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Arthor T1 : Le Dragon et la Licorne
Alfred Angelo Attanasio
Calmann-Lévy, Fantasy, roman traduit de l’anglais (États-Unis), génèse arthurienne à la sauce quantique, 216 pages, avril 2009, 17€

Au centre de notre Terre sommeille un Dragon. Il communique avec les autres Dragons de l’univers, via les chants stellaires et la résonance magnétique. Toute sa vie, sa raison d’être, tient à son appartenance au grand chant, à sa participation. Et pour cela il a besoin d’énergie. Cela tombe bien, de mystérieuses créatures, peut-être des anges déchus, en tout cas des visiteurs célestes, œuvrent dans les montagnes de sa carapace, attirant une Licorne solaire sur ce caillou perdu dans l’univers pour puiser dans son essence la puissance native suffisante pour renverser les Dieux de l’Arbre Primordial, incarnation faite de flux électriques des divinités idolâtrées par ces petits êtres qui peuplent la planète...



Pas tout compris...
Cela vous paraît confus ? C’est le cas. Attanasio prend avec « Arthor » le parti-pris de placer l’intrigue à un autre niveau, bien loin de la fantasy classique. Le premiers tiers de « Le Dragon et la Licorne » risque d’en rebuter plus d’un, avec son étrange mélange de dieux, d’anges déchus et de créatures célestes. Pas de magie, non, des flux électriques, des ondes magnétiques...

Et malgré cela, au milieu de ce langage décalé, des complots se forment : les Seigneurs du Feu ont attiré la Licorne pour qu’elle préside à la naissance d’une future reine, qui elle-même engendrera un grand roi, et ce dernier mettra à bas les dieux du Grand Arbre Primordial, dont les cadavres d’énergie pure iront nourrir le Dragon sous la terre.

Cette reine, c’est Ygrane. Devenue prêtresse, elle s’invite dans le Grand Arbre pour requérir l’aide du chef des Dieux, le Furieux, lui-même ayant maille à partir avec ces Seigneurs du Feu qui œuvrent de moins en moins à découvert contre lui. Délaissant la jeune femme, il invoque des démons pour vaincre ses ennemis. Mais l’un d’eux lui échappe, et tombe sur terre, où les anges déchus le ramassent et lui modèlent un corps.

Le démon Lailoken va errer, poursuivant la licorne, voyant dans cet animal fabuleux arraché au Soleil le moyen de rentrer chez lui. Et il va rencontrer Ygrane...

Un peu plus clair...
Et c’est à peu près là que les choses reviennent sur les rails connus de la légende de la Table Ronde. Sa sorcière de préceptrice tuée par l’époux romain qu’on lui a imposé, la reine celte Ygrane demande à Lailoken, renommé Myrddin (Merlin), de trouver celui qui sera son âme sœur et avec qui, selon une prophétie, elle engendrera le vrai grand roi qui unifiera la Bretagne. Et Merlin de repartir sur les routes à la poursuite d’un visage aperçu en songe, tandis qu’Ygrane se morfond du choix de sa fille Morgeu de marcher dans les pas de son romain de père, malgré ses aptitudes à la magie...

Myrddin/Merlin va croiser la route des frères Aurelianus, simples écuyers mais dont le père fut sénateur romain en Bretagne. De l’aîné, le brutal Ambrosius, il fait un chef de guerre, et du cadet Theo, en qui il a reconnu le futur roi, il fait un sage. Il ne reste plus qu’à lui forger une âme de souverain, et un nouveau nom : Uther.

Enfin, bref, vous connaissez sûrement cette histoire, non ?

Une vision novatrice mais respectueuse du mythe

Après les débuts complexes expliqués plus haut, on revient relativement dans un récit classique de la Table Ronde. La narration délaisse de plus en plus les affaires divines et leurs échanges électriques pour se consacrer aux mortels et ce qu’ils nomment “magie” faute de mieux.
On appréciera le respect de la réalité historique, à savoir la présence romaine et la christianisation forcée des Celtes, au détriment de la légende classique relativement intemporelle. Une orientation qui fait suite aux études historiques visant à replacer la légende arthurienne dans la chronologie de la construction de la Bretagne, et qu’on retrouve notamment dans le film « Le Roi Arthur » d’Antoine Fuqua, avec Clive Owen, ou la série française « Kaamelott » d’Alexandre Astier (les 6 saisons sont disponibles en DVD, si vous ne connaissez pas ou si vous dites du mal, je ne vous adresse plus la parole).

Entre ingéniosité et passages forcés

Malgré sa minceur, « Le Dragon et la Licorne » n’est guère d’une lecture facile, et lorsqu’on a pris ses marques après un début hasardeux sur les flux magnétiques, d’aucuns trouveront le rythme assez lent, d’autant qu’il faut régulièrement attendre la fin d’une action pour qu’on nous en explique la finalité, que bien souvent on aura devinée. Certaines scènes, du fait de notre connaissance culturelle de la légende, font très “grosses ficelles”, et on a la sensation que l’auteur force un peu les métaphores, pousse les symboles un peu trop grossièrement, colle sans trop d’ingéniosité les éléments de la légende à ceux de son récit. Par exemple, le blason du futur Uther est (forcément) un dragon, sans trop qu’on sache pourquoi, et dans le grand jeu cosmique Uther va servir le Dragon terrestre contre le Furieux, Wotan païen facilement identifiable à son œil borgne.
Mais bon, il s’agit là de demi-écueils, au final pas si mal exploités que cela, et qui présagent de bonnes choses pour la suite, même si ici encore, l’effet de surprise ne jouera pas, puisqu’on connaît déjà la fin de cette histoire...

Un petit mot sur la couverture d’Alain Brion (et Néjib Belhadj Kacem), magnifique comme à son habitude. Mais ainsi que le résumé de 4e de couverture, on regrettera qu’elle mette uniquement l’accent sur le côté fantasy, et ne laisse rien présager de la dimension “cosmique” du récit. Ce qui risque de doucher l’enthousiasme de nombreux lecteurs dès les premières pages.

En conclusion, je peux vous dire qu’il me tarde de lire et de vous parler du tome 2, « La Louve et le Démon », titre faisant vraisemblablement référence au combat qui devrait opposer Myrddin à Morgeu.
Maintenant que les bases sont posées, cette deuxième partie, un peu plus dense, devrait, je l’espère, être d’une lecture plus accessible.

Peu de coquilles à déplorer.

Texte - 540 octets
Le Dragon et la Licorne - 10 corrections

Titre : Le Dragon et la Licorne (The Dragon and the Unicorn, 1996)
Série : Arthor, tome 1
Auteur : Alfred Angelo Attanasio
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Henry-Luc Planchat
Couverture : Alain Brion (illustration), Néjib Belhadj Kacem (maquette)
Éditeur : Calmann-Lévy
Collection : Fantasy
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 216
Format (en cm) : 15,4 x 24 x 1,8
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 978-2-7021-4008-6
Prix : 17 €



Nicolas Soffray
8 avril 2010


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