Ursus, le roi perdu, et Maeg, le corbeau des batailles, deux destins tragiques qui vont croiser la même route. Ursus dont la destinée était de gouverner mais qui est devenu un paria à cause de la jalousie de son frère. Maeg, un guerrier poursuivi par les terrifiantes scatachs, surnommées les bienveillantes mais qui ne lâchent plus leur proie une fois celle-ci désignée. Quel avenir attend ces deux fugitifs ? Quel crime Maeg tente-il de fuir ? Ursus pourra-t-il sauver son peuple de la menace Cimbres ? Et Morgan, la sœur d’Ursus, amoureuse de ce Maeg qui se refuse à elle amènera-t-elle le malheur sur le guerrier ?

Jean-Pierre Pécau nous plonge, cette fois, dans une Armorique entre mythe et vérité historique. Il mélange allégrement la légende arthurienne et les légendes celtes. Certains personnages possèdent ainsi un nom illustre et leur histoire se rapproche de celle de leur célèbre homonyme : Mordred, le fils d’Arthur Pendragon qui provoquera sa chute, ici roi maudit qui a évincé son frère et tué sa mère, Morgan, sœur d’Arthur et celle qui détruira le règne du Pendragon, ici sœur d’Ursus mais empreinte de malheur. Merwin n’est autre qu’un autre nom pour Merlin, devenu ici un magicien, un barde suivant les traces de Bran Maeg. Nous aurons même l’apparition d’une incarnation de la fée Viviane et évidemment d’Excalibur. Mais Jean-Pierre Pécau ne fait pas que retraduire en BD une énième version du roi Arthur, il nous crée sa propre mythologie, en entrainant ses héros de la légendaire cité disparue d’Ys à l’île de Tombelaine au large du Mont Saint-Michel, incarnant pour un tome l’île d’Avalon.
Tel un conteur, Jean-Pierre Pécau nous emmène dans son Armorique, 280 ans avant J-C. Il ne nous donnera peu de répit, zappant entre ses deux principaux personnages, nous entrainant dans la déchéance de l’un et la montée en puissance du second à une cadence digne d’un cheval au galop. Les actions s’enchainent à travers des cases petites et des planches très fournies.
Mais si le scénario attire l’attention et nous garde scotché à chaque page, le dessin, quant à lui, est très inconstant. Igor Kordey nous montre le meilleur avec de très belles visions de la lande ou de Ker Ys, mais semble se relâcher sur les visages pour les cases de petite taille, nous laissant des graphismes indignes de son talent et surtout des visages déformés par une trop grande simplicité. D’autant plus dommage que les couleurs de Len O’Grady mettent parfaitement en valeur le crayonné du dessinateur, nous donnant d’impressionnants rendus des combats nocturnes et de la foret bretonne.
“Keltos” pourrait être une excellente série si le dessin lui rendait véritablement hommage. Mais nous ne sommes qu’au premier tome, tous les espoirs sont donc possibles.
(T1) Le Corbeau des Batailles
Série : Keltos
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Igor Kordey
Couleur : Léonard O’Grady
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de Légendes
Dépôt légal : 26 aout 2009
Format : 230x320 mm
Pagination : 55 pages couleurs
Prix public : 13,95 €
Numéro ISBN : 2-75601-775-4
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