut-être. En tout cas, son passé est obscur. Tout ce que nous connaissons vraiment de lui, ce sont sa mère et sa petite amie infidèle. Mais surtout, tuer ne l’effraie pas même si des remords le prennent parfois soudainement.

Pour ajouter au glauque du récit, les dessins de Jiro Matsumoto ont souvent un côté biscornu, tordu. Les personnages sont très raides et aux traits très simplifiés. Un style graphique uniquement présent dans les seinen car assez austère pour des jeunes lecteurs... Mais comme cette série ne leur est pas du tout destinée, cela n’est pas trop grave. Mais même le public de ce genre de récit pourrait être surpris, les dessins restant un peu difficile d’accès.

“Freesia” est une série qui change réellement de l’ordinaire, partant un thème totalement politiquement incorrect, voire même amorale. Une histoire qui s’avère très intéressante, et qui ne doit pas être mise de coté à cause de dessin au style assez particulier.

Freesia (T1)
 Auteur : JiroMatsumoto
 Traducteur  : Thibaud Desbief
 Éditeur français : Kaze Manga
 Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
 Pagination  : 224 pages
 Date de parution  : 25 mars 2010
 Numéro ISBN : 2-84965-778-2
 Prix : 7,50 €

FREESIA © 2003 Jiro Matsumoto / Shogakukan Inc.
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