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Syndrome 1866 (T1)
Naoyuki Ochiai
Delcourt - Akata

Il est enfant, dans un siècle qui n’est pas le sien, il est le témoin impuissant du lynchage d’un pauvre cheval par de stupides villageois. Miroku fait ce rêve récurrent. Est-il à l’origine du projet ? Non, en tout cas pas directement. Mais maintenant, le jeune homme ne vit que pour réaliser son projet, ce meurtre : libérer la ville d’une de ses vermines. Car comment décrire autrement cette salope qui prostitue de pauvres jeunes femmes, les poussant jusqu’au suicide. Non, le déclic, c’est en voyant cette pauvre fille, Risa, traitée comme une chienne par cette Hikaru... Ou bien était-ce ce général justifiant un massacre de civil innocent par la quête de la démocratie. Oui, supprimer cette vermine servira la lutte contre les tyrannies de toute sorte.



Miroku aurait pu être un étudiant comme les autres. Mais le garçon est traumatisé par une enfance avec une mère qui ne s’est jamais remise du départ de son père, une sœur se donnant au premier riche venu pour aider sa famille. Miroku est totalement déboussolé. Il va malheureusement trouver une voie qui le mènera dans les tréfonds les plus obscurs de l’âme humaine. Sa fragilité mentale va le pousser à l’élaboration d’un projet qui pourrait paraître totalement fou pour le commun des mortels, mais qui lui semblera parfaitement logique. La raison du plus fort est réellement la meilleure et la morale n’a pas sa place pour qu’un puissant arrive à ses fins. Telle est la conviction du jeune homme après le discours va-t-en guerre d’un général. Et sa cible, une lycéenne terrorisant ses camarades en les prostituant. Une telle vermine mérite de mourir, qui s’en plaindra. Mais pourra-t-il se supporter après avoir tué ?

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Naoyuki Ochiai eut l’idée de “Syndrome 1866” en lisant “Crime et Châtiment” de Dostoievski. Et c’est un véritable voyage dans la folie que le mangaka va faire subir à son jeune apprenti meurtrier. Peut-on tuer pour une juste cause, peu importe les conséquences ? Lourde question philosophique que la guerre du Golfe ou encore celle d’Afghanistan nous envoie en pleine figure trop régulièrement. Nous sommes, bien sûr, loin des massacres massifs d’une guerre, qu’elle soit juste ou non. Mais la question reste viscérale. Nous sommes loin de la vengeance ou de la légitime défense, Ochiai s’attaque à la justice expéditive loin des tribunaux. Le scénario du mangaka est incroyablement prenant et il vous prend aux tripes, au premier sens du terme. Car avouons-le, tous nous aimerions faire payer Hikaru pour les tortures psychologiques et physiques – ce sont purement et simplement des viols – qu’elle inflige à ses « protégées ». Mais irions-nous jusqu’au meurtre ?

La puissance du récit est soutenue par un graphisme dérangeant, typique du seinen. Semi réaliste, il n’en atténue pourtant nullement la violence des images. Et là aussi, il n’y a quasiment aucune scène réellement violente, mais toutes les planches s’avèrent dérangeantes par les sous-entendus ou les non dits, mais aussi par cette introspection perpétuelle de Miroku. Les sentiments qui submergent cet anti-héros sont parfaitement rendus et sa descente aux enfers s’annonce sans fin.

Syndrome 1866” est un des mangas les plus forts par son scénario de ce début 2010, mais justement, cette force impose bien logiquement une limitation du lectorat à un public averti, mais qui découvrira un bijou entre thriller et polar.


Syndrome 1866 (T1)
- Auteur  : Naoyuki Ochiai
- Éditeur : Delcourt - Akata
- Dépôt légal : 10 mars 2010
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 228 pages
- Prix public : 7,50 €
- Numéro ISBN : 2-7560-1693-1


© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
17 mars 2010




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