Genre : drame, thriller
Format : épisode de 42’
Distribution : Adrian Pasdar (Jim Profit), Lisa Zane (Joanne Meltzer), Keith Szarabajka (Charles Henry ’Chaz’ Gracen), Jack Gwaltney (Pete Gracen), Allison Hossack (Nora Gracen), Lisa Darr (Gail Koner), Lisa Blount (Bobbi Stakowski), Sherman Augustus (Jeffrey Sykes), Scott Paulin (Jack Walters), Jennifer Hetrick (Elizabeth Gracen Walters), ...
Créée en 1996 par David Greenwalt et John McNamara, la série « Profit » est probablement aussi courte que subversive et audacieuse : lancée en avril 1996 sur la Fox, elle provoqua dès le pilote un véritable tollé auprès des spectateurs, qui prirent d’assaut le standard téléphonique de la chaîne. La raison ? Une scène sulfureuse entre Jim Profit et sa belle-mère, qui entraîna une baisse spectaculaire et instantanée de l’audience. Les trois épisodes suivants n’obtinrent pas davantage les faveurs du public, et la Fox y vit l’occasion d’annuler immédiatement la diffusion de la série.
En 1997, « Profit » débarqua en France sur Jimmy, qui diffusa l’intégralité de la série en exclusivité mondiale.
Que peut donc bien raconter « Profit » pour trimballer depuis presque quinze ans cette odeur de scandale ? Jim Profit (alias Adrian Pasdar), employé dévoué de la multinationale Gracen & Gracen, est soudainement promu au sein du conseil d’administration de l’entreprise, remplaçant un cadre décédé dans des circonstances étranges. Si chez Gracen & Gracen, la fin justifie les moyens, Jim Profit va pousser le principe à l’extrême : véritable psychopathe prêt à tout pour gravir les échelons de la boîte, il manipule, calomnie, harcèle et détruit tout ce qui se met en travers de son chemin, n’hésitant pas à fouiller dans la vie privée des employés de G & G pour mieux exploiter leurs blessures et leurs secrets.
Brillamment interprété par Adrian Pasdar (Top Gun, L’Impasse, Desperate Houswives, Heroes), le personnage de Jim Profit est un monstre d’intelligence et de perversité, enraciné dans une ambiguïté profondément dérangeante. Car il faut bien le dire, Profit fascine autant qu’il écœure, provoquant chez le spectateur une répulsion quasi-viscérale en même temps qu’une admiration péniblement avouable. Et c’est probablement toute la force de cette série, qui explose un à un les tabous les plus ancrés et l’hypocrisie d’une société gardienne de la bonne moralité : inceste, homosexualité, parricide, pédophilie, multinationales rongés jusqu’à l’os par la sacro-sainte ruée vers l’or, rien n’échappe à l’œil affuté de Greenwalt et McNamara.
Jim Profit n’est pas machiavélique. Jim Profit est le machiavélisme, véritable incarnation d’un « Prince » cynique et manipulateur, apologie vivante de la conquête et de la conservation du pouvoir par tous les moyens.
Mais si la série est une féroce critique du capitalisme enragé et du fonctionnement véreux des multinationales, elle propose également une réflexion très poussée sur la famille. En nous révélant le passé de Jim Profit, enfant maltraité et élevé dans un carton Gracen & Gracen avec la télévision pour seule compagne, les scénaristes mettent volontairement l’accent sur le profond attachement du personnage à une entreprise au départ familiale. Le meurtre de son père (révélé dès le début de la série) et les relations incroyablement malsaines avec sa belle-mère ne sont qu’une facette de cette réflexion, approfondie par le vécu de personnages secondaires tous aussi denses et complexes.
Si l’aspect purement technologique a relativement mal vieilli, on ne revient toujours pas aujourd’hui du culot de David Greenwalt et John McNamara, parvenus en un pilote et sept épisodes de 45 minutes à faire se dresser les cheveux sur la tête d’une Amérique bien-pensante, que très peu avaient jusqu’ici osé bousculer de la sorte. Une série culte au statut amplement mérité.
FICHE TECHNIQUE
Création : David Greenwalt, John McNamara
Scénario : David Greenwalt, John McNamara, John Shirley, W.K. Scott Meyer
Réalisation : David Greenwalt, Robert Iscove, Jim Charleston, Michael Engler, Scott Paulin
Producteurs : Stephen J. Cannell, David Greenwalt et John McNamara
ÉPISODES DE L’UNIQUE SAISON
Épisode 1 : Pilot - Part 1
Épisode 2 : Pilot - Part 2
Épisode 3 : The Hero
Épisode 4 : Sykes
Épisode 5 : Healing
Épisode 6 : Cupid
Épisode 7 : Chinese Box
Épisode 8 : Security
Épisode 9 : Forgiveness
