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Dracula L’Immortel
Dacre Stoker et Ian Holt
Michel Lafon, roman, traduit de l’anglais (Etats-Unis), fantastique, 512 pages, octobre 2009, 22,95€

À partir de notes de l’auteur originel, Dacre Stoker et Ian Holt nous livrent la suite de « Dracula ».
Après la mort de deux des leurs dans des circonstances très violentes, les responsables de la disparition du comte Dracula se retrouvent, persuadés du retour de leur ennemi.

C’est en réalité à un tout autre démon que ces anciens amis vont devoir faire face, desservis par un secret qui les a déchirés, et la vie qui les a séparés et aigris.



Voici vingt-cinq ans que Dracula est mort, vingt-cinq ans que Quincey Morris a disparu. Le jeune Quincey Harker, comédien dans l’âme, tente d’échapper à la poigne paternelle et au douloureux secret qui détruit ses parents.
Exilé à Paris, il rencontre un talentueux comédien roumain qui lui donne le courage d’affronter son père. Par un curieux concours de circonstance, il fait aussi la connaissance de Bram Stoker, auteur raté et directeur d’un théâtre où il tente de mettre en scène sa propre pièce, « Dracula, the Un-dead ».
En parallèle, deux membres de la courageuse équipe ayant détruit Dracula sont tués, à Paris et à Londres, avec une extrême violence. Déchirés par cette tragédie, les survivants du premier affrontement ne parviennent pas non plus à se reformer pour faire face à la menace.

Vous l’aurez compris, « Dracula L’immortel » se veut la suite du « Dracula » de Bram Stoker. Et ce roman est officiellement soutenu par la famille Stoker.
Si la théorie de départ, qui veut que Dracula n’est pas réellement mort dans les Carpates, est intéressante, le récit se perd un peu dans les aller-retours entre les “Dracula est vivant” et “Dracula est mort”.
L’arrivée sur le devant de la scène d’une comtesse, parente de Dracula, redoutable de cruauté et vraie méchante de l’histoire, permet de poser le Comte comme un gentil vampire qui ne cherche qu’à contrôler sa cousine.
Malheureusement, l’histoire tourne vite au mièvre dans le meilleur des cas, à l’absurde dans le pire.

La comtesse Bathory est folle à lier et n’a de cesse de détruire les six comparses afin de faire sortir Dracula de son repaire pour le supprimer. À cette occasion, Dacre Stoker réinterprète complètement le « Dracula » originel, pour faire de la comtesse Bathory la véritable identité de Jack l’Éventreur et de Dracula le gentil vampire venu punir l’horrible monstre.
Si on rajoute à cela que Mina Harker devient la maîtresse adultère du vampire, Van Helsing le meurtrier de Lucy, Dracula son sauveur malheureux, Bram Stoker un auteur raté, involontairement biographe de Van Helsing ; que Mina Harker se découvre des pouvoirs surnaturels, ainsi qu’à son fils (qui s’avère être, bien sûr, le fils de Dracula) et un dragon en plein Londres, on obtient un livre qui part dans tous les sens et qui donne finalement l’impression de renier « Dracula » tout en s’y raccrochant furieusement.

Comme il se doit, Mina est follement amoureuse de son Roi-Vampire depuis leur première rencontre, sentiment bien entendu partagé par un Dracula blessé de ne pas avoir été choisi il y a 25 ans et qui revient sous les traits d’un jeune premier faible et très fleur bleue (voire végétarien, même si ce n’est pas vraiment abordé dans le livre, Edward a du souci à se faire).
Le récit s’achevant sur un Quincey qui embarque sur le Titanic (pour mieux fixer le récit dans son époque selon les auteurs) ! J’espère qu’on a prévenu Leonardo Di Caprio… J’allais presque en oublier la couverture du livre, que je n’avais pas comprise au départ car elle semble tout droit sortie de « From Hell », vous comprendrez l’allusion.

« Dracula L’immortel » n’arrête pas de courir d’action en combats, en un épanchement très hollywoodien qui ressemble très peu à la création de Bram Stoker. L’explication est donnée dans la postface du roman, où l’on découvre que Dacre Stoker n’a jamais été un écrivain et que Ian Holt est surtout un scénariste américain... qui n’a jamais écrit un livre non plus !
L’intention créatrice de cette suite pouvait sembler louable… et encore, quand on sait que Dacre Stoker est uniquement motivé par la volonté de redonner à sa famille la parenté de « Dracula »…
D’accord, Hollywood (et tous les États-Unis) ne verse pas un penny de droit d’auteurs, le roman originel ayant été placé dans le domaine public dès sa sortie outre-Atlantique, mais quel amateur de vampire ou de littérature peut se dire tel, s’il ignore que le père de « Dracula » est et sera toujours Bram Stoker ?

C’est là finalement un bien piètre hommage à mon goût, et j’aurais préféré payer ce prix pour un recueil tout simplement composé des notes manuscrites de Bram Stoker que les deux apprentis écrivains ont utilisé sans vergogne.

Et puis, que voulez-vous, « Dracula » est un mythe, et je n’aime pas que l’on écorne les mythes…


Titre : Dracula l’Immortel (Dracula the Un-dead, 2009)
Auteur : Dacre Stoker et Ian Holt
Traduction : Jean-Noël Chatain
Couverture : Patrice Garcia
Editeur : Michel Lafon
Site Internet : Dracula L’Immortel, site du roman
Pages : 512 pages
Format (en cm) : 16 x 24
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 9782749911090
Prix : 22,95€



Emmanuelle Mounier
21 février 2010


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