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Flammagories : Hommage à Nicholas Lens
Collectif
Argemmios, recueil de nouvelles (France), imaginaire ardent, 241 pages, février 2010, 18€


Ce recueil a pour source d’inspiration la création musicale de Nicholas Lens, intitulée “Flamma Flamma”, et que Bruno Peeters, qui officie comme préfacier, a bien du mal à définir : au-delà de l’opéra, de l’expérience vocale. Le mieux étant de se faire une idée par soi-même, l’œuvre étant audible gratuitement sur le Net, ce qui compense l’absence d’un disque accompagnant l’ouvrage.

Initié par Olivier Gechter et Vincent Corlaix, tous deux conquis par la musique, l’exercice est sympathique : chaque nouvelliste s’empare de son morceau préféré, le plus évocateur à ses oreilles, et y plaque les mots et les images qui lui viennent. Et en dépit d’une thématique du feu, les résultats sont des plus variés. En genre, mais pas en qualité.
Chaque nouvelle reprend donc le titre latin du morceau associé. Pour les non-latinistes, ils sont heureusement traduits.

C’est Jean-Michel Calvez qui ouvre le bal, avec une évocation des épurations ethniques en Afrique, teintée de fantastique, mais où c’est la réalité qui s’avère la plus effrayante.

Xavier Dollo, plus connu sous son nom de plume de Thomas Geha, nous époustoufle avec un récit futuriste dans lequel il joue avec les mots. La musique remplace l’eau, les notes les gouttes de pluie, donnant à son texte un côté formel décalé en plus d’une histoire captivante. Le tout invite sincèrement à découvrir cet auteur, si ce n’est pas déjà fait.

Lionel Davoust mêle histoire et mystique dans un récit fait d’allers-retours autour d’un bal qui vise à convaincre la bourgeoisie locale que leur hôte demeure un acteur avec qui compter… quand bien même le maître de maison est mort et sa fille l’expose sur son fauteuil, à la vue de tous. Et dans le ballet des invités, chacun essaie de tirer son épingle du jeu tout en dissimulant ses intérêts. Le lauréat du prix Imaginales de la nouvelle signe un nouveau très bon texte, tandis qu’un recueil paraîtra bientôt chez Rivière Blanche.

Olivier Gechter invoque Dante ou Oscar Wilde dans une histoire de vengeance d’outre-tombe presque délicate et toute en finesse.
Nico Bally nous invite à un duel plus contemporain via son narrateur, tout aussi étranger que nous aux évènements dont il va être témoin, et tout aussi désemparé face à l’horreur.

Jess Kaan nous pince le cœur avec une SF d’univers parallèles, où la poétique aux ailes brisées se mêle aux violences banales du quotidien d’une famille recomposée. Beau et dur à la fois.
Vincent Corlaix n’y va pas par quatre chemins, plonge dans l’espace pour une histoire qui pourrait se dérouler en plein Moyen-âge. Le décor façon WarHammer 40K donne une touche techno à un récit d’amour brisé par la folie des hommes et le fanatisme religieux.
Jean Millemann monologue dans une anticipation qu’on espère lointaine, ramenant cette flamme qu’on appelait l’amour dans un univers où l’aseptisé côtoie les ordures.
Julien Fouret oscille entre le futuriste et le chaos, dans la lignée de Serge Brussolo, avec au moins autant de puissance créative et descriptive. Lucie Chenu a déniché là une perle rare qu’on suivra avec plaisir. Elle-même propose plus loin une nouvelle de fantasy, de cette fantasy française qui se moque des épées et des sortilèges pour voir l’homme au milieu des siens. Dans cette voie, elle est suivie par Delphine Imbert, qui produit un magnifique récit de la fin d’une civilisation, complexe et poignant.

Nathalie Dau apporte sa pierre à l’édifice avec un très beau conte tribal, presque africain (publié peu avant chez Griffe d’Encre). Lydie Métayer nous conte elle aussi une histoire de sorcières, mais il s’agit pas d’un affrontement mais d’une mort, ou d’une renaissance. Idem pour K’van, qui clôt ce recueil par un combat pour la vie, combat contre soi-même.

Difficile, variété oblige, de dégager un texte préféré. Ils sont tous bons, voire très bons, et prouvent que la nouvelle est un exercice certes périlleux mais au résultat ô combien agréable. Chaque plume ici présent parvient, rarement en plus d’une dizaine de pages, à nous accrocher, nous faire vibrer, nous émouvoir, nous faire trembler. Même dépourvus de leur musique inspiratrice, ils prennent aux tripes et nous emportent avec eux.

Conseillé les yeux fermés. D’ailleurs, c’est ce qu’il vous faudra faire à la fin de chaque histoire, pour la savourer quelques instants de plus. Et pourquoi pas avec un fond de musique…

Texte - 143 octets
Flammagories - 3 corrections

Titre : Flammagories
Sous-titre : Hommage à Nicholas Lens
Auteurs : (par ordre alphabétique) Nico Bally, Jean-Michel Calvez, Lucie Chenu, Vincent Corlaix, Nathalie Dau, Lionel Davoust, Xavier Dollo (Thomas Geha), Julien Fouret, Olivier Gechter, Delphien Imbert, Jess Kaan, K’van, Lydie Métayer, Jean Millemann
Couverture et illustration : Alain Valet
Éditeur : Argemmios Éditions
Collection :
Site internet : page roman (site éditeur), écouter Flamma flamma de Nicholas Lens
Pages : 241
Format : 14 x 20 x 1,5
Dépôt légal : février 2010
ISBN : 978-2-9530239-4-7
Prix : 18 €



Nicolas Soffray
1er mars 2010


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