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Donjon de Naheulbeuk (Le) T1 : La Couette de l’Oubli
John Lang
Editions Octobre & J’ai Lu, roman (France), fantasy grand n’importe-quoi rôliste, 313 & 376 pages, mai 2008 & octobre 2009, 18,50€ & 7,60€

Après avoir vaillamment exploré le donjon de Naheulbeuk et extorqué non moins vaillamment (et musicalement) à Zangdar la 13e statue de Gladeulfeurah, nos héros pensaient toucher leur récompense. Las ! Ils furent contraints par ce rapiat de sorcier employeur de marcher jusqu’à Glargh, via la dangereuse forêt de Shlipak. Et quand enfin ils peuvent toucher leur dû chèrement acquis (sans compter la mort prématurée de compagnons de route occasionnels), voilà que les agents des taxes et autres mercenaires leur piquent leur magot !
Mais bon, ce n’est pas le pire... Un agent de la Caisse des Donjons, accessoirement le tonton (Tonton Tutul !) du Ranger, leur rappelle qu’ils viennent de livrer au mage Théogal, grand prêtre de Dlul, le dernier élément d’un rituel qui fera revenir le Dieu du sommeil et de l’ennui sur la terre de Fangh, plongeant le monde dans la Couette de l’Oubli...
Bon, ben, il va falloir empêcher ça, quoi... Avec une équipe qui n’a pas encore de nom, mais bien fournie en boulets et bras cassés...



Si vous n’avez rien compris aux lignes ci-dessus, je vous conseille... rien du tout, que dalle ! Comment ? vous ne connaissez pas le Donjon de Naheulbeuk ? Mais faut sortir le nez des bouquins, de temps en temps ! Et puis aller sur le Net, la Toile, ’Ternet, tout ça !

Trêve de plaisanteries. Le Donjon de Naheulbeuk est une œuvre multimédia de John Lang. S’inspirant des « Deux minutes du Peuple » de François Perusse, il crée il y a quelques années (quand je compte combien, ça ne nous rajeunit pas) un feuilleton en MP3, diffusé gratuitement (encore aujourd’hui, et :-p aux lois DADVSI, Hadopi et compagnie...), une histoire banale d’héroïc-fantasy. Sauf que voilà, l’équipe qui la compose est de niveau 1, des bleus quoi, et pas des plus doués, casaniers, pinailleurs (pire que moi !), radins, lâches, bêtes, bourrins, maladroits... Bref, pas le haut du panier.
Lang a créé deux saisons de ces aventures parodiques, la première relatant l’exploration du donjon, élément de jeu de rôles par excellence, et la seconde, le voyage du donjon à la ville via moult embûches. Le succès est tel que bientôt le capitalisme met la main sur lui, et les aventures navrantes de cette équipe de pas doués sont publiées en BD (2 tomes pour la saison 1, 4 pour la 2, plus dense). L’encyclopédie de la terre de Fangh, enrichie régulièrement par Lang et son équipe, fait aussi des petits avec la série parallèle, « les arcanes du donjon » (3 tomes parus à cette date, dont le dernier ce mois-ci). Le tout chez l’éditeur Clair de Lune.
Il était donc temps de donner ses lettres de noblesse à la série, aussi la saison 3 sort-elle sous forme de roman. C’est « La Couette de l’Oubli » !

Je ne vous raconterai pas tout. L’histoire vaut d’être lue, surtout que devant le succès (eh oui, le monde de l’édition s’est aperçu que les geeks lisaient, incroyable...), « La Couette de l’Oubli » est sorti en poche, chez J’ai Lu Fantasy (mais bon, le poche, c’est pas pour les fans de la première heure, hein ?), tandis qu’Octobre faisait paraître le second tome, « L’Orbe de Xaraz » (déjà sur mon étagère et bientôt sur la Yozone, je n’ai que deux yeux).

Vous aurez votre dose de Loose (TM) comme de Ruse (TM aussi), y’a des objets magiques, des répliques qui tuent, des répliques pourries (ben oui, le nain est toujours dans l’équipe...), des échecs critiques...
On notera que Lang densifie son univers en variant le point de vue adopté. C’est la préparation de la fin du monde, aussi les complots se multiplient pour l’empêcher, l’accélérer, bref de grands personnages commencent à mettre leur nez dans cette affaire et les choses deviennent plus sérieuses... Mais bon, vous savez comment c’est, il suffit d’un grain de sable... En l’occurrence, nos héros de niveau 2 ! (bientôt 3 !)

John Lang fait montre de bonnes idées stylistiques, comme les “bulletins cérébraux” de ses personnages, qui permettent de voir une même scène de différents points de vue, tous forcément très égoïstes ou complètement à côté de la plaque, et sait mener son histoire entre passages obligés et scénario qui tient la route, réelle histoire et non pâle copie d’une partie de jeu de rôle vaguement avinée.

Il n’en demeure pas moins certaines faiblesses, caractéristiques d’une “œuvre de rôliste”, si vous me passez l’expression. Tout comme dans le roman tiré de la série amateure « Noob » (elle-même fortement inspirée du phénomène Naheulbeuk) et d’ailleurs publié également chez Octobre, il demeure pas mal de coquilles (on commence à s’habituer, mais ça fait quand même mal aux yeux de tomber sur un “coquasse” dès les premières pages, bon sang, personne se sait écrire ?) et surtout demeure un langage qui peine à l’écrit. On sent l’auteur mal à l’aise une fois sorti de ses dialogues acerbes, et qui se sent obligé de coller des adjectifs partout pour pallier l’absence de ton des voix. Le vocabulaire est souvent répétitif et peu varié, dans la grande tradition rôliste de “y’a un mot pour désigner ça, alors pourquoi en employer un autre ?”

Bref, on n’est pas dans la haute littérature. Mais d’un autre côté, ce n’est pas ce que l’on est venu chercher !

C’est du divertissement, de la rigolade, du fou-rire à retardement sur papier et non plus en MP3. Et là, le contrat est rempli.

Même si Lang est capable de passages touchants, de scènes tendres ou au contraire d’affrontements tendus, par le verbe, la menace ou l’épée, il est sans conteste un roi pour la gamelle au pire moment, l’échec critique qui tombe à pic, la boule de feu foireuse ou la Ruse(TM) qui vous trahit.

Il est l’inventeur du vin rûpeux (à la fois rugueux et râpeux), du string elfique provoquant un échec critique de concentration aux mâles ennemis comme alliés, de la danse rituelle enroulé dans du jambon... Je ne crois pas qu’on puisse lui créditer la légendaire avarice naine, mais son Nain anonyme est en passe de concurrencer la notoriété de Gimli. L’elfe, quant à elle, surclasse Legolas, mais pas pour les mêmes raisons, ni auprès du même public...

Signalons que le roman est illustré par Marion Poinsot, celle-là même qui dessine la BD, histoire de clore la boucle des médias multiples.

Je ne saurais trop vous conseiller « La Couette de l’Oubli ». Vous l’avez probablement déjà lu. Vous m’avez peut-être même devancé sur le tome 2. Non ? Alors c’est que vous n’êtes pas rôliste, ni sympathisant rôliste... Mais alors, pourquoi vous m’avez lu jusqu’en bas de cette page ? :-)

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Rubrique BD

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Titre : Le Donjon de Naheulbeuk T.1 : La Couette de l’Oubli
Auteur : John Lang
Couverture et illustrations : Marion Poinsot



Éditeur : Éditions Octobre
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 313
Format (en cm) : 15,3 x 23,8 x 2,7
Dépôt légal : mai 2008
ISBN : 978-2-915621-22-8
Prix : 18,50 €

Réédition en poche : J’ai Lu
Collection : Fantasy
Site internet : page roman
Pages : 376
Dépôt légal : octobre 2009 (notez le clin d’œil !)
ISBN : 978-2-290-01452-3
Prix : 7,60 €


Nicolas Soffray
23 avril 2010


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