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Lovely Bones : Peter Jackson & Saoirse Ronan
Le vidéo de la conférence de presse « Lovely Bones »
10 février 2010

Notre néo-zélandais préféré, Peter Jackson, et l’actrice Saoirse Ronan, donnaient à Paris une conférence de presse à l’occasion de la sortie de « Lovely Bones ». L’occasion de revenir plus en détail sur ce drame fantastique sorti sur nos écrans le 10 février 2010, dans la lignée de l’incroyable « Heavenly Creatures ».



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Première question pour Peter Jackson : quels sont les films qui vous ont donné envie de faire du cinéma, et qui ont nourri votre univers fantastique ?

Peter Jackson : Comme j’ai grandi en Nouvelle-Zélande, le cinéma le plus proche pour moi était situé à 30 km de là où j’habitais, et mes parents n’étaient pas de grands fans de cinéma, donc j’y allais assez rarement. Mais l’un des premiers films que j’y ai vu était « Batman » avec Adam West, tiré du show télévisé, et puis « Thunderbird », là encore la version cinéma du show télévisé. Mes influences majeures étaient donc les shows télévisés : « Thunderbird », « Chapeau melon et bottes de cuir », etc.
Et puis un jour – je crois que j’avais à peu près neuf ans -, j’ai vu l’original, le premier « King Kong » à la télé, et ça m’a marqué. Je crois que j’ai développé à partir de ce moment-là une envie de tout ce qui m’aidait à m’échapper, comme tous les enfants du monde d’ailleurs, je crois. J’avais une enfance plutôt normale et saine, mais comme tous les enfants du monde, je rêvais d’évasion.

J’ai été étonnée de voir que le serial killer de « Lovely Bones » conservait autant de traces de ses méfaits. Est-ce que c’était pour nourrir le scénario, ou est-ce que vous avez fait des recherches ?

Peter Jackson : Nous nous sommes beaucoup documentés sur les tueurs en série. Nous avons engagé un détective à la retraite, John Douglas : c’est lui qui a formé le système du « profiler » que nous connaissons aujourd’hui, qui sert à établir le profil de ces assassins, de ces tueurs en série, et à étudier la façon dont ils laissent des traces. Bien sûr, Mr Harvey est un personnage de fiction, mais nous avons emprunté beaucoup de traits à de vrais tueurs en série, par rapport à ce que John nous en a dit. Nous avons voulu amener beaucoup de réalisme dans ce personnage. Nous avons voulu montrer à quel point il était en quelque sorte ordinaire. Il est presque invisible, et c’est ça qui est intéressant. A un certain niveau, on peut vraiment le soupçonner, mais à un autre niveau, il est tellement ordinaire, tellement mêlé à la vie locale de cette banlieue, d’une apparence tellement inoffensive... Il appartient à des organisations charitables, il est même peut-être le chef des boy-scouts locaux...
Il y a toujours chez ces criminels une sorte de profil d’appartenance à une communauté. Et l’autre chose qu’on retrouve souvent, c’est qu’ils se croient supérieurs à la police de par leur intelligence. Ils jouent au jeu du chat et de la souris, et c’est d’ailleurs ce que fait Mr Harvey. Ce qui était très intéressant, c’est que John Douglas est venu nous voir en Pennsylvanie au tout début du tournage, et il y a eu une interview extraordinaire entre lui et Stanley Tucci, qui était dans le personnage de Mr Harvey. Il y a eu ce jeu extraordinaire, qui n’était pas du tout scénarisé, entre Stanley / Mr Harvey et ce formidable ex-agent du FBI, qui le questionnait sur la mort de Susie. C’était un moment extraordinaire que de voir Stanley, l’acteur, manipuler en même temps que Mr Harvey cet agent du FBI.

Brian Eno râle depuis 40 ans en disant que le cinéma d’Hollywood n’utilise pas assez ses musiques. Est-ce que c’est en réaction à cela que « Lovely Bones » utilise beaucoup d’extraits de tous ses premiers albums ? Et question bonus, est-ce bien la pochette du premier album de Black Sabbath qu’on voit à un certain moment dans le film ?

Peter Jackson : Pour répondre à la question concernant la pochette de Black Sabbath, très honnêtement je ne sais pas. Je sais qu’à un moment, il y a un visuel dans un magasin de disques, où un client regarde des choses, mais je ne fais pas très attention à cela. C’était l’époque des vinyles, et je crois que pour Saoirse c’était même la première fois qu’elle en voyait ! Au départ, je ne voulais pas une B.O traditionnelle, je pensais plus à une B.O à la Scorcese, où on met de la musique de l’époque, qui va avec l’époque. Mais en fait Fran Walsh, qui est ma partenaire et ma coscénariste, est très branchée musique – moi je n’y connais pratiquement rien – et elle a écouté énormément de son des années 70. D’ailleurs, elle avait à peu près l’âge de Saoirse dans les années 70. On a écouté à peu près 18 ou 19 chansons, parce qu’on imaginait qu’on mettait en musique certaines scènes pendant qu’on écrivait le scénario. Et puis deux morceaux ont retenu notre attention, à savoir « The Big Ship » et « Baby’s on Fire », de Brian Eno, et on a simplement demandé la permission de les utiliser.
Quand on a contacté Brian, il a commencé à poser quelques questions, et puis il a acheté le livre et il a adoré. Il est revenu vers moi et il m’a demandé si on avait trouvé un compositeur. Comme la réponse était non, il nous a dit qu’il adorerait le faire, et pour moi c’était génial, parce que le son Eno est vraiment la quintessence des années 70, et il a su grâce à cette musique recréer ce sentiment de cette époque-là. Il a fait très peu de musique de films, donc c’était une collaboration extraordinaire et riche, on a beaucoup communiqué par internet, par e-chat, lui était dans son studio, c’était vraiment formidable. Je lui ai demandé s’il voulait lire le scénario, s’il voulait voir des scènes, mais à chaque fois il me répondait non. En fait ce qu’il voulait voir, c’était des photographies des scènes, et surtout connaître l’art et les concepts sur lesquels était fondé le film, car il voulait donner une réponse émotionnelle et non pas travaillée de façon synchro par rapport à des images. Donc pour moi ça a été extraordinaire, parce que ça a donné une fluidité musicale au film que j’aime beaucoup.

Saoirse Ronan, comment avez-vous réagi quand vous avez su que vous aviez été choisie pour le film de Peter Jackson ?

Saoirse Ronan : Cette fois-ci a été une expérience très différente pour moi, parce qu’en général quand on auditionne, on a lu le scénario à l’avance, on sait ce qui va se passer, on rencontre le réalisateur et puis on dit oui ou non. Mais là pas du tout. J’avais simplement reçu deux scènes du film, et j’ai envoyé une vidéo d’audition en Nouvelle-Zélande. Très sincèrement, je ne m’attendais pas à avoir le rôle. Au mieux j’espérais peut-être être rappelée. Quand j’ai eu la nouvelle, j’étais littéralement sous le choc, parce qu’évidemment Peter a fait des films extraordinaires. Je me souviens surtout du moment où mon agent m’a dit : « Assieds-toi, et on va te le dire ». A ce moment-là, lorsque j’ai su que je serais Susie, j’étais incroyablement heureuse. Ça a été une expérience vraiment spéciale et unique que de travailler sur ce film avec Peter.

Il y a deux mondes dans votre film, le monde terrestre et le monde surnaturel. Qu’est-ce qui vous a d’abord attiré dans la lecture du roman, l’aspect réel ou l’aspect surnaturel ? Quelle partie a été la plus difficile à traiter ?

Peter Jackson : Le plus difficile a été d’imaginer et de filmer l’entre-deux-mondes. Ce n’est pas le paradis, et on le voit à la fin avec cette lumière dorée lorsque les victimes invitent Susie à les rejoindre, si elle est prête et si elle le désire. Il faut comprendre que nous sommes vraiment partis du scénario. C’est vraiment ça qui nous a guidés, et pas les idées d’images de synthèse ou autre chose. On voulait montrer un lieu qui représentait le subconscient, la psychologie de Susie, car finalement tous les entre-deux-mondes doivent être les projections de ce que nous sommes dans la vie. Ainsi par exemple, le corps de Susie n’existe plus, et ce qu’il reste dans cet entre-deux-mondes c’est sa force vitale, son énergie, même si l’environnement reste un environnement onirique. Cet entre-deux-mondes n’est pas un lieu précis, géographique, comme Paris ou Londres, c’est vraiment son subconscient. Et c’est là où a été toute la difficulté. C’est pour ça qu’il a été si important de montrer la psychologie de Susie, son optimisme, sa drôlerie, son intelligence incroyable, sa vivacité ; de montrer toute la vie qui l’attendait devant elle, pour que cette énergie se transporte en quelque sorte dans cet entre-deux-mondes. Ainsi il y a toujours une connexion : lorsqu’elle est heureuse, cet entre-deux mondes est extrêmement coloré ; lorsqu’au contraire elle est dans une période de noirceur et de dépression, tout devient noir. Et puis aussi une des choses qui étaient intéressantes pour nous à explorer dans cet entre-deux-mondes, c’est que lorsqu’elle entre dans cette fameuse maison, solitaire, il faut comprendre que cette maison représente en fait l’assassin, elle entre en réalité dans le subconscient de Mr Harvey. Il y a ainsi une fusion entre leurs deux subconscients, et donc ce qu’elle voit c’est évidemment ce que contient l’esprit de Mr Harvey. C’est un puzzle qui nous a vraiment fascinés, dans la construction et la structure du scénario, il fallait vraiment que tout cela soit soutenu par l’histoire, mais surtout par la personnalité de Susie.

Êtes-vous d’accord avec le fait que c’est l’optimisme et la personnalité de votre personnage qui sont transposés dans votre entre-deux-mondes ?

Saoirse Ronan : C’est une des choses les plus originales dans cette histoire, c’est que malgré l’horreur du crime perpétré, malgré tout ce qui se passe pour la famille de Susie, son esprit refuse de mourir, transcende tout cela et l’aide à atteindre un paradis qui lui est totalement personnel. Et je trouvais que c’était une façon formidable de visualiser ce paradis : il est plein de couleurs, d’optimisme, il y a d’ailleurs beaucoup d’objets enfantins, il est plein d’onirisme et c’est un monde intérieur qui lui ressemble.

A propos de la partie surnaturelle, a-t-il été plus facile de traiter un monde entièrement fantastique comme c’est le cas dans Le Seigneur des Anneaux, ou quelque chose qui ressemble en partie à un imaginaire général comme le paradis ?

Peter Jackson : Il y a une symbiose entre le personnage, l’histoire et cette vision du subconscient, donc je ne l’ai pas traité de façon géographique. Mais la difficulté, c’est que dans ce monde tout est métaphore, chaque chose représente autre chose. Donc c’était difficile de trouver un juste équilibre pour que le public comprenne et pour éviter de tomber dans le cliché en étant trop simpliste. J’espère que nous avons réussi, mais tout dépend de la façon dont chacun perçoit le film. Ce qui est par exemple intéressant, c’est que lorsqu’elle est assassinée, elle a rendez-vous le samedi suivant dans ce kiosque avec Ray, et donc ce kiosque va rentrer dans son au-delà, dans son entre-deux-mondes, parce qu’il va symboliser tout ce qui lui manque : la tendresse et l’amour, mais aussi la maison, la sécurité, la famille... Donc bien sûr qu’il est entièrement métaphorique, c’est un rêve non réalisé d’une rencontre amoureuse. Autre métaphore : lorsqu’elle est perdue et que nous sommes dans cette forêt, c’est bien sûr la métaphore du petit chaperon rouge, qui court partout, qui essaie de s’échapper de cette forêt et qui cherche à tout prix à fuir. Autre métaphore : le camélia qui fleurit dans la main du père, c’est évidemment le début d’une idée qui fleurit dans l’esprit, elle essaie de communiquer à son père le début d’une idée, en lui disant : « Papa, c’est lui ». C’était très amusant de jouer avec ce puzzle, avec ces indices visuels, qui aident Susie et les autres personnages de sa famille, et qui en même temps aident le public dans le film.
Et je voulais ajouter qu’avec la maison dont j’ai parlé tout à l’heure, nous sommes dans le subconscient, nous sommes dans l’imagerie du rêve, et vous savez que lorsqu’on lit des livres sur l’interprétation des rêves, la maison représente très souvent une personne. Là évidemment Susie se sent prisonnière, car elle s’est enfuie et ignore où est son corps, elle croit que Mr Harvey a encore le contrôle de son corps même après sa mort, et elle ne peut s’échapper. Et le bracelet que Mr Harvey a gardé et qu’il jette dans l’eau, il en garde une chose, c’est cette breloque, cette petite maison. Et cette maison c’est Susie. Donc cette maison représente son pouvoir de possession sur elle. Elle n’est libérée que lorsqu’enfin elle s’échappe. J’ai beaucoup aimé jouer avec cette imagerie-là.


LIEN(S) YOZONE

=> La critique du film

=> La bande-annonce du film

=> Le making of

=> Extrait : You’re a Salmon girl
=> Extrait : You’re beautiful
=> Featurette

INTERNET

Le site officiel : http://www.lovelybones.com/intl/fr/


© Paramount Pictures - Tous droits réservés



Amandine Prié
8 février 2010



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