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Sept Clefs du Pouvoir (Les) – T6 : Samedi Suprême
Garth Nix
Gallimard Jeunesse, Hors Série Littérature, roman, traduit de l’anglais (Australie), fantastique, 252 pages, novembre 2009, 7,50€

Première Autochtone créée par la Grande Architecte et l’Ancien, Suprême Samedi estime qu’elle vaut mieux que sa place au sein du Haut-Palais, elle vise les Jardins Incomparables aux mains de leur premier fils, le seigneur Dimanche.
Le Haut-Palais est peuplé de milliers de sorciers à ses ordres. Sans cesse, des niveaux sont ajoutés à l’immense tour les abritant tous et lancée à l’assaut des Jardins Incomparables qui, soutenus par quatre Drasils, des arbres en pleine croissance, lui restent inaccessibles.
Pour atteindre son but, Suprême Samedi n’hésite pas à saper les fondations du Palais afin d’affaiblir les Drasils…



L’ambition et la jalousie animent Suprême Samedi qui veut détenir le secteur le plus important du Palais. Pour ce faire, elle n’hésite pas à le sacrifier. Arthur échappe de fort peu au Rien qui engloutit le Bas-Palais, puis les Confins Extrêmes. Même la ville où Arthur vit sur Terre est menacée par une bombe atomique lancée sur l’hôpital.
Tout semble s’écrouler autour d’Arthur. Grâce aux pouvoirs des Clefs, il parvient à retarder l’inéluctable : le temps est ralenti sur Terre pour trouver une solution, l’avancée du Rien est freinée pour s’échapper.
En contrepartie, Arthur change, il grandit, devient plus beau, plus fort… bref, se transforme doucement mais sûrement en Autochtone Supérieur. Il essaie bien de juguler une arrogance toujours plus grande, mais ce n’est pas facile selon les circonstances.

Pour enrayer la menace, il faut vaincre Suprême Samedi. Comme dans « Mercredi sous les Flots », Arthur demande l’aide des Rats Apprivoisés qui ont réponse à tout. Ils ne le déçoivent pas et lui donnent le moyen d’atteindre discrètement le secteur retranché de la Curatrice à l’ambition démesurée.
Accompagné de Suzy Turquoise Bleue et du Dr Scamandros, il pénètre dans l’antre de la Magicienne Supérieure du Haut-Palais, aux cages suspendues et mouvantes selon le mérite de chacun.

Dans « Samedi Suprême », Garth Nix nous plonge dans un récit haletant au final grandiose, tout en conservant une part de mystère. La dernière ligne lue, on ne souhaite qu’une chose : savoir comment cela finit. Arthur parviendra-t-il à s’emparer de la Clef Sixième ? Et quid de la Septième ? Quelle sera la réaction de seigneur Dimanche, maintenant que les Jardins Incomparables sont atteints ? Et que fera le Joueur de Flûte en embuscade ? Même l’attitude de dame Prima nous interpelle… Bien des questions nous assaillent et nous font espérer une sortie rapide du dernier tome qui vient juste de paraître en Australie.

Au fil des tomes, le lecteur assiste aux changements d’Arthur, héros sympathique et attachant ; il voit aussi comment les choses évoluent autour de lui. Sa ville est en proie à des épidémies et sous la loi martiale, le Palais tremble sur ses fondations. On sombre dans le drame, tout l’univers est menacé et le seul qui peut le sauver n’est finalement qu’un gamin corrompu par le pouvoir des Clefs.

Dans « Samedi Suprême », Garth Nix nous montre la façon dont l’ambition et la jalousie peuvent bouleverser l’ordre naturel. Le Haut-Palais est profondément inhumain, les Autochtones y travaillent des milliers d’années dans l’espoir d’une promotion qui leur ferait gravir, au sens propre comme au figuré, les échelons. Une tour d’acier, gigantesque assemblage modulable, maintient tout le personnel sous pression. La pluie ininterrompue ne cesse de flageller les sorciers, leur rappelant leur position instable. Les adultes verront là une critique de notre société.

La description des Jardins Incomparables n’est pas sans rappeler Terry Pratchett et son « Disque-Monde ». Garth Nix est aussi un redoutable conteur qui nous happe dès les premières lignes et nous amène très loin en voyage. Au fil des romans de ce cycle, on n’aura eu de cesse d’en vanter les mérites. Jusqu’ici, « Samedi Suprême » en constitue sans conteste le sommet.

S’il y a un point sur lequel l’impasse a été faite jusqu’à présent, c’est bien la qualité des couvertures reprises des éditions originales. John Blackford illustre à merveille chaque livre. Rien que les regarder nous met déjà dans l’ambiance. En plus, les effets bi-matières les rehaussent admirablement. De même, les quatrièmes de couverture n’affichent pas les résumés, mais de simples phrases suggérant l’atmosphère de chaque tome : « Le premier jour, il y eut une énigme. Le deuxième jour, ce fut l’obscurité. Le troisième jour vint le déluge... »
La présentation est à la hauteur du contenu et pour 7,50 euros le tome inédit, le lecteur en a largement pour son argent.

Garth Nix est un écrivain hautement recommandable. Du talent, de l’imagination et un style coulant qui abolissent les classes d’âges. Une fois qu’on le découvre, on ne peut plus s’en passer.

Et là, il ne reste plus qu’à ronger son frein en attendant la traduction de « Lord Sunday », qui achèvera sûrement Les Sept Clefs du Pouvoir sur une apothéose.

Et son cycle « The Seventh Tower » suivra-t-il ? Croisons les doigts…


Titre : Samedi Suprême (Superior Saturday, 2008)
Série : Les Sept Clefs du Pouvoir (Keys to the Kingdom), tome 6
Auteur : Garth Nix
Traduction de l’anglais (Australie) : Alice Seelow
Couverture : John Blackford
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Hors Série Littérature
Pages : 252
Format (en cm) : 19,7 x 13
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-07-062120-0
Prix : 7,50 €



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François Schnebelen
3 avril 2010


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Illustration de John Blackford



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